Un bazar pas possible

C'était vraiment une mauvaise journée. Anarion était sorti pour marcher dans les environs de Sinastra, comme il aimait bien le faire, mais cela avait tourné au cauchemar. Déjà, il commençait à être à sec et bientôt il ne pourrait plus se payer à manger. Oh, il pourrait toujours chasser - hors de question de voler - mais bon, il se sentait bien à Sinastra, et il avait envie de s'y installer. Et pas en dormant dans les rues et en chassant toute la journée. Il lui fallait un emploi, mais il ne trouvait rien qui lui aille. Et lorsqu'il était sorti pour se changer les idées, il avait été abordé par une secte d'un dieu obscur qui voulait absolument l'enrôler, il avait trébuché dans la forêt - honte suprême pour un elfe - et s'était foulé le poignet, il avait été insulté par un écureuil - complètement cintré, l'écureuil - et en rentrant par le bazar pour éviter la secte, une calèche l'avait arrosé de boue en passant à côté de lui. Autrement dit, Anarion était aussi irritable qu'un ours sortant d'hibernation et avait l'air au moins aussi aimable. Il marchait d'un pas rageur vers l'auberge où il logeait, refusant de penser à ses problèmes financiers, bien déterminé à ne pas s'attirer d'ennuis malgré sa colère, mais lorsqu'un passant lui marcha sur le pied distraitement, ce fut la goutte qui fit déborder le vase.

- Mais bon sang, c'est quoi votre problème, à vous les humains ?!" dit-il en poussant le pauvre homme par les épaules. "Vous n'êtes même pas fichus de regarder où vous marchez ! Mais qu'est-ce que vous avez dans la tête ?"

Ce fut lorsque le silence retomba qu'il se rendit compte qu'il habitait dans une cité humaine, qu'il arrivait aussi aux elfes de marcher sur les pieds des autres et que sa victime n'avait rien à voir avec tout ce qui l'avait contrarié jusque-là. Il lui arrivait rarement de perdre son calme, sa longue vie et ses douloureuses expériences lui ayant appris la patience et le sang-froid, mais il détestait les contrariétés malgré tout, et lorsqu'il se trouvait confronté à un trop grand nombre, il explosait.
Inspirant un grand coup, il se força à reprendre son calme, n'y arrivant qu'à moitié.

- Veuillez m'excuser", maugréa-t-il au pauvre homme (qui avait pâli et bégayait des excuses) avant de reprendre son chemin, fusillant du regard tout ceux qui osaient le regarder. Mais derrière sa fureur, il se sentait un peu gêné d'avoir attiré l'attention sur lui. Il fallait qu'il se calme ou il se mettrai à frapper quelqu'un à l'auberge, aussi resta-t-il un peu dans le bazar, examinant les échoppes et faisant quelques achats, notamment des plantes aux vertus magiques méconnues, qu'il trouva au milieu de plantes décoratives pitoyables et de carottes.
Mais alors qu'il s'apprêtait à repartir, ses oreilles fines entendirent un faible cri provenant d'une ruelle voisine. Se dirigeant hâtivement vers l'endroit, il se retrouva en face d'une ruelle sombre, encaissée entre deux grandes maisons branlantes. Et là, contre le mur, un bandit menaçait une femme richement vêtue d'un couteau tandis qu'un autre ricanait.

La première pensée d'Anarion fut "cette femme est complètement stupide de se promener dans ce quartier habillée comme ça", la seconde, qui n'était pas à son honneur, fut "zut, qu'elle se débrouille, j'en ai assez supporté pour aujourd'hui", mais finalement il se secoua mentalement et sortit sa dague en soupirant.

Invité

Cela faisait plus d’un an que l’ange avait quitté la cité. ET pourtant c’était pour elle comme si elle l’avait quittée hier. Toutefois tout lui avait manqué, même les gardes grognons à l’entrée de la ville. Elle était pour une fois arrivée dans la ville par les pavés et non par les aires comme à son habitude. C’est ainsi que ses pas la menèrent d’instinct dans les faubourgs. Lieux de vie et grouillant de monde de Sinastra. L’ange aimait par-dessus tout ce genre d’endroit légèrement infâme mais tellement plein de vie. Elle finit par atterrir dans le bazar. Véritable capharnaüm, c'est un lieu où règne l'anarchie la plus totale. Les honnêtes commerçants y sont rares et altercations y sont légion. Vendeurs à la sauvette, marchands ambulants, diseurs de bonne aventure, escrocs en tous genres, receleurs, revendeurs, bookmakers y côtoient les paysans de la campagne qui vendent leurs légumes sur une charrette retournée. Le vendeur de tourte fait fortune, même si personne ne sait vraiment ce qu'il y a dans ses tourtes, et des bandes de galopins aux mains baladeuses trainent leurs pieds nus sur la terre battue à la recherche de proies faciles ou de pommes tombées du panier. De nombreux mendiants y font la manche, vrais manchots ou faux cul-de-jatte. Dans cette cohue Kéa se fit bousculer un nombre incalculable de fois et ses grandes ailes blanches étaient une entrave. Toutefois les gens semblaient apprécier la vue de ses atours qui les changeait un peu de la monotonie de leur journée.

