SOMBRE PRÉSAGE

Il commençait à se demander si, pour une fois, son intuition ne s'était pas trompée lorsque, du coin de l’œil, il crut apercevoir quelque chose. Il leva sa torche et ses yeux noisettes s'éclairèrent. Là, à la limite du plafond, bien caché dans une zone d'ombre, se trouvait un autre symbole : les deux bandes blanches et rouges l'une au dessus de l'autre et, juste en dessous, une bande blanche qui faisait un coude vers la gauche.
En comptant la croix de Nathanaëlle, ils avaient deux symboles sur les quatre dessinés sur son bout de parchemin. Il réfléchit. D'après ce qu'il voyait et la situation dans laquelle ils se trouvaient, il tenta de déduire le sens des différents symboles. Le coude à gauche pour tourner à gauche, le coude à droite pour tourner à droite... ça c'était assez clair. S'il fallait aller à gauche ici, comme l'indiquait le signe qu'il venait de trouver, alors la croix, à droite, devait indiquer quelque comme "mauvaise direction". Et donc, selon toute logique, les deux bandes toutes simples devaient vouloir dire "vous êtes sur le bon chemin". Il réfléchit un instant mais ne vit pas d'autre explique plus logique que celle là.
Il se tourna alors vers ses camarades. Sa décision était prise. Après-tout, Nathanaëlle l'avait placé en tête pour qu'il prenne ce genre de décision.

- On va à gauche ! Annonça-t-il en pointant sa torche vers le couloir en question. Surveillez bien les murs : si vous voyez une bande blanche au dessus d'une rouge, on est sur la bonne voie, mais si c'est une croix blanche et rouge, c'est qu'on s'est trompé quelque part.

A vrai dire, il comptait bien sur les yeux de l'elfe et de la vampire plus que sur les siens, pour cette tâche.

- Et tâchons de rester groupés. Ajouta-t-il en se mettant en marche. Il serait dommage de perdre encore l'un des nôtre.

Donovan entendit Reyan dire qu'il fallait aller à gauche. Il se dit qu'il avait sûrement une raison, il demanda à son louveteau de disparaître et ce dernier lui obéit. Il commença à avancer à sa place, en dernière position. Mais cette décision semblait arriver bien rapidement comparé au temps qu'ils avaient passé à chercher. Il ne contredisait pas le roublard, si Nathanaëlle l'avait nommé éclaireur c'est qu'il y avait une raison. Cependant, cela faisait un temps considérable que le groupe travaillait ensemble et il n'avait pas vraiment eu l'occasion de discuter avec cet inconnu. Donovan, voulait savoir comment Reyan pensait et s'il pouvait aider. Il était venu pour aider Nathanaëlle, et l'équipe en généra. Mais il se rendait compte que pour l'instant à part vérifier qu'une porte était bien fermée et amener des biscuits, il n'avait pas forcément été très utile au groupe. Après tout, même s'il était jeune et nouveau, il avait des capacités qui pouvaient être utiles. Surtout dans un labyrinthe sombre avec un groupe de personne dont la moitié n'était pas nyctalope. Il accéléra le pas, dépassa en s'excusant les personnes devant lui pour arriver au niveau de Reyan.

- Dites, je voulais vous demander deux choses, tout d'abord comment avez vous fait pour savoir qu'il fallait aller à gauche?

Se rendant compte que cette question pouvait être une marque d'irrespect ou de manque de confiance, il finit sa phrase avec un sourire qui se voulait amical et ajouta

- Je ne veux pas remettre en doute votre raisonnement, au contraire, c'est juste que j'aimerais savoir comment vous avez faits, toute techniques ou connaissances est toujours bénéfiques d'après moi. Sinon je voulais savoir si je pouvais vous aider, augmenter la puissance de feu de votre torche ou créer une boule de feu pour avoir deux sources de lumière, une pour chaque mur pour ne pas louper de symbole au cas où? Il ponctua sa question par un sourire légèrement plus grand et se redressa doucement pour paraitre moins faible et perdu.

Nathanaëlle n'était pas mécontente du tour que prenait les événements. Reyan se révélait être un guide efficace, il prenait des décisions sensées et semblait assuré. De plus, il expliquait au reste du groupe ce qui motivait ses choix de sorte que personne ne restait dans l'ignorance. Vraiment, la semi-elfe ne regrettait pas de lui avoir confié cette responsabilité.

Quant à Donovan, il semblait s'affirmer. Certes, il restait peu sûr de lui et donnait la constante impression qu'il craignait de déranger les autres lorsqu'il leur adressait la parole. Ce qui n'était jamais le cas, parce qu'il était jeune mais sage et ce qu'il disait était bien souvent pertinent. La guerrière espérait qu'il finirait par prendre conscience de ses capacités, du fait indéniable que celles-ci leur seraient sûrement utiles et aussi bien sûr de la certitude qu'il avait sa place dans leur groupe.

- Je ne veux pas remettre en doute votre raisonnement, au contraire, c'est juste que j'aimerais savoir comment vous avez faits, toute techniques ou connaissances est toujours bénéfiques d'après moi. Sinon je voulais savoir si je pouvais vous aider, augmenter la puissance de feu de votre torche ou créer une boule de feu pour avoir deux sources de lumière, une pour chaque mur pour ne pas louper de symbole au cas où ?

