Un retour bien arrosé

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Cela fait bien longtemps que Volund n'a pas foulé le sol de Sinastra. Si vous lui posez la question, il vous répondra qu'il est parti il y a une décennie. Mais en vérité cela fait moins d'un an qu'il est parti rendre visite à son cousin éloigné, qui au passage n'avait pas été au courant de son bannissement. Son voyage avait été plein de surprises et de rebondissements. Il fut également dangereux mais Volund ne démordrait pas que c'était seulement une promenade de santé. Ah la fierté naine !

Volund sourit en passant les portes de Sinastra. Les gardes le saluèrent et le nain répondit. Il avait passé de sacré bon moment avec eux, à parier sur des choses plus idiotes que les autres. Il prit une grande bouffée d'air de la ville qu'il habite.

Son cousin avait insisté pour que Volund reste avec lui dans la montagne rouge mais Volund avait refusé. Impressionnant non ? Il a refusé une vie de Nain avec bière à volonté, de l'or et des bijoux à foison,il aurait eu une femme et des enfants pour assurer sa descendance, un travail confortable où tout le monde connaîtrait sa réputation. Il aurait travaillé avec des Nains, ses clients auraient été des Nains et il n'aurait pas vu une seule frimousse d'Elfes, de Fées qu'elles soient du feu, de l'eau ou autre chose, d'Humains, d'Urcans, d'Elfes, de Vampires, d'Hommes-Fauves, de Gobelins, d'Elfes, de Démons, d'Anges qu'ils soient déchus ou encore démoniaques, de Poupées vivantes faites de chair et de sang, d'Elfes, de Dragons, de Droukanns, de Sylphes, d'Elfes, de Trianns, de Sirènes, d'Aladriels ou encore d'Elfes.

Mais Volund avait décidé de revenir à Sinastra. Il s'y sentait bien et après son bannissement, elle avait été la première à l'accueillir à bras ouverts, enfin à portes ouvertes.

Volund secoua la tête au mauvais souvenir et réajusta son sac plus grand que lui sur son dos qui fit un boucan d'enfer. Les casseroles qui pendaient se heurtèrent et il entendit les pierres précieuses qu'il avait ramené s'entrechoquer. Quelques personnes tournèrent la tête et reprirent leur chemin mais trois personnes s'approchèrent du nain.

-Eh Volund, ça fait un bail ! S'exclama Horrik, un homme barbu.

Horrik lui tapota le dos vivement ce qui fit bouger les casseroles et les pierres précieuses. L'humain était quelqu'un de sympathique et un peu idiot de l'avis de Volund. Mais il ne lui dirait pas parce qu'il mesurait environ deux mètres et qu'il était beaucoup plus baraqué que le nain. Horrik avait été soldat mais suite à une blessure il avait pris sa retraite. Il arborait une horrible cicatrice sur son crâne nu.

-T'en fait du raffut dis donc, commenta Glarb avec une voix posée presque monotone.

Le gobelin fit seulement un signe de tête, Volund avait appris à force de le côtoyer que Glarb n'aimait pas être touché, même bourré. Le gobelin n'était pas méchant et il n'était pas vraiment comme les gens de sa race. Cela pouvait s'expliquer par le fait qu'il n'a pas été élevé par des gobelins. Il n'est pas vraiment sociable et on dirait qu'aucune émotion le traversait mais il est très futé.

-T'étais où ? Demanda finalement le dernier de la bande.

Ierifolpaut, le deuxième gobelin de la bande observa Volund de ses yeux crasseux. Le nain ne l'aimait pas trop. C'était une fouine qui s'intéressait de trop près à la richesse de Volund. Ce dernier essayait de l'éviter le plus possible. C'était rare quand Ierifolpaut trainait avec Horrik et Glarb.

-J'suis parti voir un cousin. J'ai passé un moment avec lui pour prendre des nouvelles de mon peuple vu qu'il n'y a que moi comme nain ici.

-Et tu ramènes des choses ? Demanda Ierifolpaut en reniflant le sac de Volund.

Ce dernier se tourna violemment vers le gobelin pour éloigner son butin des mains du susceptible voleur. Tout en fixant cet être abject, Volund recula pour s'éloigner.

-Bon les gars, ce n'est pas que je m'ennuie mais il faut que je m'installe et on se reparlera à l'occasion, expliqua Volund tout en s'en allant.

Une fois assez loin, il se retourna et courut le plus loin possible. Il s'arrêta et s'adossa à un mur d'une maison. Il reprit son souffle et enleva son sac. Il vérifia qu'il était bien fermé. Après la minutieuse vérification, Volund reprit sa route vers sa baraque.

