Que font les gens honnêtes dans les Bas-Quartiers ?

Galdryss se promenait innocemment (si si, ça lui arrive parfois) dans les bas-quartiers. Le soleil était haut dans le ciel (quelle ironie, dans ce quartier précis ! Haut dans le bas quartier !) et le narrateur abusait des parenthèses, comme à son habitude (même pas vrai d'abord !!).
Soudain, un homme sortit en courant d'une ruelle adjacente, aussitôt suivi par une femme d'une quarantaine d'années, laquelle tenait une casserole à la main et vociférait d'un ton énervé.

- Arrêtez-le, il a volé mon pain ! Mon bon pain tout frais !

La foule s’écarta en murmurant et Galdryss faillit en faire de même, avant de se souvenir que, d'habitude, c'était lui qui fuyait dans ce genre de situation. Ce qui voulait surtout dire que le petit gars qui courait (plutôt vite, d'ailleurs), était en train de lui piquer son business. Autant dire que le rouquin n'aimait un peu pas beaucoup ça ...
Quoique. Dans ce genre de situation, deux choix s'offraient à lui. Premièrement, faire un croche-pied au voleur et laisser la matrone le chopper et lui faire regretter de s'être aventuré à voler. Deuxièmement, aider le cleptomane à se faire la malle, moyennant évidemment sa reconnaissance éternelle et son aide occasionnelle, pour de la collecte d'informations par exemple. Oui, ça semblait plutôt pas mal. Avoir quelqu'un pour faire la partie la plus casse-pied du boulot à sa place, c'était une idée qui enchantait Galdryss. Il s'avança pour aider l'homme, mais se ravisa au dernier moment. Il avait oublié une chose très importante : il était flemmard. Très, très, fainéant. Et pour aider ce bonhomme, il fallait faire des efforts, courir, sauter, se battre, discutailler, ... ça promettait d'êter long et fatiguant.
Bref, tout ça pour dire que le rouquin ne fit rien. Mais alors, me direz-vous, quel était l'intérêt de raconter cette histoire, puisqu'au final notre protagoniste n'a fait que passer son chemin ? C'est bien simple, il n'y en avait aucun. Mais bon, je suis narrateur, mon boulot c'est de narrer alors laissez-moi m'éclater et puis c'est tout. Est-ce que je vous demande des comptes, moi ? Non. Bon, alors !
Avec tout ça, je ne sais plus où j'en étais ... tant pis. Puisque c'est comme ça, je reprends du début :

Galdryss se promenait innocemment (si si, ça lui arrive parfois) dans les bas-quartiers. Le soleil était haut dans le ciel (quelle ironie, dans ce quartier précis ! Haut dans le bas quartier !) et le narrateur abusait des parenthèses, comme à son habitude (même pas vrai d'abord !!). Soudain, quelque chose attira son regard et il tourna la tête pour découvrir alors une chose magnifique : une jeune fille, belle et innocente. Voilà une journée qui commençait bien ...

Il s'appuya contre le froid mur de pierre derrière lui et continua à la fixer, sans aucune gêne, guettant une réaction de sa part.

Il ne faisait pas encore froid, l’hiver approchait mais il faisait même plutôt doux. Eledwen, comme à son habitude déambulait dans les rues sans se préoccuper d’où ses pas la menaient. Elle arriva donc par hasard dans les bas quartiers. Les odeurs de l’extérieur se mélangeant avec celles de l’intérieur. Une douce odeur de pain chatouillait ses narines, elle continuait cependant son petit bonhomme de chemin, s’arrêta quelques secondes au bas de la devanture d’une boutique de tissus bon marché ; elle hésita à entrer mais fut interrompue dans ses pensées par des cris plutôt strident. Une bonne femme, accoutrée d’un tablier courait et criait en même temps, ce qui lui donnait un air assez ridicule de plus qu’elle tenait dans une de ses mains une casserole :

- Arrêtez-le, il a volé mon pain ! Mon bon pain tout frais !