L'intention était louable. En effet, si Arthémise et Nathanaëlle se contentaient largement de la lueur d'une torche, les boules de feu rendraient le cheminement plus aisé à Reyan et Donovan. Et s'ils y voyaient plus clair, ils auraient moins de chance de laisser passer un signe sur le mur.

Forte de ces réflexions, la jeune fille accéléra le pas afin de ne pas se laisser distancer par ses camarades. Comme l'avait dit Reyan, ils avaient déjà perdu un membre de leur groupe. Il vaudrait mieux éviter de perdre qui que ce soit d'autre car il n'y avait nul doute que, le moment venu, ils auraient besoin des forces de tout le monde.

Nathanaëlle jeta un regard au mage et au roublard qui cheminaient devant, avant de se tourner pour scruter les ténèbres derrière elle.

- Arthémise ? Tout va bien de ton côté ?

Le roublard s'était élancé dans le couloir de gauche, sûr de lui, torche en avant pour être sûr devoir où il mettait les pieds... et pour scruter les murs. Comme il s'y attendait, Nathanaëlle lui emboîta le pas, d'une démarche souple et rapide, comme pour s'assurer de ne pas se faire distancer. Là où il fut plus surpris c'est lorsque Donovan remonta la petite colonne, dépassant la vampire et la semi-elfe pour venir se placer derrière lui. Il ne dit rien. Après-tout, ce type était un vrai briquet humain et sa magie pouvait s'avérer de nouveau utile.

- Dites, je voulais vous demander deux choses, tout d'abord comment avez vous fait pour savoir qu'il fallait aller à gauche?

Reyan se retourna un instant pour poser son regard noisette sur le jeune mage. Dans son regard candide, il ne trouva nulle trace de jugement. Rien qu'une curiosité franche et saine. Ses lèvres s'étirèrent pour former son éternel sourire en coin. Il semblait bien que le jeune homme commençait à prendre confiance en lui. S'il continuait comme cela, il se pourrait bien qu'il évolue beaucoup et très vite au cours de leur petite aventure.

- Eh bien, nous avons quatre symboles différents, Commença-t-il sans cesser d'avancer, tous constitués du même code : une bande blanche au dessus d'une rouge. C'est notre piste. Mais ce code, aussi simple soit-il, pare à toutes les éventualités. Il se décline en quatre symboles différents : la version simple, bande blanche au dessus de la rouge, est un rappel qui indique qu'on est sur la bonne voie... Expliqua-t-il tout en cherchant le symbole en question du regard.

Ils avaient fait un petit bout de chemin dans le couloir et le rappel devait bien se trouver quelque part. Sinon... Il chassa cette idée et repris ses explications :

- A chaque intersection, le symbole change pour nous indiquer quelle voie choisir : sous les bandes blanches et rouges on trouvera alors un coude blanc à gauche ou à droite. Et, au cas où quelqu'un aurait manqué le signal "aller à gauche", le mauvais chemin est balisé d'une croix blanche et rouge, comme celle qu'a trouvé Natha tout à l'heure. C'est mon interprétation, mais je pense qu'elle est correcte. Affirma-t-il en levant un peu plus sa torche.

Donovan remarquant le sourire en coin du roublard sourit à son tour. Reyan s'entreprit alors dans une explication des symboles et le jeune mage comprit assez vite. Il marchait à côté du roublard et commença à chercher. L'éclaireur n'ayant pas répondu à sa question sur son aide, Donovan supposa qu'il n'était pas contre l'idée d'y voir plus clair. Il augmenta donc la puissance de la torche et de la boule de feu. Le couloir maintenant illuminé était moins inquiétant et Draconile gagna encore plus confiance. Il entendit Nathanaëlle appeler Arthémise mais n'entendit pas la vampire répondre, donc il se retourna et se rapprocha de Nathanaëlle tout en observant l'obscurité avec son amie.

-Tu penses qu'elle ne nous as pas suivi? demanda-t-il

A peine avait-il finit sa question que son louveteau apparu et parti en arrière, vers l'obscurité comme s'il allait chercher celle qui tardait dans les couloirs de ce labyrinthe obscure. Le louveteau disparu dans l'obscurité. Donovan supposa qu'Eldurulfur allait savoir revenir, il lui faisait confiance pour le retrouver car même s'il n'arrive pas a le retrouver, il apparaitrait à ses côtés pour le rejoindre.

Remarquant que Reyan continuait d'avancer, Donovan se tourna vers Nathanaëlle en souriant.

- On devrait avancer, si Eldurulfur la trouve il la guidera vers nous, alors que si on perd le guide touristique on risque de se perdre.

- C'est mon interprétation, mais je pense qu'elle est correcte. Affirma le roublard en levant un peu plus sa torche.

Et comme pour confirmer ses dires, le halo de lumière dévoila une bande blanche surplombant une bande rouge peintes sur le mur, à hauteur d'épaule cette fois. Il semblait en effet qu'ils étaient sur la bonne voie.
Comme auparavant, le couloir qu'ils suivaient était opaque et sans la lumière de la torche de Reyan et de la boule de feu de Donovan, nul doute que les deux humains auraient eu bien du mal à avancer. Comme auparavant, le couloir était sinueux, montant, descendant, tournant tantôt à gauche, tantôt à droite...
Jusqu'à arriver à une nouvelle intersection.
Cette fois, il s'agissait d'un vrai carrefour : 3 couloirs rayonnaient d'une petite place ronde, 4 en comptant celui d'où ils venaient. Et entre chaque couloir sombre, se trouvait une porte de bois clair au milieu de laquelle semblait cloué une petite plaque de cuivre.
Toutes les portes étaient semblables, fermées mais sans cadenas ou verrou apparent. Tous les couloirs étaient semblables, sombres et s'enfonçant dans les ténèbres. A première vue, rien ne les distinguait et rien ne semblait indiquer le chemin à suivre.

