Le retour du repos

Son coeur bondit lorsqu'il vit la cité au loin. La merveilleuse cité de Sinastra qu'il avait laissé il y a bien longtemps. Sa quête bien que non couronnée de succès ne fut pas vaine. Il en revenait avec un manuel d'utilisation, un tome de savoir ancien. Enfin, juste une page, un simple parchemin qu'il portait dans la sacoche à sa ceinture. Il doutait qu'on le reconnaisse vu l'état dans lequel il se trouvait et les gardes l'avaient vu boiter jusqu'à la porte. Lorsqu'il passait devant eux ils eurent un moment de réflexion avant de reconnaître tout de même le guerrier. En effet, si la plupart des habitants ne le connaissaient pas, les gardes eux, savaient qui il était dans cette ville. C'est sans un mot qu'il le regardèrent entrer. Son regard foudroyant les dissuadant de poser la moindre question. Ses cheveux autrefois indigo étaient clairement parsemés de gris et de blanc, sa barbe n'était plus et son visage avait pris des rides ... Bien trop vite ... Ils se demandaient encore sans doutes ce qui avait bien pu arriver à Aracknur lorsque celui-ci tournait le coin de la rue et quittait leurs regards.

Sinastra, cette magnifique cité aux milles étoiles et aux milles visages. Cela avait été un choix difficile pour lui de partir mais c'est un périple qu'il avait du entreprendre. Il lui restait un mystère non-résolu. La disparition de sa bien-aimée Ydrasiël. Même si elle avait prit toutes les mesures pour que le guerrier sache que le fait était inéluctable, celui-ci n'avait pas été convaincu et avait décidé de partir chercher une solution. Il avait parcouru de nombreux territoires et revu de nombreuses connaissances. Apprenant ci et là des informations précieuses. Retardé ci et là par des escarmouches. Même en voyage important, Aracknur ne savait refuser son aide à ceux qui la réclamaient et en avaient besoin. Mais au bout du chemin ...

Oh il connaissait le chemin. Il l'avait fait de nombreuses fois et aurait sourit s'il avait pu en voyant telle encoche sous une fenêtre qu'il avait faite plus jeune, ou alors cette entrée en bois si caractéristique de la multi-culture de cette cité. Son but se trouvait non loin de la porte, mais n'avançer que sur une jambe avait ce côté positif que l'on avait le temps d'admirer le décor. Lorsqu'il arriva en vue de ses portes, le guerrier rangea l'épée à demi-brisée qui lui servait difficilement de béquille dans son dos, grâce à un cordon qui passait sous ses épaules et lui ceignait le torse. Si on l'avait suivi, on l'aurait facilement pisté avec la marque caractéristique qu'il laissait derrière lui.

Et c'est ainsi, naturellement qu'Aracknur avait franchi les portes de la taverne, mettant un terme net au brouhaha en émanant, et avait filé droit au bar, les yeux de l'assistance posés sur lui. En effet il n'avait point fière allure, son armure brisée et en morceaux ne tenait que par deux lanières de cuir prêtes à céder à n'importe quel instant. le fantôme d'une épée qui avait dû autrefois être magnifique mais qui aujourd'hui faisait peine à voir remplaçait peu fièrement son magnifique marteau qu'il adorait polir jadis. Ses chausses en lambeaux dénotait clairement avec les atours qu'on lui avait vus porter élégamment par le passé. Sa tunique, ou ce qui en restait, lui servait de garrot au bras gauche qui traînait le long de son corps, apparemment inerte. Le guerrier ne semblait prêter attention aux citoyens interloqués. La grimace qui lui barrait le visage était due à une blessure au visage qui tirait sur un nerf.

_ " Tavernier, un double whisky, une pinte et un Ballylickey Belt ! "

Il sortit de sa poche, à l'aide de sa seule main valide, une bourse d'où glissaient quelques pièces et l’abattit sur le comptoir. Ne prenant pas la peine de se retourner malgré le silence qu'il avait engendré, il se hissa difficilement sur un tabouret et attendit que le barman lui donne sa commande. Il prit le whisky et le but d'un coup, laissant sa grimace s'élargir, puis il chopa la chope et fit choir son contenu entier dans son gosier d'une traite. Enfin il s'accouda au bar et pris un instant pour prendre son souffle et donner au tavernier ses deniers. Il sortit un parchemin de sa sacoche, qui, de son beige nacré était passé au rouge cramoisi du sang séché. Le déroulant, il se redressait, pour pouvoir utiliser son seul bras valide.