Eledwen ne connaissait pas le fuyard mais il courrait vite, il réussirait à s’enfuir face à cette bonne femme, si la foule restait assez dispersée. Elle décida donc de le laisser passer et par un stratagème assez astucieux (oui je l’avoue ) elle réussit à ralentir encore plus la dame qui lui fonça dessus au dernier moment au lieu de tourner dans la ruelle ou s’était engouffré le voleur. Elle avait de la sympathie pour ceux qui essayaient de s’en sortir autrement qu’à l’habitude du monde. Certes elle savait que voler n’était pas idéal, mais qui n’avait jamais commis un tel acte dans sa vis ? Après tout voler pour survivre,ce n’était pas véritablement voler. c’était plus un instinct de survie…

la foule se dispersa nettement et Eledwen restait figée là où elle avait ralenti la dame. Elle regarda autour d’elle et apercevait la vie qui continuait, après tout, pourquoi s’arrêterait-elle, et croisa le regard d’un homme qui la fixait, roux, grand, bien bâti, mais au regard quelque peu prétentieux, c’est ce qu’elle vit en tout cas au premier abord ; elle décida alors de soutenir ce regard dont elle n’arrivait pas à déchiffrer ce qu’il signifiait clairement. Elle restait droite de son regard franc et clair elle ne voulait pas flancher, elle ne voulait pas être celle qui montrerait un signe de faiblesse. Elle n’était pas une proie, elle avait longtemps chasser, elle ne voulait pas donner sa place. Elle préférait soit être dans un pied d’égalité avec son interlocuteur, soit celle qui avait la dominante. Elle détestait être celle qui était en position d’infériorité. A moins que cette place soit justifiée.

[hrp] Désolé pour le retard ! Je suis un idiot sans cervelle qui est continuellement en retard Sorry sorry !! [/hrp]


Galdryss partit d'un franc éclat de rire. Il avait douté d'abord d'être celui que la jeune fille regardait, mais après que la foule se soit dispersée, il avait dû se rendre à l'évidence. Loin de flancher, elle soutenait son regard.
Le rouquin en était amusé. Décidément, les femmes dans cette cité avaient du caractère. C'était une bonne chose ; il n'aimait pas les gens passifs. Il continua de fixer l'inconnue encore quelques minutes puis, voyant qu'elle ne baissait pas les yeux, il se décida à agir.
Avec nonchalance, il se décolla du mur et traversa la rue. Il vint se planter devant elle et, lui offrant son sourire le plus candide et le plus enjôleur (celui des pubs pour dentifrice), il lui tendit la main.


- Galdryss, enchanté. À qui ai-je l’honneur ?

Habituellement, le rouquin n'était pas du genre à se présenter de manière spontanée (et désintéressée) à toutes les personnes qu'il croisait dans la rue, même si lesdites personnes se trouvaient être des femmes, et jolies qui plus est (quoique ... ça dépendait des jeunes femmes en question et des phases de la lune. Surtout des phases de la lune). Mais cette jeune demoiselle semblait différente. Elle avait en elle un petit quelque chose, une sorte de fierté insoumise que l'on devinait dans ses yeux. Elle avait du caractère, à n'en pas douter, et elle n'avait pas l'air d'être du genre à se laisser embobiner par le premier charlatan venu (ce qui était dommage pour notre protagoniste, pas question avec elle de manger à l'œil et de repartir sans dire au revoir).

C'était une bonne chose. Au fil des années, Galdryss avait rencontré beaucoup de personnes faibles, hommes et femmes, qui se laissaient abuser par tous les escrocs qui croisaient leur chemin (le jeune homme avait-il été spectateur de ces événements, ou acteur ? C'était la question qu'il valait mieux ne pas poser ...). C'était un spectacle plutôt navrant, et le jeune homme en était venu à douter de croiser un jour d'autres "insoumis" tels que lui (c'était lui-même qui se nommait ainsi, évidemment. Voyez là la manifestation d'un égo surdimensionnée doublé d'une haute estime de lui-même. Et il s'étonnait de ne pas avoir d'amis ...), des gens qui préféraient mourir plutôt que de se plier à des règles établies par quelqu'un d'autre de façon arbitraire.

Il avait tout d'abord rencontré Ignis, à son arrivée à Sinastra, et bien qu'elle lui ait paru très gentille et d'une grande bonté (elle lui avait offert à boire, et c'était pour lui un critère suffisant), il n'avait pas senti chez elle la force et la volonté qu'il décelait à présent dans la jeune inconnue qui lui faisait face.