-Tu penses qu'elle ne nous as pas suivis ?

Nathanaëlle ne répondit rien, se contentant de scruter les tenèbres du couloir. Arthémise avait une bonne ouïe, aussi tant qu'elle resterait à portée de voix elle pourrait sans doute les retrouver. Il fallait seulement espérer qu'il ne soit pas déjà trop tard ... avec tous les détours qu'ils avaient fait, tous les virages et autres changements de direction, n'importe qui aurait pu se perdre. Or il y avait un moment déjà que la jeune vampire ne s'était pas manifestée ...

- On devrait avancer, si Eldurulfur la trouve il la guidera vers nous, alors que si on perd le guide touristique on risque de se perdre.

La raisonnement était cohérent, malheureusement il ne convainquit pas la semi-elfe. Certes, ils devaient suivre Reyan sous peine de se perdre eux aussi, ce qui n'arrangerait personne. Mais la partie qui la faisait douter était celle concernant le louveteau. Il n'obéissait qu'à un ordre de son maître sur deux, à peine, et la guerrière doutait fortement qu'il puisse être capable de retrouver Arthémise et de la guider jusqu'à eux. Par égard pour son ami, elle s'abstint cependant de le lui dire et se contenta de hocher la tête pour lui signifier son accord.

Tous deux avancèrent donc jusqu'à déboucher, juste après Reyan, sur un carrefour d'où semblaient partir trois chemins et trois portes de bois interdisant aux aventuriers de voir ce qu'elles cachaient.

Nathanaëlle s'en approcha et les examina sommairement l'une après l'autre, sans rien distinguer qui ressemble de près ou de loin à un signe, une marque ou un panneau indiquant qu'une porte pourrait leur être utile. D'ailleurs, rien ne disait qu'une seule porte puisse l'être. Peut-être deux de ces portes, ou même toutes, cacahaient-elles des trésors qui leur seraient utiles pour leur quête ? Une carte détaillée des lieux ne serait pas un luxe ...

La semi-elfe s'approcha de Reyan et lui demanda de jeter un œil au plan griffonné par le vieux Barjow.

- ... N'a-t-il pas laissé un indice ? Une note, un signe indiquant ce que cachent les portes qui nous dirait si cela vaut le coup de les ouvrir ? Parce que, honnêtement, je ne pense pas qu'il faille les négliger.

Elle fit signe à Donovan d'approcher, et s'adressa cette fois à l'ensemble du groupe :

- ... Nous ne pouvons pas nous permettre d'ouvrir ces portes à la légère. Le vieux nous a dit qu'il y avait des pièges et des dangers, or c'est l'endroit idéal pour surprendre des aventuriers un peu trop téméraires ... Mais d'un autre côté, ces portes ouvrent forcément sur quelque chose. Quelque chose qui pourrait sûrement nous être utile.

Elle marqua une pause le temps d'organiser ses pensées, puis reprit lentement :

- Quant aux chemins, sans doute pouvons-nous raisonnablement supposer qu'un signe nous indiquera lequel emprunter, comme cela a été le cas jusqu'à présent. Ce sont les portes qui m'intriguent. Reyan, tu penses être en mesure de les déverrouiller si besoin ?

Ce n'était qu'une question, pas une invitation. Il faudrait d'abord décider quelle porte ouvrir, si tant est qu'ils décident d'en ouvrir une, et il faudrait ensuite faire preuve de beaucoup de prudence et de délicatesse. Deux qualités dont le roublard, vu sa profession, ne devait pas être dénué ... [/color]

Pas besoin de demander. A peine arrivé au carrefour, le roublard avait sortit de sa poche le morceau de parchemin du vieux fou. Mais un simple coup d’œil lui avait suffit pour se rendre compte que le "plan" en question ne leur serait pas d'une grande aide. A part le contour mal défini de la Bibliothèque et la croix au milieu, aucun mur, aucune porte, aucune pièce n'était dessiné. Les seuls indices présents sur le parchemins étaient les étranges codes dont celui aux deux bandes blanches et rouges.
Avec une moue désabusée, il replia le fameux plan et alla à son tour inspecter les portes. Il choisit la plus proche, à sa gauche et s'approcha doucement. Mains croisées sous sa cape, sourcils froncés, il l'observa sous toutes ses coutures, cherchant du regard le moindre indice, le moindre élément qui fasse vibrer son instinct. Et pour l'instant son instinct lui dictait la prudence et la circonspection.

- ...Nous ne pouvons pas nous permettre d'ouvrir ces portes à la légère. Le vieux nous a dit qu'il y avait des pièges et des dangers, or c'est l'endroit idéal pour surprendre des aventuriers un peu trop téméraires ... Mais d'un autre côté, ces portes ouvrent forcément sur quelque chose. Quelque chose qui pourrait sûrement nous être utile.