S'étant servi du verre à whisky et de la chope pour maintenir la missive droite, il empoigna le cocktail et commença à y boire quelques gorgées en relisant pour la énième fois l'énigmatique papier. Il devait bien y avoir quelque part écrit le but de sa recherche. Il en avait eu la confirmation par un sage qui s'était vu retiré la vie pour avoir osé profaner par la divination ce bout d'écriture sacré que le guerrier avait "cloué" sur le bar. Sur celui-ci les symboles énigmatiques se mêlaient les uns aux autres et personnes n''avait pu déchiffrer son contenu. Contenu qui habitait les rêves, les cauchemars et les pensées du guerrier, jour et nuit depuis qu'il était entré en sa possession. Comme une malédiction, ce tumulte mental le poussait à trouver la signification des ces tracés.

Le cours des conversations reprit doucement et bientôt le brouhaha reprendrait son calme habituel. Aracknur ne semblait ni heureux ni malheureux des lignes qu'il dévoraient. Après des années de recherches, il avait enfin réussi, il avait trouvé ce qu'il cherchait et revenait à Sinastra, las, en piteux état, mais plus assuré que jamais. Rien ne pourrait plus passer sa garde désormais. Tout ce qu'il avait apprit, lui avait fait comprendre ses erreurs d'antan. Non pas qu'il soit plus fort, loin de là, le guerrier avait même perdu en puissance ... Bien perdu ... Mais il s'était assagi. Laissant tomber la témérité pour la réflexion. Il prenait désormais beaucoup moins de plaisir à se battre par les armes que par les mots.

Aujourd'hui fort de son pèlerinage, il allait redonner une consistance et une identité au souvenir qu'il avait laissé ici. D'ailleurs, Aracknur relevait les yeux pour tomber sur ...

... Nathanaëlle, qui dévorait avidement le steak que Prosper venait de lui servir. À la voir ainsi, on aurait pu penser que la semi-elfe n'avait rien avalé depuis des lustres, ce qui n'était pas totalement erroné. Les taquineries de Yorwan sur les elfes "mangeurs de verdure" l'avaient conduite à faire un pari avec l'homme-fauve : elle ne mangerait que de la viande, un mois durant.
Les enjeux de ce défi n'avaient pas été fixés, mais cela lui importait peu. C'était une question d'honneur. Elle ne pouvait pas perdre face à Yorwan.

Ainsi donc, ce n'était pas la faim mais la détermination qui conférait à Nathanaëlle son énergie. Las cependant de ces repas monotones, elle se désintéressa vite du contenu de son assiette, qu'elle engloutit néanmoins à gestes mécaniques. Son attention se porta sur son environnement proche, à savoir la Taverne. Celle-ci était bruyante et animée, comme à l'accoutumée, et nul ne prêtait attention à la jeune elfe assise seule au fond de la salle. Elle avait donc tout loisir d'observer les clients, sans risquer d'être remarquée.

L'arrivée d'un homme étrange l'avait distraite. Grand, les cheveux indigos marqués par les affres du temps, la démarche incertaine, un bras pendant le long du corps ... le nouvel arrivant avait de quoi effrayer. Comme pour donner raison à Nathanaëlle, les conversations se turent à l'instant même où il fit un pas vers le comptoir. La jeune elfe elle-même, sans trop savoir pourquoi, sentit ses doigts se crisper sur le fourreau de son épée. Il y avait quelque chose de dérangeant dans les manières de cet homme, quelque chose que la sang-mêlé ne s'expliquait pas.

Elle le dévisagea tandis qu'il commandait à boire, puis quand il posa d'un geste brusque plusieurs pièces sur le comptoir. Il sortit de sa poche ce qui semblait être un parchemin, qu'il posa devant lui et cala sous sa chope et son verre vides.
Lorsqu'il leva la tête, leurs regards se croisèrent et la semi-elfe eût, un instant, une autre image devant les yeux : celle de Yorwan buvant un verre de lait en plaisantant avec Aracknur.