Cela faisait très longtemps que l’ange n’avait pas baigné dans une telle foule. Et ses sens sur développé étaient agressé de toute part, elle ne savait plus se couper du brouhaha ambiant comme avant. Là elle entendait toutes les conversations et pensées des gens qui déambulaient dans le bazar et c’était beaucoup trop d’un cou. L’ange était désorienté et cherchait à s’extraire de là au plus vite. La nausée la gagnait. Tant bien que mal Kéa finit par s’extraire du bazar pour rejoindre une ruelle adjacente. La ruelle était sombre et fraiche et coupait le bruit du bazar. Un endroit idéal pour vomir. Ce que l’ange fit sans se gêner. Une fois remise d’aplomb elle remarqua que la ruelle en question n’était pas vide. Les idées claires elle entendait des pensées de supplications et d’autres de victoire sombre. Elle releva la tête et vit une femme, une bourgeoise à n’en pas douter au vu de ses vêtements. Assez stupide pour venir se balader seule dans le bazar. Elle était plaquée contre le mur par un bandit qui lui tenait un couteau sous la gorge et un deuxième se tenait non loin et ricanait, assez bêtement il faut l’avouer. À la vue de ses deux bandits et surtout à cause de leurs odeurs Kéa eut de nouveau un haut-le-coeur.

Mais quelque chose la tira de son espèce de nausée et éveilla ses sens. Un Elf de haute taille, les cheveux blonds et les yeux d’un bleu très profond se tenait à l’entrée de la ruelle une dague à la main. C’est lui quand l’ange avait dû bousculer dans une demi-inconscience pour pénétrer dans la ruelle. Il était là stoïque et semblait vouloir intervenir. Mais il est vrai que l’arrivée soudaine de l’ange vomissant son déjeuner avait quelque peu attiré l’attention des brigands. Kéa fini par se redresse complètement tout en s’essuyant la bouche d’un revers de main. Elle afficha un sourire aux brigands et finit par s’écarter légèrement tout en faisant signe à l’elfe que les bandits étaient tout à lui s’il le désirait.

Le bandit qui ricanait bêtement sembla enfin le remarquer, et s'arrêtant de rire il fronça les sourcils, semblant estimer le danger que représentait l'elfe. Il donna un coup léger sur l'épaule de son comparse avant de lui montrer le nouvel arrivant, et celui-là, lâchant la bourgeoise qui s'affala contre le sol en toussotant, le jaugea avec mépris, ne voyant probablement pas en un elfe au maintient noble une menace sérieuse. Le visage d'Anarion se fendit d'un sourire sans joie tandis que son esprit fusionnait avec l'eau qu'il pouvait sentir autour de lui dans le caniveau, derrière les murs des maisons, et même dans l'humidité de l'air; mais avant que l'un d'entre eux ait pu faire un geste, une cinquième personne le bouscula en se précipitant dans la ruelle.
Est-ce qu'ils le faisaient exprès ?! Il se retourna furieusement vers la nouvelle venue... et ses mots moururent dans sa gorge. La jeune femme était un ange.

Il avait vu un grand nombre de créatures étranges au cours de son demi-millénaire d'existence, mais jamais d'anges. Il regarda avec fascination les ailes lumineuses plus blanches que la neige et le visage apparemment jeune mais pourtant sans âge, d'une beauté particulière que seuls les êtres célestes pouvaient avoir, et en plongeant son regard dans ses yeux bleus il y vit une puissance impressionnante, une intelligence aiguë et une mémoire qui remontait à la naissance du monde, qui avait tout vu et tout connu.

Anarion voulut s'incliner. La culture elfique était très admiratrice de toutes les créatures célestes, et cette femme semblait être encore au-dessus des autres. Il voulait témoigner à cet ange le respect qui lui était dû.

Sauf qu'avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit, l'ange se plia en deux et vomit sur le sol de la ruelle. Instantanément, Anarion sortit de la fascination dans laquelle il avait été plongé - difficile de voir en quelqu'un un être parfait quand il vomit à côté de vous. Il se sentit gêné, ne sachant pas trop s'il devait aider la nouvelle arrivante ou au contraire détourner le regard, mais elle ne semblait pas avoir besoin d'aide de toute façon. Se relevant, son regard se posa finalement sur la bourgeoise et les deux malfrats - son visage d'ailleurs redevint verdâtre - puis enfin sur lui-même. Personne n'avait bougé depuis son apparition... fracassante, tous ayant les yeux fixés sur elle. Mais alors après s'être essuyée rapidement la bouche, elle sourit aux brigands et fit un signe explicite à Anarion.