- Je suis d'accord avec toi. A première vue, je dirais qu'un de ces couloirs doit être le bon. Mais lequel... Il se frotta le menton en se mordant la lèvre inférieure. Quant à ces portes... vu la configuration des lieux, elles doivent mener à des salles situées entre les couloirs et comme le dit l'elfe... Il se pourrait qu'elles contiennent des trucs intéressants... Mais...

En fait, bien qu'il ait commencé par adresser la parole au reste du groupe, il avait fini par se parler à lui-même, plongé dans son examen de la porte. Son regard se posa sur l'étrange plaque de cuivre qui l'ornait au milieu. Elle lui paraissait étrange.

- Il devrait y avoir quelque chose de gravé là dessus... Souffla-t-il à mi-voix. Vous devriez inspecter les couloirs, Dit-il aux autres, sans décoller son regard de la plaque en question, mais ne vous éloignez pas trop, restez en vue de ma torche et cherchez le signal. Moi, je me demande si quelque chose arrivera si...

Il ne termina pas sa phrase mais les doigts de sa main droite s'agitèrent de manière significative tandis que lentement, très lentement, il les approchait de la porte. Les mouvements s’arrêtèrent et son index se posa alors sur la plaque de cuivre.

Le petit groupe d'aventuriers semblait avoir délaissé l'insouciance et les coups de têtes pour avancer avec circonspection et prudence. Peut-être étais-ce là l'influence du calme et de la noirceur qui régnait en ces lieux, ou bien l'idée qu'ils risquaient de perdre un autre membre de l'équipe s'ils se laissaient aller. Toujours est-il que le roublard, fidèle au poste que lui avait confié Nathanaëlle, semblait avoir pris en main l'examen des lieux. Et c'est avec lenteur et calme qu'il approcha son index de la plaque de cuivre ornant la porte de gauche.

Au moment précis où le doigt de l'humain toucha la surface froide, celle-ci se mit à luire. D'abord faiblement puis plus fort. Jusqu'à briller toute entière pendant quelques secondes. Lorsque la clarté diminua, il y avait une inscription brillante sur la porte, écrite en caractères anciens, ressemblant à des runes grossières. Les lettres luisaient dans l'obscurité du carrefour, laissant voir, dans cette faible lueur, le contour sombre de la plaque de cuivre sur laquelle elles se trouvaient.

C'est avec un sourire grandissant et un regard de petit garçon que Reyan observa les effets magiques d'un simple toucher. C'était fou ce qu'un simple index posé sur une plaque de cuivre pouvait révéler tout à coup. Une lueur, une lumière, des symboles, des mots... ce n'était pas la première fois que le Roublard déclenchait un sortilège par le toucher. Pas la première fois non plus qu'il voyait un message se dévoiler sous ses yeux. À vrai dire, il avait même l'habitude des révélations, des sortilèges, des choses qui se déclenchent, se dévoilent, apparaissent ou se déclenchent parce qu'ils l'avaient cherché ou provoqué.
Mais à chaque fois, c'était le même émerveillement, la même découverte et le même plaisir. Chaque révélation, chaque sortilège caché provoquait en lui le même sentiment d'excitation, d'exaltation et il se retrouvait comme un enfant au matin de Noël ou un mage réussissant à jeter son premier sortilège.

Il se passa la langue sur les lèvres, jubilant intérieurement et inspira trois fois pour calmer son excitation. Puis il leva les yeux vers l'étrange message qui ornait maintenant la plaque de cuivre de la porte de gauche et observa les symboles. Il s'agissait de sortes de dessins simples alignés pour former des mots. Cela pouvait-être un alphabet runique ou une langue antique ou même un code. Il tenta dans sa tête les premières combinaisons qui lui venaient à l'esprit mais rien ne semblait concluant et s'il optait pour la langue runique, là, il se trouvait forcé d'avouer son ignorance en la matière.
La frustration pris la place de l'exaltation et il se mordit la joue. Il ne pouvait pas abandonner comme ça. Pas après avoir pris les choses en main. Pas après avoir dit qu'il s'occuperait des portes. Il devait trouver quelque chose. Le jeune homme s'accrocha donc à son idée de code et conclut qu'il lui manquait de matériaux de travail. Les quelques mots qu'il avait sous le nez n'étaient pas suffisants pour déterminer un schéma dans le code ou trouver des équivalences.

Il tourna sur lui même et son regard tomba sur la porte suivante puis se dirigea vers la troisième et enfin la quatrième. Et si... ? Il se mordit la lèvre à nouveau dans un court moment d'hésitation face à l'audace de l'idée qui venait de lui traverser la tête. L'hésitation ne dura cependant pas très longtemps et, cédant à son impulsion, il se dirigea d'un pas vif vers la porte suivante, posa la main sur la plaque de cuivre et passa à la suivante sans même attendre le résultat.
Après avoir fait le tour des trois portes il se plaça au centre du carrefour et attendit le résultat.

Donovan ne savait pas trop comment aider, il voulait le faire mais avait peur de faire quelque chose qui ne pouvait pas aider et était certains que Reyan et Nathanaëlle étaient plus débrouillards que lui. Il restait à côté de Nathanaëlle et regardait le roublard s'occuper des portes comme il l'avait dit. Le jeune mage ne savait réellement pas ce qu'il se passait, ce qu'il pouvait faire pour aider. Il s'éloigna un peu pour aller dans un coin de la salle, il voulait un peu de moment seul.