Nathanaëlle fronça les sourcils. Pourquoi se souvenait-elle de cela ? On n'avait plus vu Aracknur depuis bien longtemps, et Yorwan buvait désormais seul. Elle observa l'homme qui lui faisait face avec une attention accrue. Cette couleur de cheveux, ce visage ... elle tenta de l'imaginer plus jeune, avec une barbe et le petit sourire amusé qu'il arborait en la voyant, jadis, se chamailler avec Reyan. De surprise, l'elfe lâcha sa fourchette qui tomba dans son assiette avec fracas. C'était possible. Probable, même. Cet homme était sûrement Aracknur. Par quel miracle ... ? Après si longtemps, tant de temps sans donner de nouvelles !

- ... Aracknur ? Sa voix était si basse qu'elle n'était pas certaine qu'il puisse l'entendre. Mais il comprendrait qu'elle l'avait reconnu.

La sang-mêlé n'avait jamais été très proche du guerrier, mais il faisait partie des gens qu'elle reconnaissait et saluait lorsqu'elle était encore jeune et ne vivait dans la cité que depuis un an. Il était un morceau de son cadre de vie, en quelque sorte. Son nom était toujours associé à celui de Yorwan. Ils faisaient la paire, tous les deux, et n'étaient pas les derniers pour élaborer des tours et des blagues et faire tourner Lynaëlle ou Ràna en bourrique.
C'était si loin, tout cela, et d'un coup si proche ! C'était comme si, en revenant, Aracknur avait remis le temps en route là où il s'était arrêté pour lui quand il avait quitté Sinastra.

Nathanaëlle se demanda s'il la reconnaitrait. Elle n'avait que treize ans lorsqu'il était parti, et à présent elle avait bien grandi. Se souviendrait-il de la petite elfe que l'on avait voulu enterrer vive ?

Invité

Volcome avait dû accepter de faire une chose qu’il n’avait pas fait depuis de très nombreuses année. Vendre son corps pour sa survie. Cette période n’était vraiment pas propice pour ses affaires. Peu de monde avait besoin de ses services de soigneur et le peu de personne qui en avait besoin n’avait pas les moyens de lui payer. Alors le soigneur avait dispensé ses soins gratuitement où contre quelques bouchées de pain.

La nuit commençait à tomber, il avait faim, il avait froid et il n’avait aucune envie de passer une nuit de plus à la belle étoile. D’autant plus que le ciel commençait à se couvrir et la nuit ne serait certainement pas clémente. L’angoisse le prenait peu à peu en voyant se dessiner dans sa tête l’ébauche d’un plan qui le tirerait de la rue pour cette nuit.

Depuis son retour dans la cité il avait pas mal arpenté les rues de sorte que maintenant il pouvait presque s’y ballader les yeux fermés. Il avait remarqué plusieurs ruelles dans les faubourgs qui, une fois que le soleil commençait à baisser, abritait des prostituées. Il se dirigea d’un air piteu. Il se mit un peu plus loin des femmes de joies pour ne pas empiéter sur leur territoir ni avoir de problème avec leur maquereau. Il tira de son sac une petite pochette dont il ne s’était pas servi depuis très longtemps, du maquillage. Tant bien que mal il camouflage du mieux qu’il peu la cicatrice qui lui barrait le visage.

Un longue attente commença. Il souriait au passant se faisant le plus séduisant possible malgré la honte qui le submergeait. Il s’était promis de n’avoir recours à ces dons là qu’en extrême nécessité. Devoir faire le tapin pour trouver un lit chaud et, il l’espérait, de quoi manger le renvoyait à ses années de servage. La nuit était de plus en plus présente et il avait de plus en plus froid même s’il ne le montrait pas. Ce n’est qu’une fois la nuit bien avancée, qu’un homme d’un âge avancé, Volcome lui donnait environ 70 ou 75 ans, s'approcha de lui. Un bourgeois plutôt bien conservé et joufflue. il avait bu et semblait particulièrement de bonne humeur.

Volcome s’attendait à ce que l’homme le paye pour une passe rapide et discrète mais il est fût autrement. Le bourgeois intima au jeune homme de le suivre il marchèrent un moment en silence avant d’arriver devant une taverne. C’était le taverne des Os enflammés. La taverne la plus sordide de la ville. Mais au moins ici personne ne poserait de question au bourgeois s’il alignait la bonne somme d’argent. Prospère Leur ouvrit une des petite chambre à l’étage et leur apporta un plateau fourni de fromage, de pain et de charcuterie ainsi de deux bouteil de vin.