Lui avait déjà oublié ce pourquoi il avait tiré sa dague. Il reporta son attention sur les deux hommes et sur le petite flaque d'eau qui s'était formée sur le sol. Alors l'eau rampa sur les dalles, s'aggloméra autours des bottes des voleurs avant de geler, immobilisant ses victimes. Puis il utilisa sa télékinésie pour assommer le premier avec le manche de son propre couteau et lança sa dague en direction du deuxième, garde en avant, et elle le frappa au front avec un bruit satisfaisant. Les deux brutes s'effondrèrent au sol, et Anarion aida leur ex-futur victime à se relever. Elle semblait en état de choc et lançait des coups d'oeil nerveux à l'elfe et à l'ange.

- Vous ne devriez pas vous promener seule dans ces quartiers, madame. Surtout richement vêtue."

Elle hocha la tête, toujours muette, puis s'éloigna en regardant par-dessus son épaule, trébuchant presque à chaque pas et laissant Anarion seul avec la femme céleste. Il se tourna vers elle et inclina légèrement la tête sur le côté.

- Je suis honoré de vous rencontrer. Excusez ma curiosité mal placée, mais... qu'est-ce qu'un ange vient faire dans un tel endroit ?" dit-il en montrant d'un large geste du bras la fange et la crasse.

Invité

L’elfe reporta son attention sur les deux hommes. C’est alors que Kéa remarqua une petite flaque d'eau qui s'était formée sur le sol. L'eau se mit à ramper sur les dalles, s'aggloméra autour des bottes des voleurs avant de geler. Puis le bandit au couteau s’assomma avec le manche. L’ange en déduit que l’elfe devait maitriser l’eau et la télékinésie. Et que par conséquent il valait mieux compter parmi ses amis que ses ennemis. L’elfe finit d’achever la besogne en lançant sa dague en direction du deuxième bandit, garde en avant, et elle le frappa au front avec un bruit. Les deux brutes s'effondrèrent au sol, et l’elfe aida la bourgeoise à se relever. Elle semblait en état de choc et lançait des coups d'œil nerveux à l'elfe et à l'ange.

- Vous ne devriez pas vous promener seule dans ces quartiers, madame. Surtout richement vêtue.

Elle hocha la tête, toujours muette, puis s'éloigna en regardant par-dessus son épaule, trébuchant presque à chaque pas.

* Pfff même pas un merci, aucune gratitude il aurait mieux fait de la laisser se faire dépouiller ! *

Puis l’elfe se tourna vers l’ange.

- Je suis honoré de vous rencontrer. Excusez ma curiosité mal placée, mais... qu'est-ce qu'un ange vient faire dans un tel endroit ?" dit-il en montrant d'un large geste du bras la fange et la crasse.

Kéa ne répondit pas instantanément. Elle se dirigeant vers les deux bandits inertes au sol. Elle se pencha ramassa le poignard du bandit qu’elle glissa dans sa besace. Fit les poches des deux malfrats en ressortir trois bourses une pleine de pièces, un autre aux trois quarts vides et la dernière contenait des gemmes précieuses. Elle finit par ramasser le poignard de l’elfe et se redressa elle envoya successivement le poignard et la bourse de gemmes en direction de l’elfe.

Kéa prit conscience que l’elfe en question était un elfe de la mer il avait tous les traits caractéristiques à sa race. Toutefois contrairement à ses pairs il n’avait pas l’air très avenant mais il se tenait avec une telle prestance qu’il en était point à douter que ce dernier eût de la noblesse qui coulait dans ses veines. Comme un noble elfe telerins avait bien pu finir par trainer dans les faubourgs de Sinastra, c’était une histoire sans aucun doute passionnante que Kéa finirait bien par découvrir un jour.

- Il n’est absolument pas mal placé d’être curieux messire. Toutefois il n’est pas dit que vous trouverez réponse à toutes vos curiosités. Avant de pouvoir répondre à votre dernière il me serait nécessaire de savoir à qui je parle.L’ange effectua une courte pose durant laquelle elle lui fit un sourire charmant et courtois.Pour ma part je suis Kéa. Et à n’en point doute à la vue de mes ailes vous avez sans aucun doute compris que j’étais un ange. Pour ma part j’ai déjà rencontré des elfes telerins par le passé. Mais ils avaient alors cette insupportable manie de s’incliner devant tout ce qui pouvait de près ou de loin toucher au céleste. Je suis bien heureuse de voir qu’avec le temps ils l’ont perdu.Ses derniers mots firent rire intérieurement l’ange qui avait très bien senti l’envie de l’elfe à s’incliner devant elle. Envie réprimée par la vue de cette dernière répandant son déjeuner sur le sol.Je suis vraiment désolée pour mon arrivée et la piètre impression que j’ai dû vous donner. Mais cela faisait très longtemps que je n’avais pas été baigner dans une foule aussi épaisse et bruyante que j’en ai oublié de couper mes sens. Cela a eu un effet des plus déplorables sur ma personne. Mais après ce petit temps mort je pense pouvoir y retourner. Cela vous dit de venir faire un tour en ma compagnie. Peut-être aurez-vous la réponse à votre interrogation.