Il ne savait pas ce qui lui avait pris d'avoir accepté de venir. Oui, il voulait aider mais il était aussi utile que qu'un cailloux. Il n'avait rien fait d'exceptionnel, ne savait pas gérer son louveteau,. Effectivement, il savait bien utiliser sa magie de feu, mais à part servir de torche il n'était pas des plus utiles. Il était déçu de ne pas pouvoir aider son amie. Il avait posé une question à Reyan et il avait très bien compris que ce n'était pas sa spécialité. Il se sentait de trop, il était clairement un poids pour cette équipe faite de membres qui se connaissaient et qui était compétents. Il restait là, contre le mur à regarder Reyan essayer de comprendre le fonctionnement.

Puis le roublard s'agita, il semblait avoir trouvé quelque chose. Donc le jeune mage s'approcha mais restait en retrait.

Lorsque l'horrible claquement retentit, la porte brisa le cœur d'Arthémise en même temps qu'elle la séparait d'Anarion. Son cri muet resta aussi inaudible que sa détresse. Son œil brilla d'un éclat de sang. Pouvait-elle défoncer la porte, libérer son ami ?
Sa raison reprit le dessus et elle se concentra. Il fallait être logique et rationnel. Derrière cette porte Anarion serait en sécurité, loin de ce qu'ils s'apprêtaient à découvrir, loin des dangers qu'ils auraient à affronter. Peut-être était-ce mieux comme ça.
Arthémise inspira profondément. Rien ne lui plaisait dans cette situation. Ni l'espèce de hiérarchie implicite qui se mettait en place, -Nathanaëlle en tête, Reyan la suivant de près, Donovan presque rejeté-, ni la disparition d'Anarion qui lui semblait plus inquiétante qu'il n'y paraissait. Car si personne ne réagissait à son départ, n'était-ce pas un manque de solidarité crucial dans leur équipe ? Sauraient-ils se protéger, se soutenir, pourraient-ils compter les uns sur les autres s'il le fallait ? Dans son regard brilla une étincelle à l'éclat trouble. Elle commençait à en douter. Elle n'aimait pas non plus la méfiance sous-jacente qu'elle commençait à ressentir en filigrane... À moins que sa méfiance ne lui joue encore des tours.
Refusant de laisser ses émotions se dévoiler, elle décida d'ignorer ses doutes. Quoi qu'il arrive, elle n'avait pas peur. Rien ne pouvait l'effrayer, si ce n'était elle-même. Son ami était en sécurité, et elle ne craignait pas ce qui les attendait. Elle s'avança, un éclat de feu dans ses iris de sens. Le vampire en elle reprenait ses droits, elle connaissait sa force, sa vitesse, elle ne se laisserait pas faire et protègerait sa cité.
Elle effleura la douce fourrure du loup en passant, autant pour apaiser celui-ci que son ami, qu'elle sentait dérouté. Elle eut un sourire réconfortant pour Donovan et s'avança, observant avec Reyan ce qui allait se passer, muette, pensive.

Le roublard sembla quelque peu déçu de ne pas pouvoir déchiffrer l'étrange écriture dont les caractères runiques s'affichaient maintenant sur la porte de gauche mais ainsi va la vie. Le jeune homme avait beau maîtriser la langue commune au point de passer maître en jeux de mots, énigmes et devinettes ; il avait beau connaître l'elfique également, rien, dans son parcours, son éducation ou ses connaissances n'aurait pu l'aider à déchiffrer les trois mots de khuzdul qu'il avait avait fait apparaître sur la première porte. Et comme aucun des quatre aventuriers ne semblait avoir de compétences en langue des nains, le mystère semblait rester complet.

Cependant, fidèle à lui-même, le roublard de s'avoua pas battu et, faisant preuve d'une imprudence et d'une témérité quelque peu étonnante, il alla toucher les plaques de cuivre des trois portes restantes.

Les résultats ne se firent pas attendre.
Bientôt chacune des portes brillaient de cette même lueur étrange tandis que des caractères se dévoilaient sur chacune d'elle au fur et à mesure que la lumière décroissait. Lorsque le processus s'arrêta, la petite équipe se trouvait donc face à quatre portes ornées de plaques de cuivre au contour brillant sur lesquelles luisaient quelques mots écrits dans des langues différentes.
La seconde était gravée de trois mots en lettres fines tracées dans une écriture déliée et élégante, toute en courbe, arabesques, points et traits. L'élégance, la beauté et la poésie qui s'en dégageait rappellerait immédiatement à tous les connaisseurs, la langue elfique. La troisième porte, en face, sur la droite, portait elle, dans une calligraphie rappelant celle des moines copistes, trois mots clairement lisibles par tous : Porte des Hommes. Quant à la dernière, elle portait des caractères grossiers, tout en pointes et en aspérités, comme gravés au couteau à même le cuivre de la plaque et ces caractères semblaient briller d'une lueur plus maléfique.

Reyan pivota sur lui-même au fur et à mesure que la magie faisait son oeuvre, dévoilant les différentes inscriptions. Et à chaque nouveau caractère, le sourire du roublard s'élargissait. Quand l'écriture de la troisième porte apparut, son cœur fit carrément un bond. Voilà qui l'éclairait grandement. Il commençait à comprendre ! Il refit un tour sur lui-même, faisant face à la troisième porte.

- La porte des Hommes... Répéta-t-il à voix haute. La porte des ELfes... Ajouta-t-il en se tournant vers la deuxième porte.