Ils mangèrent et burent en grande quantité. L’alcool et la nourriture réchauffa le corps du jeune homme le berçant dans une douce euphorie qui lui fit presque oublié le dégoût qui le prenait quand le Bourgeoi commença à le dévêtir. Ce dernier frissonna à la vu des nombreuses cicatrices de Volcome.Mais il ne frisonna pas de dégoût ou de peur, non il frissonna d'excitation et de plaisir à le vu de ce corps qui avait été mutilé par la vie. C’en était écoeurant cet homme était un pervers qui se repassait du malheur des autres et prenait un plaisir certain à voire un être humain à la merci de ses moindre désir. Il devait oublier l’ennuie que sa femme lui procurait lorsqu’il prenait avec passion ou de force des hommes plus jeune que lui.

-Allez gamin détend toi. Tu peux bien te laisser faire un peu, après tout je t’ai nourri et offert un toit pour la nuit. C’est pas ce que tu voulais ?

Si c’est exactement ce qu’il voulait, mais il aurait préféré cent fois l’obtenir d’une toute autre manière et avec une toute autre personne. L’image d’Arthémise s'imposat à son esprit. Mais Volcome la chassa vite il ne voulais pas mêler le souvenir de la jeune fille avec cette nuit qui allait être sans aucun doute un supplice.

Volcome but encore pour embrumer son esprit. La nuit passa lentement consommant cet amour feint.Le plus souvent il se fit malmener par l’homme qui prenait plaisir à être violent, mais parfois il se retrouvait dans l’obligation de rendre ces gestes d'affection. Il usa de tout ce que son ancien maître lui avait appris dans les actes charnel pour donner tout ce que voulait l’autre homme et plus encore. Le jour commençait à pointer lorsque que le bourgeois s’écroula enfin de sommeil.

Volcome laissa aller ses larmes en silence pendant quelques minutes avant que le sommeil ne l’emporte aussi.

Il se réveilla plus tard dans la journée. Un goût amer dans la bouche son corps était entièrement courbatue. Le bourgeois avait quitter les lieux. Il lui avait laisser un message :

J’ai payé la chambre pour une nuit supplémentaire. Je pense qu’elle te sera nécessaire pour te reposer après notre nuit plus que mouvementé.
J’ai vraiment été agréablement surpris pas ton savoir faire et ta discrétion, j’espère de tout mon être qu’on sera amené à réitérer l’expérience.

A la lecture de cette dernière phrase l'estomac de Volcome se souleva et attrapa rapidement de pot de chambre qui se trouvait juste à côté et y répandit l’intégralité du contenue de ses entrailles.

Une fois remit le jeune homme se releva lentement et s’habilla. Ce n’est qu'à ce moment là qu’il remarqua à côté des reste du plateau repas sur la table une coquette somme d’argent. Le bourgeois avait vraiment dû apprécier les talent de Volcome pour laisser cette somme qui permettra au guérisseur de vivre tranquillement pendant au moin un bon mois. Cela adoucit très légèrement l’amertume du jeune homme. Mais il ne s’en sentait pas moins honteux. Il devait oublier au plus vite cette nuit.

Il descendit dans la salle principal de la taverne. La salle était pleine de conversations. Personne ne prêta la moindre attention au jeune homme. La seule place disponible était à côté d’un homme au allure de guerrier dont les cheveux grisonnant semblaient avoir été violet dans une autre vie. Volcome se laissa tomber sur le tabouret. Il hela Prospère pour lui commander un verre de son wisky le plus fort qui descendit à l’instant où prospère lit tendit. Il en recommanda un deuxième immédiatement qu’il vida tout aussi rapidement.

Prospère lui apporta un troisième verre avec un regard de compréhension pour Volcome. Ce verre là il ne le bu pas cus sec. Il y trempa une première fois les lèvre mais n’en but pas une goutte. Il vit rouler le verre entre ses doigts regardant le liquide se mouvoir avec grâce. Ses pensées commençait à dériver et malgré lui une larmes perla discrètement au coin des ses yeux.

RP VERROUILLÉ POUR INACTIVITÉ.

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