Puis l’ange se mit en route pensant cette fois-ci à couper ses sens pour ne pas être submergée par le brouhaha. Elle lança la bourse pleine des briguant à un mendiant qui trainait à un coin de rue et donna celle aux trois quarts vides à un enfant qui essayait de voler une pomme sur un étale. L’enfant en question avait l'aire affamée et était si sale qu’il avait dû naitre dans la rue et y grandir sans personne. Elle s’arrêta ensuite devant un vendeur de tourte et en acheta deux.

Alors qu'il regardait l'ange s'affairer autours des corps inertes des brigands, Anarion commença à revoir le jugement qu'il avait porté sur elle. Il la vit glisser le poignard du premier dans sa besace - ça pouvait être pour le garder pour elle ou juste pour retirer une arme à un homme dangereux, ou les deux - puis elle leur fit les poches. Elle ne vivait pas sur une autre planète et n'était pas naïve, au contraire, et Anarion se rendit compte qu'il préférait cela à un ange qui l'aurait pris de haut et se serait montré méprisant.
Puis elle lui lança le poignard - finalement, elle ne voulait pas le garder - ainsi qu'une bourse pleine, et quand il l'ouvrit il vit un amas de gemmes. Il regarda l'ange avec surprise. Son éducation lui intimait l'ordre de rendre ces gemmes à ceux à qui ils avaient sûrement été volés, et si ce n'était pas possible, de les distribuer aux plus nécessiteux. Mais son éducation, il n'aimait rien plus que lui dire zut, et puis il en avait marre de toujours penser aux autres. Il voulait penser un peu à lui - d'autant plus qu'il avait besoin de l'argent que ces gemmes représentaient. Il fit un compromis avec lui-même, versant la moitié des gemmes dans sa propre bourse et attachant la bourse désormais à moitié vide à côté, dans le but d'en distribuer le contenu.

- Il n’est absolument pas mal placé d’être curieux messire. Toutefois il n’est pas dit que vous trouverez réponse à toutes vos curiosités. Avant de pouvoir répondre à votre dernière il me serait nécessaire de savoir à qui je parle. Évidemment. Il n'y avait aucune raison pour qu'il soit le seul à en apprendre sur l'autre... Mais il n'était pas méfiant. Contrairement à bon nombre des personnes qu'il avait rencontrées dans la ville blanche, il se sentait à l'aise avec elle, et lorsqu'elle lui sourit il ne put s'empêcher de lui sourire en retour. Pour ma part je suis Kéa. Joli nom. Et à n’en point doute à la vue de mes ailes vous avez sans aucun doute compris que j’étais un ange. Pour ma part j’ai déjà rencontré des elfes telerins par le passé. Mais ils avaient alors cette insupportable manie de s’incliner devant tout ce qui pouvait de près ou de loin toucher au céleste. Je suis bien heureuse de voir qu’avec le temps ils l’ont perdu. Il réussit à garder un visage impassible, mais il ne put s'empêcher de se sentir un peu... gêné. Avait-elle remarqué son geste interrompu ? Ou disait-elle cela comme ça ? Je suis vraiment désolée pour mon arrivée et la piètre impression que j’ai dû vous donner. Mais cela faisait très longtemps que je n’avais pas été baigner dans une foule aussi épaisse et bruyante que j’en ai oublié de couper mes sens. Cela a eu un effet des plus déplorables sur ma personne. Elle avait donc des sens sur-développés ? Ah, pas étonnant qu'elle se soit retrouvé dans un tel état vu l'insalubrité du bazar... Mais après ce petit temps mort je pense pouvoir y retourner. Cela vous dit de venir faire un tour en ma compagnie. Peut-être aurez-vous la réponse à votre interrogation.

- Avec plaisir. Je vous suis; vous semblez mieux connaître la cité que moi.