Puis il revint vers la première, celle dont l'écriture lui était inconnue. Cette fois, des tas d'idées lui traversaient la tête. Pleins de conjectures lui venaient à l'esprit. Des runes... une idée s'imposait devant toutes les autres.

- La porte des nains ? Hasarda-t-il avant de se tourner vers la dernière porte, celle de droite.

Là, c'était plus nébuleux. La langue lui était inconnue et même s'il supposait que les caractères commençaient par "la porte de..." il ne parvenait pas à imaginer de quel peuple il pouvait s'agir. Il frissonna. Sans qu'il sache pourquoi, ces mots aussi anodins semblaient-ils être, lui donnaient froid dans le dos. La porte des démons ? ou bien... son regard se posa une seconde sur Arthémise. La porte des vampires ? Il repassa à tous les gens qu'il avait déjà croisé à Sinastra. La porte des Lycans ou des Dhampires pouvait tout aussi bien coller. Il décida de laisser cela de côté pour le moment et se tourna vers les trois autres portes.

Une porte pour les humains. Ça tombait bien, ils étaient deux humains.
Une porte pour les elfes. Zut... L'absence d'Anarion se faisait déjà sentir. Mais... Son regard glissa sur Nathanaëlle. Une semi-elfe feraient sûrement l'affaire.
Une porte (sûrement) pour les nains. Là, le manque de diversité de leur équipe le frappa. Mais il n'était pas défaitiste. Tant pis,on verrait plus tard. Peut-être y aurait-il moyen de tricher... Une lueur espiègle s'alluma dans son oeil.

Il se tourna vers ses compagnons et héla Donovan et Nathanaëlle.

- Hé Donovan, Natha, avez-vous trouvé la marque rouge et blanche dans un des tunnels ? Leur demanda-t-il. De mon côté, j'ai trouvé quelque chose d'intéressant et je vais avoir besoin de vous. Annonça-t-il avec son sourire en coin.

Alors que les portes s'illuminaient sous les mains de Reyan, Arthémise observa les différents caractères se graver sur chacune d'entre elle.
Son attention fut soudain attirée par la porte dont Reyan s'était détourné, sans la nommer. Elle l'observa, pensive. La vampire n'avait pas raté le coup d'œil qu'il lui avait jeté face à la porte. Avait-elle un rôle à jouer ?

Elle observa l'écriture, agressive et sombre, qui la tailladait comme autant de coups de poignards. Les mots qu'elle ne pouvaient pas lire exhalaient pourtant une violence froide qui l'intriguait et, étrangement, la fascinait. Elle s'approcha machinalement. Il exalait de ces quelques signes une aura maléfique, cruelle.
La rouquine jeta un regard autour d'elle. La porte des hommes, la porte des elfes, la porte des nains... À qui correspondait la dernière ? Pourrait-elle l'ouvrir ? L'attirance qu'elle ressentait ne pouvait pas être une coincidence.

Hésitante, elle leva une main, et, sans oser saisir la poignée et essayer d'ouvrir, se contenta de la poser contre la paroi sombre, sous les caractères inconnus, plus prudente cette fois-ci, attentive au moindre bruit, au moindre mouvement. Qu'allait-il se passer ? Son geste était-il parfaitement inutile ou pouvait-elle jouer de sa race pour accéder à ce qui se trouvait derrière cette porte ?

Nathanaëlle s'était éloignée pour examiner le mur d'un des couloirs. Cependant, elle avait rapidement été interrompue : Reyan jouait avec le feu en posant la main sur les portes ... C'était extrêmement imprudent, mais pas forcément inutile. Il fallait bien faire quelque chose, de toute manière ; fixer les portes ne leur dirait pas ce qui se trouvait derrière.

La semi-elfe avait observé les lieux, s'attendant presque à voir apparaître des pieux empoisonnés ou des sortilèges de mort. Rien de tout ça ne parut se produire, heureusement, et la guerrière voulut reprendre son observation des lieux. Mais avant, elle jeta un discret regard sur chacun de ses camarades. Reyan s'amusait toujours avec les portes ; Arthémise, derrière lui, semblait observer ce qu'il se passait et Donovan, près de la vampire, donnait l'impression de vouloir se faire le plus petit possible. Tout ce petit monde était peu productif. En fait, seule Nathanaëlle et le roublard s'attelaient à suivre le plan. Cela ne dérangeait pas tellement la semi-elfe ; en revanche, elle n'appréciait que moyennement la proximité physique entre le voleur, le mage et Arthémise. Si le premier déclenchait un piège ou un quelconque système défensif, les deux autres seraient situés bien trop près pour pouvoir espérer l'éviter.

Reyan continua son manège, touchant les portes puis s'éloignant, et rien de fâcheux ne se produisit. Quelque chose, pourtant, avait dû arriver car une étrange clarté illumina la pièce. La guerrière s'apprêtait à interroger ses amis lorsque Reyan la devança :

- Hé Donovan, Natha, avez-vous trouvé la marque rouge et blanche dans un des tunnels ? De mon côté, j'ai trouvé quelque chose d'intéressant et je vais avoir besoin de vous.

La jeune elfe s'approcha, et aperçut les inscriptions qui ornaient les portes. Elle y jeta un coup d’œil rapide et s'en désintéressa, reportant son attention sur le roublard.