Il restait là, figé, la main tendue et le sourire aux lèvres, attendant qu'elle réagisse. C'était la moment qu'il préférait. Tout était encore possible. Allait-elle partir en courant, lui coller une baffe et tourner les talons (ce serait amusant, quoi que quelque peu humiliant), lui serrer la main poliment ? Serait-elle accueillante, gentille, charmeuse (le narrateur en serait très déçu), ou bien froide, distante voire même violente (ouiiiiiiiii, ça ce serait génial ! Frappez-le !! Ajoutons un peu de piment à ce rp ! Yihaaaaaaaaaaaa !) ? Qui aurait pu le dire ? Sûrement pas le narrateur, trop occupé qu'il était à s'exciter tout seul dans des monologues parenthèsesques.

[HRP] Y'avait marqué entrée libre alors... Coucou ! [/HRP]

Emmitouflée dans une épaisse cape qui la dissimulait autant que possible, Arthémise fulminait, exaspérée par ce concours de circonstances qui la forçait à se retrouver dehors, en pleine journée et sous un soleil qui perçait jusque dans les ruelles du bas quartier où elle avait pourtant espéré trouver un peu d'ombre et de répit.
Après avoir chassé toute la nuit, elle avait décidé de passer quelques heures à la Taverne, n'ayant pas envie de se retrouver cloîtrée, seule, jusqu'au soir. L'endroit était un repli parfait pour elle, un retrait qu'elle prisait et où on la trouvait souvent lors de journées ensoleillées, attablée dans l'ombre, un verre de rouge à la main. Elle appréciait observer autour d'elle la vie suivre son cours, les villageois s'apostropher, le rouge aux joues et le sourire aux lèvres, ou croiser quelque visage amical qui, prenant en pitié sa diurne solitude, venait boire un verre avec elle.
Malheureusement pour elle, la Taverne avait dû fermer précipitamment à cause d'une bagarre ayant dégénéré. Un homme en furie s'était jeté sur un autre avec la volonté de le massacrer, ayant découvert qu'il était l'amant de sa femme -femme qui se faisait petit, se tenant au comptoir, l'air mortifiée. L'esclandre avait vite dégénéré, chacun prenant parti, l'un pour l'amant, l'autre pour le mari bafoué, le troisième pour les yeux de l'infidèle, et la Taverne s'était retrouvée sens dessus dessous.
C'est ainsi qu'Arthémise s'était retrouvée dehors sous le soleil, tandis que la plupart des buveurs autour d'elle, l'esprit échaudé, poursuivaient leur "discussion dehors".

La vampire n'avait plus d'autre choix que de trouver un peu d'ombre. Bon gré mal gré, elle avait choisi d'aller se réfugier dans les bas quartiers ; les ruelles étaient plus sombres, le soleil moins perçant, et c'était là la seule issue qu'elle voyait à sa situation.

Mais là encore elle avait dû s'adapter. La journée était particulièrement ensoleillée, et les rayons mortels perçaient jusqu'aux rues sales, aux pavés inégaux, qui d'ordinaire pourtant se contentaient d'une faible luminosité donnant l'impression, à l'heure du zénith, que la nuit tombait. Elle s'était donc réfugiée contre un mur, sous l'ombre précaire d'un toit, silhouette encapuchonnée sans visage, observant la vie suivre son cours autour d'elle.

- Arrêtez-le, il a volé mon pain ! Mon bon pain tout frais !

Elle posa le regard sur la femme braillarde, avant d'observer le fuyard. Elle ne put s'empêcher de le prendre en pitié. Les vêtements déchirés, amaigri, l'homme semblait plus chercher de quoi subsister qu'un voleur expérimenté. Elle hésitait presque à venir à sa rescousse, le soleil la faisant hésiter, lorsqu'une silhouette familière s'en chargea à sa place. Elle fronça les sourcils. Cette jeune fille aux tresses qui faisait tout pour ralentir la matrone ne lui était pas inconnue...
Elle retint un sourire lorsqu'elle comprit. Eledwen. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vue. Et le geste de la jeune fille à l'intention du voleur ne l'étonnait pas outre mesure.
Ce qui la surprit en revanche, fut de la voir se figer, fixant obstinément un point sans qu'Arthémise ne comprenne ce que c'était. Suivant le regard de la jeune femme, elle chercha ce qui semblait l'agacer, avant de reconnaître la crinière flamboyante. De nouveau, un sourire naquit sur ses lèvres. Galdryss faisait apparemment encore des siennes... Réprimant un rire, elle le regarda se présenter à la jeune fille, intriguée. Comment celle-ci allait-elle réagir ?