Puis il suivit Kéa l'ange dans le bazar, lequel portait bien son nom. Elle donna l'une des deux bourses à un mendiant et la seconde à un pauvre gamin des rues. Il se sentit un peu coupable : elle n'avait rien gardé pour elle. Enfin, après tout, il avait déjà distribué quelques pierres précieuses aux mendiants qui ne lui avaient pas donné l'impression d'être des escrocs... Puis Kéa s'arrêta devant un marchant de tourtes et en acheta deux. Il les observa d'un regard interrogateur, puis reporta son attention sur l'ange, attendant son initiative. Il avait de nombreuses questions à lui poser - que fait un ange ici ? Depuis combien de temps vit-elle dans la cité ? Connaît-elle Nathanaëlle ?

Invité

- Avec plaisir. Je vous suis; vous semblez mieux connaître la cité que moi.

L’ange envoya une de ces deux tourtes à l’elfe. Et commença à manger la sienne. Elle avait grand besoin de remplir son ventre de nouveau. Même s’il elle n’en avait pas réellement besoin cela lui faisait toujours du bien. D’autant plus que ses tourtes-là étaient les meilleurs de tout le faubourg, voire de Sinastra.

Kéa entendit les pensées de l’elfe qu’elle épiait sans même vraiment y penser. Elle faisait souvent ça quand elle rencontrait les gens pour la première fois

que fait un ange ici ? Depuis combien de temps vit-elle dans la cité ? Connaît-elle Nathanaëlle ?

Elle rigola légèrement à entendre tous ses questionnements internes. Tournant sur tout autour de l’ange et de ce qu’elle pouvait bien faire ici. Mais également de Nathanaëlle d'Aimery de Felyzya un semi-elfe qui habitait également à Sinastra depuis un sacré moment. Une jeune femme assez sombre et méfiante au premier abord

- Cessez de tourner en rond de votre tête. Vous allez les avoir vos réponses à vos interrogations. Et ce malgré le fait que vous ne m’aillez toujours pas donner votre nom.L’ange eut un franc sourire face à l’elfe.Je suis arrivé à Sinastra il y a de ça quelques années. C’était pendant que j’arpentais le monde. Je commençais à être lasse et j’espérais trouver un endroit agréable où passer du temps. Et j’ai trouvé dans cette cité des gens incroyables, de tous bords et de toutes origines. Je m’y suis senti assez rapidement chez moi. J’ai vécu des aventures incroyables.Kéa fit une pause. Une légère lueur de tristesse passa dans ses yeux.Mais j’ai également perdu des personnes ici bien plus qu’à n’importe quel autre endroit sur terre. Peut-être aussi parce que je me suis investi émotionnellement ici bien plus que n’importe quel autre endroit sur terre.Elle sentait son cœur se serrer dans sa poitrine et commençait à regretter le temps où elle ne restait plus rien et que son cœur n’était que glace et haine.

L’ange finit de manger sa tourte en deux bouchers. Puis elle ouvrit sa besace et en sortit une paire de chaussures mi-montantes en cuir fatigué qu’elle enfila rapidement sur ses pieds nus. La partie du bazar dans laquelle ils s’apprêtaient à marcher était encore plus sale et nauséabonde que le reste.

- Mon passé à finit par me rattraper et il y a un peu plus d’un an maintenant j’ai dû quitter cette cité pour régler certaines choses. Je viens tout juste d’arriver par la grande porte.

Puis l’ange senti une douleur vive lui traverser l’aile droite. Elle se retourna promptement et vit un homme aux allures de marchand avec deux de ses plumes dans la main. La colère de l’ange se fit voir en moins d’une fraction de seconde. Elle empoigna l’homme par le gore et le souleva. Elle fit chuter la température autour de ce dernier au point de cristalliser la sueur de ce dernier. Elle tendit son autre main vers lui. L’homme ne se fit pas prier il posa rapidement les deux plumes de l’ange dans la main de cette dernière.

- Ne t’avise plus jamais de recommencer. Dit Kéa dans un souffle rauque. Ou bien tu seras un homme mort.

Elle lâcha l’individu qui s’écroula sur le sol putride du bazar. L’ange tourna les talons et reprit sa route comme si de rien n’était et fourra ses plumes arrachées dans sa besace.

Lorsqu'il reçut la tourte entre les mains, il hésita un peu. Quand on voit l'aspect du bazar... on se demande ce qui s'est retrouvé dans la nourriture qu'on y trouve. Mais lorsqu'il vit Kéa déguster la sienne, il haussa les épaules et commença à manger. Il s'aperçut avec surprise que la tourte était excellente. Puis l'ange se tourna vers lui.