- Je n'ai rien trouvé de mon côté, mais je dois admettre que je n'ai pas tellement eu le temps de chercher. Aussi, je ne peux exclure que la marque se trouve dans le tunnel que je viens d'inspecter.

Arthémise s'approcha à ce moment, dirigeant ses pas vers la quatrième porte. Elle y posa sa main, espérant sûrement obtenir un autre résultat que celui du voleur avant elle.

Nathanaëlle s'approcha à son tour, prudemment toutefois, et lut tout à tour les inscriptions sur les quatre portes. Si la première ne lui évoquait rien (elle ignorait même quelle était la langue utilisée), les trois autres en revanche étaient compréhensible. La porte des Hommes et celles des Elfes étaient côte à côte, et celle devant laquelle se trouvait Arthémise ... la semi-elfe sentit un frisson lui parcourir l'échine. Voilà des symboles qu'elle n'avait pas vus depuis longtemps, et qu'elle avait d'ailleurs espéré ne jamais revoir.
Elle attrapa son amie par le bras et la força à reculer de quelques pas. Elle réfléchissait à toute allure, tentant de donner un sens à tout cela. Elle se demanda si Arthémise, elle aussi, avait pu déchiffrer les quelques mots sur la porte. L'avait-elle touchée en connaissance de cause ? Avait-elle simplement voulu tenter sa chance ? La guerrière l'ignorait. Ce qu'elle savait, en revanche, c'est que cela ne lui inspirait rien de bon. La porte des Hommes et celle des Elfes, ainsi que la troisième, quelle qu'elle soit, dégageaient une aura des plus inoffensives, ou tu du moins normales. La dernière, en revanche ...

La main toujours posée sur le bras de son amie, elle justifia son geste d'une simple phrase :

- ... C'est la porte des Démons.

-Je suis désolé, j'ai pas regardé dans d'autres endroits j'étais.... perdu dans mes pensées.

Il ne se sentait pas très malin, il aurait pu aider mais n'avait rien fait d'autre que de se plaindre. Il approcha de tous mais s'arrêta quand il entendit le nom de la dernière porte. Quelque chose dont le nom finissait par "des démons" ne présageait rien de bon. Il se demandait s'ils allaient devoir passer par ses portes. Il appréhendait donc la porte des démons et les portes des nains et ce elfes. Ne faisant partie d'aucun de ses groupes, il avait peur de se faire rejeter par la porte ou pire, d'y perdre la vie. Il regardait autour de lui et décida d'aller dans le couloir face à lui au cas où il trouverait quoique ce soit d'utile. A peine il avait fait quelques pas qu'il senti quelque chose à ses pieds. Il regarda donc à ses pieds pour retrouver sa boule de poils préférée. Le louveteau était réapparu, il semblait content d'avoir retrouvé le jeune mage.

Donovan se pencha pour le caresser avant de créer une boule de feu et d'avancer dans le couloir a la recherche du moindre indice, un signe, une écriture, une porte. Mais il était réaliste, il n'avait pas été des plus utile ce n'est pas maintenant qu'il s'était éloigné qu'il allait trouver quelque chose. Il intensifia la lueur de la boule de feu pour pouvoir y voir plus clair et continua ses recherches.

L'aventure avait bien commencé. Du moins... au début. Une troupe de cinq membres, différentes races, différentes personnalités et compétences, un vieux sage complètement cinglé, des portes à ouvrir... oui, tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette quête une aventure épique dont on revenait soudés, grandis et les poches pleines. Ou au moins l'un des trois.
Mais les désillusions ne s'étaient pas faites attendre longtemps. D'abord Anarion s'était laissé distancé et la porte s'était refermée derrière le groupe de tête, abandonnant l'elfe Telerin a un sort incertain. Ensuite, Donovan et Arthémise s'étaient contentés de rester en retrait, les laissant, Natha et lui, prendre les décisions. Cela ne gênait pas vraiment le roublard car il était habitué à prendre les décisions, tracer son chemin, au gré de ses intuitions, suivant son instinct et sa logique. Mais cela marchait quand il était seul. Là, ils étaient tout de même quatre. Et prendre des décisions pour quatre était différent. Il n'était pas chef d'équipe et n'aimait pas ce rôle qu'il préférait laisser à la jeune demi-elfe. Lui, il était l'éclaireur, le rusé, l'électron-libre.

Il soupira, observant les trois autres membres du groupe depuis le milieu du carrefour où il s'était posté. Il attendait que Nathanaëlle reprenne les choses en main. Il attendait que Donovan cesse de se rabaisser et se rende utile. Il attendait que la vampire fasse quelque chose. N'importe quoi, mais quelque chose. Et si personne ne faisait rien... alors il la jouerait à sa façon, comme il l'avait toujours fait jusqu'ici : en solo.

Mais Arthémise réagit et s'approcha de la porte de droite, celle aux écritures étranges et, comme si elle espérait que la porte réagirait différemment, posa également sa main sur la plaque de cuivre. Avant même qu'une quelconque réaction magique ne se fasse, Nathanaëlle avait rejoint la vampire et avait saisi son bras sous l'oeil intéressé du roublard.

- ... C'est la porte des Démons.Lâcha-t-elle alors pour expliquer son geste.