Curieuse de voir la tournure que prendraient les événements, elle ajusta sa capuche, s'assurant qu'elle était parfaitement dissimulée, et observa les deux protagonistes de la scène, amusée, ombre presque invisible contre le mur.

[Hrp] Voici enfin ma réponse, suite à quelques problème sur le serveur, je n'avais pas pu répondre ... voilà la bise [/Hrp]

Le jeune homme avait finalement décidé de s’approcher d’elle.
Eledwen avait suivi son déplacement et s’efforça de cacher son trouble du mieux qu’elle le put quand elle le vit avancer jusqu'à elle. Elle le dévisagea et fut mine d’être surprise de voir quelqu’un face à elle, tout en prenant un air décontracté mais sévère, qui ne laissait rien paraître de ce qu’elle aurait pu penser.

Le jeune homme qui se tenait à présent devant elle lui tendit la main en se présentant :

- Galdryss, enchanté. À qui ai-je l’honneur ?

Eledwen hésita un moment en voyant la main tendue du jeune, qui l’avait surpris. Ainsi, il s’appelait Galdryss, très bien… La jeune femme décida d’ignorer la main qu’il lui tendait. Elle préférait jouer selon ses règles du jeu ; lorsque l’on sert la main d’une personne il faut qu’il y ait au moins une entente cordiale entre les deux acteurs. Or lorsqu’on ne connaît pas la personne qui se présente en face de nous, il ne peut pas y avoir d’entente du tout. Ce jeune homme avait pourtant l’air fascinant, derrière ce masque charmeur, quelque chose d’indescriptible. Une chose était pourtant certaine, vu son allure il était certain de son charme et avait dû faire tomber plus d’une demoiselle à ses pieds.

Elle répondit finalement à la présentation du rouquin, d’un visage neutre, sans laisser paraître que la situation l’amusait, d’une certaine manière :

- Je suis Eledwen.

La demoiselle marqua une pose et sans se presser fit mine de s’intéresser à l’architecture des bâtiments qui l’entouraient, de l’agencement des maisons, tout en restant face au jeune homme qui se présentait à lui.

- Je me demandais à quoi vous jouiez, appuyé contre le mur à me fixer… Elle montra le mur de pierre du doigt sans y prêter plus d’importance. Comme vous êtes venu à moi, je saute sur l’occasion pour vous poser la question de vive voix. Dit-elle avec une intonation qui laissait à la fois paraître de l’agacement et de l’amusement.

Il est vrai qu’on pourrait croire que ces deux sentiments ne sont pas superposables, pourtant la situation présente permettait à notre belle jeune fille de les ressentir. En effet, elle ne savait pas vraiment quoi penser de cet inconnu au regard charmeur qui se présentait à elle et haïssait plus que tout le fait d’être une proie pour le premier venu. Cependant, elle saurait se défendre si ce Galdryss n’avait pas de manière ; il le regretterait amèrement et ne s’en remettrait pas de sitôt, et cette idée en effet l’amusait. elle esquissa un léger sourire à cette idée tout en toisant et attendant la réponse du jeune homme qui s'imposait devant elle.

Si Galdryss fût surpris par cette réponse, il n'en laissa rien paraître. Il souriait de toutes ses dents à cette petite demoiselle qui avait plus de cran que ce que sa frêle apparence pouvait laisser penser.
Le rouquin ne s'offusqua pas lorsqu'elle ignora sa main tendue, et le narrateur savoura seul le plaisir de voir ce bôôôôô jeune homme ainsi humilié. Na. Bien fait pour lui.


- Je me demandais à quoi vous jouiez, appuyé contre le mur à me fixer…Comme vous êtes venu à moi, je saute sur l’occasion pour vous poser la question de vive voix.

Galdryss laissa durer le silence tandis qu'il cherchait une réponse appropriée dans son large répertoire de répliques cinglantes. Finalement, il semblait que le narrateur allait l'avoir, sa bagarre !