- Cessez de tourner en rond de votre tête. Vous allez les avoir vos réponses à vos interrogations. Et ce malgré le fait que vous ne m’aillez toujours pas donner votre nom. Anarion en ouvrit des yeux ronds. Elle était télépathe, en plus ? Heureusement, elle ne semblait pas énervée ou impatiente puisqu'elle lui sourit franchement. Je suis arrivé à Sinastra il y a de ça quelques années. C’était pendant que j’arpentais le monde. Je commençais à être lasse et j’espérais trouver un endroit agréable où passer du temps. Et j’ai trouvé dans cette cité des gens incroyables, de tous bords et de toutes origines. Je m’y suis senti assez rapidement chez moi. J’ai vécu des aventures incroyables. Anarion pencha la tête, la regardant avec compréhension. Il se considérait comme une créature ancienne, ayant vécu plus de cinq siècles, mais Kéa devait être tellement plus âgée... et pourtant il la comprenait. Lui aussi avait trouvé le réconfort dans cette cité après avoir cherché vainement la paix intérieure... Mais j’ai également perdu des personnes ici bien plus qu’à n’importe quel autre endroit sur terre. Peut-être aussi parce que je me suis investi émotionnellement ici bien plus que n’importe quel autre endroit sur terre. Il fronça les sourcils. Pourquoi restait-elle, alors ? Lui n'avait pu que fuir sa cité... mais Kéa était plus forte. Peut-être avait-elle su surmonter sa tristesse pour ne plus voir que les heureux évènements.

Ils finirent de manger, puis Kéa enfila des bottes. Sage décision...

- Mon passé à finit par me rattraper et il y a un peu plus d’un an maintenant j’ai dû quitter cette cité pour régler certaines choses. Je viens tout juste d’arriver par la grande porte. Ah, ça expliquait qu'il ne l'ait pas croisée plus tôt. Ça faisait un certain temps qu'il était arrivé à Sinastra, mine de rien...

Mais soudain l'ange fit volte-face. Se retournant prestement lui aussi, il remarqua le voleur, et il sentit la colère monter en lui, bien que n'ayant rien à voir avec celle de Kéa. Il avait bien compris qu'elle n'appréciait pas d'être considérée comme un être supérieur, mais il ne pouvait pas s'empêcher de la considérer au moins un peu comme telle ; et qu'un homme fasse preuve d'un tel irrespect... Mais Kéa se débrouillait très bien toute seule. La colère transfigura instantanément son visage, et elle montra à tous ceux qui regardaient un aperçu de sa puissance.

- Ne t’avise plus jamais de recommencer. Dit Kéa dans un souffle rauque. Ou bien tu seras un homme mort.

Kéa n'était pas un ange hautain... mais elle n'était pas non plus un angelot inoffensif. Il nota dans un coin de sa tête qu'il ne fallait pas qu'il l'énerve.
Mais aussi vite qu'elle avait sombré dans une colère glaciale, elle avait retrouvé sa bonne humeur, glissant les plumes arrachées dans sa besace et reprenant sa marche. Il la suivit, se sentant de plus en plus à l'aise, quand bien même il venait de voir un aspect des plus impressionnant de sa personnalité.

- Je m'excuse de ne pas m'être présenté... j'étais un peu énervé. Je me nomme Anarion Curufinwë, je suis un elfe de la mer, comme vous l'avez deviné. J'ai quitté les miens il y a longtemps déjà, à cause... d'une histoire... familiale qui a mal tourné. Il en dévoilait très peu sur son passé, mais en réalité il n'en avait jamais dit autant, pas même à la semi-elfe. C'est dire s'il se sentait en confiance ! Depuis j'erre sur les routes, cherchant un repos que je n'arrivais pas à trouver... jusqu'à maintenant. Cette ville est unique. Je pensais ne pouvoir trouver le repos que dans une cité elfique, mais c'est chez les hommes que je l'ai trouvé.

Il resta un moment silencieux. Il se demanda pourquoi il s'était autant confié... peut-être parce qu'il parlait à un ange. Il n'empêche, il n'était pas à l'aise. Il savait que Kéa pouvait lire dans les pensées, mais il ne pouvait s'empêcher d'être perplexe, et de se demander ce qu'un ange faisait dans le monde physique... puis son regard, errant sur les murs des maisons, se posa soudain, en regardant entre deux maisons, sur les ruines de la citadelle, au loin, qui se dressaient, menaçantes, sur la cité blanche, comme l'ombre d'un passé obscure - pour lui, en tout cas.

- Le Château... l'avez-vous connu du temps où il était encore debout et habité ?

Il s'était posé de nombreuses questions sur le château à partir du moment où il avait posé le pied à Sinastra. Il avait longtemps étudié la magie, et il sentait dans ces ruines une présence obscure, un souvenir froid qui l'intriguaient. Il avait déjà demandé à Nathanaëlle, mais elle avait éludé la question, et les questions sans réponses tournoyaient dans sa tête.

Pourquoi personne n'en parle-t-il ? Qui était ce roi démon ? Pourquoi est-il parti ? Comment une si belle cité peut-elle être l’œuvre d'un démon ?