Reyan ne put s'empêcher de frissonner. Voilà qui expliquait sa mauvaise impression au sujet de cette porte, son aura maléfique. Donovan aussi sembla réagir à cette déclaration et le louveteau magique réapparut, comme pour rassurer son maître. Mais cette fois, le jeune humain ne se contenta pas d'attendre là. Avouant son inaction en réponse à la question du roublard, il se dirigea vers le tunnel du milieu, en face de celui par lequel ils étaient arrivés et, armé d'une boule de feu de sa composition, se mit à l'examiner.

Finalement satisfait de la tournure que prenait les chose, le jeune homme se tourna vers la porte de droite. Pas celle des Démons, mais celle des humains. Ses doigts le démangeaient et son imagination débordait d'idées sur ce qu'il pourrait trouver derrière cette porte. Il ignorait si les noms des portes signifiaient que seuls les gens de ces races pouvaient les emprunter mais il valait mieux ne pas tenter le diable et commencer prudemment. Il se dirigea donc vers la porte des Humains et, posant la main gauche sur la poignée, la droite serrée sur sa dague sous sa cape, il l'abaissa.

Ils en étaient donc là, dans cet étrange carrefour rond. Face à eux trois couloirs pour continuer leur route : un à gauche (1), qu'avait exploré très brièvement Nathanaëlle ; un en face (2) où venait de s'enfoncer Donovan et un à droite (3), pour l'instant délaissé par les aventuriers. Et entre chaque couloirs, une salle différente, fermée à chaque fois par ces étranges portes ornées de plaques de cuivre magiques. La première sur la gauche, entre leur arrivée et le couloir 1 disait, en Khuzdul, "Porte des Nains". La seconde, entre les couloirs 1 et 2 s'intitulais "Porte des Elfes", écrit en elfique. La troisième, entre les couloirs 2 et 3, bien lisible de tous car écrite en langue commune, portait l'inscription "Porte des Hommes". La dernière, située tout à droite, entre le couloir 3 et leur point de départ donnait froid dans le dos avec ses étranges caractères. Et ils faisaient bien de s'en méfier, car, comme Nathanaëlle l'avait dit, il s'agissait de la "Porte des Démons".

Arthémise, sans doutes intriguée par cette dernière, s'en approcha et, avant même que la guerrière elfe ne la retienne par le bras, posa la paume de sa main sur la plaque de cuivre, en plein sur l'inscription maléfique. Le geste aurait pu prêter à conséquences. On ne pose pas impunément la main sur une inscription en langue noire.
Mais -ou plutôt heureusement pour la jeune femme- Reyan avait fait le travail avant elle et déclenché le seul sortilège présent sur les portes. Aussi, la vampire ne ressentit rien de particulier si ce n'est que le froid classique d'une plaque de cuivre.

De son côté Donovan s'était enfoncé dans le couloir d'en face -que l'on appellera couloir n°2 pour plus de facilité- éclairé par sa seule boule de feu magique et accompagné de son louveteau. Armé de son courage et de sa détermination à se rendre utile pour le groupe, il examina les murs du couloirs sans rien trouver jusqu'à ce que la lueur tremblotante de sa boule de feu dévoile, à quelques millimètres du sol, un petit symbole rouge et blanc. Lorsque le jeune homme s'en approcherait, il découvrirait, hélas, que la bande blanche croisait la rouge en une croix oblique.

Enfin, le plus téméraire du groupe -mais aussi le plus inconscient- posant la main sur la poignée de la porte des Hommes ouvrit la troisième porte. Le battant pivota sur ses gonds dans un long et sinistre grincement, dévoilant, à la lueur de la torche que tenait le jeune homme, une pièce carrée dans les coins de laquelle se trouvait un mobilier trop éloigner pour qu'il puisse voir, de là où il était, de quoi il s'agissait. La chose la plus importante -mais peut-être ne l'avait-il pas remarquée- se trouvait à ses pieds. Il s'agissait d'une étrange ligne de lumière, légèrement bleutée, comme la lueur qui faisait briller les lettres sur la porte. Et cette ligne allait d'un bord à l'autre de la porte, au ras du sol, de sorte que toute personne voulant entrer se trouvait forcée de l'enjamber ou de la traverser.

Après avoir examiné de fond en comble le couloir central, Donovan remarqua une croix bicolore. Déçu de n'avoir rien trouvé il retourna au carrefour où tout le monde se trouvait. Il marchait doucement avec son louveteau à côté de lui. Il arriva au moment où le roublard tournait la porte des Hommes. Il observa la scène avant d'annoncer la mauvaise nouvelle. Reyan tourna la poignée et poussa la porte, le jeune mage remarqua une ligne lumineuse au sol. Ne sachant pas si c'était une bonne nouvelle ou non, Donovan décida de parler avant que le roublard n'avance et ne sois probablement perdu à jamais.

- Je viens de regarder le couloir central, malheureusement il y avait une croix bicolore au fond, vous pensez qu'il faut vérifier le dernier couloir ou la porte nous suffit?

Demanda-t-il en alternant le regard entre Reyan et Nathanaëlle.

En attendant, il se pencha pour caresser le louveteau et le remercier d'être calme malgré les nouvelles épreuves qu'ils traversent. Donovan se releva doucement, jeta un oeil à Nathanaëlle pour essayer de sonder son état d'esprit. Il avait entièrement confiance en son amie et savait que si elle était confiante, il n'aurait pas à s'inquiéter, mais elle était trop loin pour avoir la moindre idée de ce qu'elle pensait donc il se rapprocha d'elle et demanda aux deux filles comment elles allaient.