Le charmeur ne s'était pas départi de son sourire, et quelqu'un ne le connaissant pas aurait aisément pu croire qu'il s'était perdu dans la contemplation des beaux yeux d'Eledwen. C'est d'ailleurs sur cet axe que Galdryss décida d'attaquer. Après tout, la jeune fille n'avait pas hésité à se montrer directe, voire même un petit peu vexante (du moins, pour quelqu'un comme lui qui pensait sincèrement être irrésistible). Le pauvre garçon ne faisait que se défendre ... (ou plutôt, il tentait de soigner son amour-propre blessé), et la meilleure défense était de loin l'attaque.

- Je vous regardais parce que je vous trouve belle.

Le rouquin attendit avec impatiente de voir ce qu'Eledwen allait répondre à ça, pendant que le narrateur gisait au sol, affligé par tant de niaiserie.

Le jeune homme avait sorti l'arme ultime, le compliment flatteur. Eledwen éclata d'un rire clair et franc :

-Merci... Vous...

Elle s'arreta net en apercevant une ombre, puis une autre se faufiler entre les murs de ruelles sombres un peu plus loin de là où ils se tenaient. Ces silouhaites avaient quelque chose de familier...

- Si vous le voulez suivez moi, un coup de main pour assurer mes arrières ne sera pas de refus.

Sans attendre la réponse du rouquin, Eledwen s'engouffra dans la ruelle à la suite de ces ombres connues. Elle avança avec prudence et légèreté car même s'il y avait des passants qui couvraient de bruit de ses pas, elle préférait s'assurer que ses fugitifs ne s'alarmeraient pas au son d'un pas régulier qui les suivrait.

Les deux hommes ne voulaient pas être suivit et s'assuraient régulièrement qu'il n'y avait personne qui aurait cette idée là. Eledwen respirait lentement et calmement afin de contrôler chacun de ses mouvements et de ne pas se faire reperer. Elle prit garde de se mettre dans l' ombre dès que ces derniers se retournèrent avant de toquer dans une petite maison où ils donnèrent trois coups à la porte puis un coup et enfin deux. À la fin de ce petit manège, la porte s'ouvrit. Un petit homme chauve, au visage gras et au ventre bedonnant leur ouvrit la porte. Eledwen les vit parlementer quelques minutes, les deux hommes avaient sorti de l'argent d'une bourse, on vit enfin le petit gros sourire, laissant apparaître une dentition douteuse, et déformant grossièrement son visage, puis il acquiesça et se décala pour laisser passer les deux jeunes gens. Ils laissèrent alors un dernier regard sur la rue qu'ils abandonnaient pour entrer enfin dans cette maison mystérieuse.

La ruelle était maintenant vide de monde, Eledwen repris son souffle, car en ayant observé chacun des gestes de ses deux connaissances, elle en avait oublié de respirer. Beaucoup d'éléments de son passé avaient refait surface et elle ne s'y était pas préparé. Elle ferma les yeux quelques secondes, reprit ses esprit, se recomposa un visage neutre et déterminé. Elle sortit enfin sa bourse afin de compter se qu'il lui restait d'argent. Enfin elle se rappela du jeune homme qui lui avait parlé quelques minutes plus tôt. La jeune demoiselle fit volte face afin de voir s'il l'avait suivit.

Galdryss était vexé. Presque énervé, même. Il avait sorti une de ses armes les plus efficaces, et c'était tout l'effet que ça faisait à la petite demoiselle ? Sérieusement ? C'était lamentable. La-men-table. Les jeunes filles d'aujourd'hui n'avaient plus de manières, elles ne savaient plus recevoir des compliments dignement.
Le roublard regrettait l'époque où de belles inconnues tombaient en pâmoison sous son verbe flatteur. Le narrateur doutait qu'une telle époque ait existé, mais n'osa pas le dire de peur de s'attirer les foudres de notre protagoniste.
Lequel envisageait sérieusement de planter là Eledwen pour aller à la taverne tester ses compliments sur d'autres jolis minois.

- Si vous le voulez suivez moi, un coup de main pour assurer mes arrières ne sera pas de refus.