Invité

- Je m'excuse de ne pas m'être présenté... j'étais un peu énervé. Je me nomme Anarion Curufinwë, je suis un elfe de la mer, comme vous l'avez deviné. J'ai quitté les miens il y a longtemps déjà, à cause... d'une histoire... familiale qui a mal tourné.*tiens, tiens une histoire de famille qui a mal tourné. Argent ? Honneur ? Amour ? qu’est-ce qui peut être à l’origine de cette rupture familiale ? *Depuis j'erre sur les routes, cherchant un repos que je n'arrivais pas à trouver... jusqu'à maintenant. Cette ville est unique. Je pensais ne pouvoir trouver le repos que dans une cité elfique, mais c'est chez les hommes que je l'ai trouvé.

Il resta un moment silencieux. Cela semblait difficile pour lui d’en dévoiler autant sur lui et son histoire.

- Le château... l'avez-vous connu du temps où il était encore debout et habité ?

Pourquoi personne n'en parle-t-il ? Qui était ce roi démon ? Pourquoi est-il parti ? Comment une si belle cité peut-elle être l’œuvre d'un démon ?

L’ange tourna la tête pour voir de quoi parlait l’elfe. Elle regarda dans la même direction que lui et apercevait les ruines du château. Elle n’avait jamais connu ce château qu'en ruine. Avec des ombres malfaisantes y rodant. On lui avait un jour expliqué que ça n’avait pas toujours été le cas. Qu’a une époque mais qu'elle ne saurait dire laquelle je châteaux était beau, grand et d’une blancheur étincelante. Mais que le roi démon en avait pris possession et avait tyrannisé la population. Une résistance avait alors éclaté et mener le démon à fuir. Toutefois il finit par revenir dans la cité. Mais alors il n’était plus roi.

Toutefois elle avait rencontré ce fameux roi démon. Elle avait même passé beaucoup de temps avec lui. Tout d’abord elle avait voulu s’emparer de la partie obscure du cœur du démon. Pour se l’approprier et devenir elle-même plus puissante que jamais. Mais au final elle finit par éprouver une forme d’attirance et d’amour pour ce Djidane.

-Non je n’ai pas connu du temps où il tenait encore sur ses fondations. Je suis arrivé après la guerre qui a fait rage dans cette cité. La cité n’a pas été créée par le roi démon. Elle était là bien avant.Kéa hésita un instant à poursuivre. Mais elle ne voyait pas pourquoi elle ne pourrait pas parler de Djidane.Il n’était pas forcément aussi ville que certain pouvait le prétendre. Certes il a fait beaucoup de mal et il avait une envie démesurée de contrôle. Mais il pouvait parfois lui arriver de montrer un autre visage.

À ces mots le cœur se serra. Elle regarda le bazar autour d’elle pour trouver une échappatoire. Elle ne voulait plus voir les ruines ni même en parler. Son regard s’accrocha à une bande de saltimbanques qui s’était improviser une petite scène et jouait des airs entêtants. Des danseurs habillés de couleur vive dansaient et invitaient le publique à se joindre à eux. Elle attrapa le bras d’Anarion et l’entraina à sa suite dans un pas de course jusqu’aux danseurs.

- Non je n’ai pas connu du temps où il tenait encore sur ses fondations. Je suis arrivé après la guerre qui a fait rage dans cette cité. La cité n’a pas été créée par le roi démon. Elle était là bien avant. Anarion regarda Kéa tandis que celle-ci marquait une pause dans ses révélations. Il n’était pas forcément aussi ville que certain pouvait le prétendre. Certes il a fait beaucoup de mal et il avait une envie démesurée de contrôle. Mais il pouvait parfois lui arriver de montrer un autre visage.

À ces mots, Anarion se sentit gêné. Il était clair que Kéa avait connu le démon, et qu'elle l'avait aprpécié - à quel point ? Il n'en savait rien. Un ange et un démon ? C'était étrange, mais en même temps admirable. Il ne sut que penser. Lui qui croyait avoir trouvé l'amour le plus impossible...
Il remarqua la gêne de l'ange. De toute évidence, elle ne voulait pas s'étendre sur le sujet, et ce n'était pas lui qui allait le lui reprocher. Lorsque son regard, suivant celui de Kéa, se posa sur les musiciens, il fut étonné de remarquer à quel point le style musical était semblable à celui auquel il avait été habitué chez lui. Une musique qu'il aimait beaucoup... Il remarqua ensuite les danseurs, et fut heureux de ne pas se trouver dans le voisinage de l'orchestre, ou on aurait probablement essayé de l'embarquer dans la danse.

À peine cette pensée avait-elle traversé sa tête que Kéa lui prit la main et l'entraîna avec entrain vers les musiciens, avec apparemment la ferme intention de danser. Anarion sentit la panique lui nouer le ventre. Non pas qu'il ne sache pas danser - il avait tout vu et connaissait à peu près toutes les danses, depuis celles des salons jusqu'aux danses effrénées qu'appréciaient les humains en passant par les farandoles de village. Non, le problème était plutôt qu'il détestait se donner en public, et même s'ils n'étaient pas seuls, il n'avait aucune envie de s'exposer.

Mais Kéa ne lui laissait pas vraiment le choix... Aussi se força-t-il à mettre son orgueil de côté. Et au bout d'un moment, il finit par se sentir de plus en plus détendu, se laissant entraîner par le rythme et ne prêtant plus attention à la foule, se concentrant sur les pas aériens et hypnotiques de l'ange et sur la musique ; et il finit par se rendre compte qu'il appréciait cela.

Puis la musique retomba et les badauds applaudirent, encourageant les musiciens à continuer. Anarion esquissa un sourire à l'intention de sa cavalière puis se mit sur le côté - il avait apprécié la danse, mais il ne voulait pas trop s'échauffer non plus. C'était peut-être - sûrement - une réaction coincée, mais il n'arrivait pas à se sentir à l'aise très longtemps sous le regard des autres.

- Merci beaucoup pour la danse. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas lâché comme cela... Puis il marqua une hésitation avant de reprendre. Vous savez, avant, j'aimais beaucoup danser, jouer de la musique, faire tout cela... mais j'en avais perdu le goût, et vous me l'avez redonné. Merci.
Puis, après quelques temps, il se pencha et, lui prenant la main, il l'embrassa. Un geste un peu vieillot, mais qui signifiait beaucoup à ses yeux.

- Elen síla lúmenn' omentielvo, mellon. Anar kaluva tielyanna. Une étoile brille sur l'heure de notre rencontre, amie. Le soleil éclairera votre route.
Il ne savait pas si l'ange connaissait l'elfique, mais il espérait que le ton sur lequel il avait prononcé les paroles serait assez explicite, et que la magie de sa langue lui permettrait d'en saisir le sens.

Invité

L’ange sentait qu’Anarion était gêné de se donner ainsi en spectacle devant tant de monde malgré le fait que la musique lui plaisait. Kéa quant à elle n’avait cure de se donner en spectacle elle aimait danser et sur tout elle aimait par-dessus tout se sortir de la tête ses anciennes histoires de guerre et de roi démon. Kéa était heureuse de voir que l’elfe connaissait aussi bien qu’elle les pas de cette danse entrainante aux aires un peu elfiques. Les humains avaient le don pour s’approprier tous les styles de musique et les rendre encore plus braillant.

Puis la musique retomba et les badauds applaudirent, encourageant les musiciens à continuer. Anarion esquissa un sourire à Kéa puis se mit sur le côté. Elle senti qu’il n'arriverait pas à se sentir à l'aise plus longtemps sous le regard des autres.

- Merci beaucoup pour la danse. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas lâché comme cela... Puis il marqua une hésitation avant de reprendre. Vous savez, avant, j'aimais beaucoup danser, jouer de la musique, faire tout cela... mais j'en avais perdu le goût, et vous me l'avez redonné. Merci.

Il se pencha et, lui prenant la main, il l'embrassa. Un geste un peu vieillot. Kéa sourit cela faisait longtemps qu’un homme n’avait pas pris le temps de lui manifester autant de respect. Elle n’en attendait pas moins d’un elfe Telerin. Puis Anarion reprit la parole dans sa langue natale. Kéa comprit chacun des mots qui sortait de la bouche de l’elfe.

- Elen síla lúmenn' omentielvo, mellon. Anar kaluva tielyanna. Une étoile brille sur l'heure de notre rencontre, amie. Le soleil éclairera votre route.

Kéa était heureuse qu’il parle ainsi dans sa langue. Ça la toucha profondément

- Que le soleil éclaire la vôtre également mon ami. J'ai été très heureuse de faire votre connaissance.Il fit une pause où elle offrit un sourire très tendre à son interlocuteur. Mais je dois à présent vous quitter. J'espère qu'on se rencontrera de nouveau.

L'ange offrit un dernier sourire à Anarion avant de tourner les talons et de disparaitre dans la foule du bazar. elle avait vraiment été très heureuse de rencontrer Anarion et espérait au plus profond d'elle qu'elle le reverrait bientôt. car elle n'était plus certaine que ses amis d'antan soient encore présents dans les rues de la cité. mais la journée avait été longue et Kéa se sentait lasse. Machinalement ses pas la remmener à l'auberge où elle paya une chambre pour la nuit. elle chercherait un logement stable demain, aujourd'hui elle n'avait plus qu'une envie retirer ses bottes et s'assoir dans un fauteuil confortable près d'un bon feu.

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