Bon. Tout compte fait, il allait peut-être rester un peu. Pas pour les beaux yeux d'Eledwen, non, sûrement pas, mais parce que autant qu'il puisse en juger, il y avait du grabuge dans l'air. Et le grabuge, c'était sa passion, son gagne-pain, son business. Il mettait donc un point d'honneur à se tenir informé des moindres coups bas et échauffourées se tramant dans la cité.

Il suivit la jeune fille jusqu'à une ruelle déserte, où ils observèrent des gens louches faire des choses louches. Mouais. Tout ça était très intéressant, mais le rouquin n'était pas le genre de personne à s'aplatir contre un mur pour voir sans être vu. Il était de ceux qui y allaient au culot, risquant le tout pour le tout (ou le rien pour le rien, le plus souvent), et prenaient héroïquement des risques inconsidérés dans l'attente d'une hypothétique gloire qui ne viendrait jamais. Et un peu parce que c'était drôle, aussi.

Quand Eledwen se retourna, Galdryss ne se trouvait donc plus derrière elle. Il avait tranquillement fait volte-face, avait regagné la place et "emprunté" un plat qui refroidissait sur le rebord d'une fenêtre. Il était ensuite retourné dans la ruelle et passait à présent devant sa jeune compagne, le sourire aux lèvres et paré de nonchalance. Il alla frappa à la porte et, lorsque celle-ci s'entrebâilla, il glissa son pied dans l'embrasure pour s'assurer qu'elle ne se referme pas avant qu'il ne l'ait décidé.

Le plat dans une main et un sourire étirant toujours ses zygomatiques, il commença son numéro.

- Bien le bonjour monseigneur, laissez-moi me présenter : je suis Alonso DelTorte, démarcheur et vendeur dévoué pour TourteAndCo, la première société sinastrienne de portage de tourtes à domicile. J'ai ici un échantillon pour vous convaincre de faire appel à nos services. Si vous devenez un client régulier, vous bénéficierez d'une réduction de quinze pourcents et ...

Tandis qu'il débitait son monologue à un rythme effréné et sans aucun temps mort, ses yeux scrutaient l'intérieur de la pièce ou le peu qu'il en voyait par la porte entrebâillée.

- ... et ainsi, même la belle-mère la plus coriace du monde n'aura plus à se soucier de son dentier. Vous me direz, on les enterre rarement avec. Il désigna la tourte à l'homme gardant la porte. Alors, vous la prenez ?

L'homme, abasourdi, ne répondit rien.

Le spectacle de ces deux jeunes gens, l'un taquinant et l'autre ripostant, avait été fort amusant. Arthémise s'était laissée aller à sourire, se faisant la réflexion que, si ces deux-là restaient dans le coin encore un moment, peut-être sa journée serait-elle plus intéressante que prévue. Elle hésita même à se manifester, mais alors elle n'aurait plus eu sous les yeux cette scène drôle et incongrue qui semblait se jouer régulièrement aux abords de Galdryss lorsqu'il croisait de charmantes inconnues. Le jeune homme aimait décidément les jeunes femmes, tout particulièrement jolies, comme Eledwen, et si Arthémise prenait quelque peu en pitié la demoiselle, elle ne pouvait s'empêcher de s'amuser de ses réactions. Quant à Galdryss, l'inventivité et l'originalité dont il faisait toujours preuve pour retourner les situations à son avantage s'avéraient aussi fascinantes que déconcertantes. Même si Arthémise ne pouvait s'empêcher de garder une certaine réserve avec lui. Ce n'était pas tant qu'elle se méfiait de lui, mais il était si difficile à cerner qu'elle ne savait jamais à quoi s'attendre. Que cherchait-il, que voulait-il, était-il aussi désinvolte qu'il voulait le faire croire ? Autant de questions auxquelles elle n'avait pas de réponses et qu'elle préférait laisser en suspens plutôt que de les oublier avec une réponse hâtive et trop floue. Alors sans être froide ou cassante, elle faisait attention, observant chacun de ses gestes, guettant le moindre indice qu'il aurait pu lui fournir. Le plus agaçant étant qu'elle était certaine qu'il savait ce qu'elle pensait, ou du moins qu'il devinait l'effet qu'il pouvait produire.

Le changement d'attitude soudain d'Eledwen la fit sortir de ses pensées. Elle l'observa suivre un inconnu, Galdryss se lancer à sa poursuite, et n'hésita pas une seconde. Elle se lança sur leurs traces et... Poussa un cri de douleur.

Sa capuche avait glissé, révélant sa tête au soleil, et la main qu'elle leva pour y remédier lui donna l'impression de prendre feu. Gémissant, maugréant, elle se faufila vers un coin d'ombre, et, une fois bien camouflée sous sa cape contre laquelle elle râlait tout en ayant désespérément besoin, elle reprit sa course.

Elle arriva alors que Galdryss se lançait dans un long discours sur son entreprise de tourtes. Puisqu'ils semblaient avoir absolument besoin de rentrer dans la maison, elle s'apprêtait à venir jouer son jeu pour les aider, mais l'honnêteté soudaine d'Eledwen brisa son plan avant même de l'avoir mis à exécution. Elle soupira. Si l'intention était louable, la naïveté de la jeune femme n'allait pas jouer en leur faveur... Et la vampire avait suffisamment subi sa propre candeur pour savoir de quoi elle parlait. Mais le moment n'était pas choisi pour aider la jeune femme aux longues tresses à ouvrir les yeux. Elle opta donc pour un changement de stratégie.

Approchant rapidement, elle glissa une main de pierre sur la main de l'homme peu accomodant, l'empêchant ainsi de refermer la porte. L'ombre de cette dernière la protégeant quelque peu, elle retira sa capuche, laissant ses cheveux de feu se répandre dans son dos et ses yeux de sang fixer l'homme, si froidement que beaucoup face à ce regard auraient reculé.

- Vous avez entendu mon amie. Nous voulons rentrer.

Elle adoucit son ton impérieux d'un sourire ravageur, un peu trop prononcé cependant pour ne pas révéler, derrière les lèvres rouge sang, des dents quelque peu pointues...

- S'il vous plaît.

Arthémise s'engouffrait dans le tunnel, à la suite de ses amis, lorsqu'un bruit infime, un sifflement à peine perceptible, réveilla sa méfiance. Elle fit volte-face, juste à temps pour attraper au vol le couteau lancé à vue. Avec une vitesse surhumaine, elle le lança à son tour, et la lame se planta dans le mur face à elle, épinglant au passage la veste de l'attaquant, l'immobilisant sans le blesser. Le couteau était enfoncé jusqu'à la garde ; l'homme, éructant, tenta bien de le déloger, mais ce fut peine perdue.


Il n'eut que le temps de cligner des yeux que la vampire se tenait face à lui. Furieuse, une main sur le couteau, elle observait l'homme, menaçante, ses yeux de sang étincelant de rage. Le bougre déglutit péniblement, commençant à regretter son geste.


-Alors, qu'essayais-tu de faire ? Aurais-tu des choses à cacher par hasard ?

L'homme, terrifié, n'eut pour seule réponse qu'un balbutiement incohérent et incompréhensible. Arthémise frappa le mur, tout près de lui, et celui-ci trembla autant que le malheureux.

-Ou peut-être avais-tu soif de sang ? Alors comme ça, tu aimes tuer ? Mais on va peut-être pouvoir s'arranger, dans ce cas…

Et avec un grondement sourd, bestial, elle approcha sa bouche de la gorge de l'homme, posa ses lèvres sur la jugulaire tressaillante. L'homme, terrifié, semblait sur le point de tourner de l'œil.


- S'il… S'il vous plaît…

Avec hauteur, la vampire le dévisagea.

Tu as changé d'avis ? Bien… Dans ce cas, tu vas nous aider.

Froidement, d'un geste sec, elle retira le couteau et le bougre glissa à terre, tremblant, gémissant. La vampire le redressa et, sans aménité, le poussa devant elle, trébuchant, sanglotant presque. Il s'engouffra dans le tunnel, suivi d'Arthémise.

- Tu vas nous montrer ce que tu tenais tant à nous cacher.

Négligemment, elle lança le couteau à Galdryss.

- Ça pourra toujours être utile, Conclut-elle avec un haussement d'épaules.

La vampire était fatiguée de toujours chercher à épargner le monde entier. L'homme avait cherché à les tuer, il n'avait que ce qu'il méritait. Et elle ne l'avait pas touché.

À cette réflexion, un léger sourire teinté de victoire affleura à ses lèvres tandis qu'elle reprenait sa marche.