***

Il ouvrit la porte et vit qu'il y avait bien un brin de ménage à faire.

-Je m'en occuperai plus tard, souffla-t-il.

Un coup d'oeil rapide l'informa qu'aucun meuble n'a été bougé. Il sortit la bouffe de son sac et décrocha les casseroles. Il posa le tout sur une table crasseuse.

Il se dirigea alors vers sa chambre et prit une chaise qu'il plaça à un endroit précis. Il prit un gros bouquin, nan il ne lisait pas mais les livres servent à autre chose, et le posa sur la chaise. Une fois chose faîtes, Volund monta sur le meuble et toucha le plafond. Il donna un grand coup dessus et un pan du mur de la chambre s'ouvrit. Le nain descendit rapidement et se faufila dans l'entrée cachée. La maison avait été construite de sorte que l'on ne remarque pas qu'un lieu de la maison était inutilisé. La pièce secrète se trouvait au centre de la baraque.

Il avisa les dix-huit gros coffres et désactiva le piège. Ce piège était placé sur deux rangées de dalles devant l'entrée. Tout était calculé pour que la personne qui s'infiltrait marche dessus. Les dalles mesuraient un mètre et cinquante centimètres donc même quelqu'un de grand ne pouvait faire des enjambées de trois mètres. Une fois le piège activé, les fonds des dix-huit coffres disparaissaient pour faire tomber leur butin dans un tunnel creusait par Volund. Le tout sans un bruit. Les fonds se remettaient en place et le voleur trouvait tous les coffres vides. Mais bon, il fallait d'abord qu'il trouve le mécanisme pour entrée dans cette salle.

Le tunnel débouché dans la cachette de la cave de la maison de Volund, juste en dessous de la pièce secrète. Il y avait également un mécanisme d'entrée dans la cave et d'autres pièges, on n'était jamais trop prudent.

Il ouvrit un des gros coffres en chênes et remarqua que personne n'était rentrée durant sa longue absence. Il versa le contenu de son sac dedans.

Une fois son butin en sécurité, il prit quelques pièces d'or pour pouvoir aller bourlinguer à la Taverne des Os Enflammés.

***

Une fois sur les lieux, Volund commanda huit pintes de bière et partit s'asseoir à une table vide. Des gens vinrent le saluer et papoter un petit peu avec lui car Volund venait de faire son apparition.

Cela allait bientôt faire vingt heures qu'Anarion n'avait pas mangé un morceau, et lorsqu'il poussa la porte de la taverne, il était affamé. Il aurait mieux valu qu'il aille à une auberge pour se restaurer, mais il aimait bien l'ambiance de cet endroit. Avant même qu'il ne pousse la porte, il entendit des rires gras et des conversations enjouées, et lorsqu'il passa l'huis et sentit les odeurs, un léger sourire se dessina sur son visage. Ce n'était certes pas un endroit très beau ni très distingué, mais c'était un endroit convivial.

S'asseyant à une table éloignée des autres, dans un coin, il s'attaqua avec voracité au repas qu'on lui avait apporté. Il aimait bien promener son regard sur les clients de la taverne, car ils étaient tous différents: ici un vieil ivrogne qui serrait sa bouteille dans ses bras, là un groupe de jeunes qui parlaient avec animation d'un quelconque sujet pseudo-philosophique, ici encore une créature couverte d'écailles dont la nature lui échappait déambulait entre les tables... Sinastra était vraiment une citée cosmopolite. Lorsqu'il fut arrivé à la fin de son repas, il s'attarda, ne souhaitant pas partir - la vérité étant qu'il ne savait pas quoi faire. Il ne s'était jamais arrêté aussi longtemps dans une ville; d'ordinaire il s'arrêtait juste le temps de se restaurer, parfois il prenait un petit travail pendant quelques jours pour regarnir sa bourse, mais ici il n'y avait plus aucune raison qui le pousse à rester, et pourtant... il était toujours là.

Toujours perdu dans ses pensées, il ne fit pas attention lorsqu'il entendit la porte grincer puis le fracas peu discret qui suivit l'entrée du nain et de son sac immense dans la taverne - en même temps, s'il devait faire attention à chaque fois que quelqu'un poussait la porte, il ne pourrait rien faire d'autre. Il recommença à s'amuser avec son vin, l'élevant dans les airs, le séparant en centaines de minuscules gouttelettes écarlates, en long cristaux gelés, en cercles et en triangles... Comme à chaque fois qu'il le faisait, il se détendit et se sentit bien. User de magie exerçait sur lui un étrange pouvoir bienfaisant; mais alors qu'il était presque heureux, il vit à travers le vin rouge une tête barbue surmontée d'un casque, et il fronça les sourcils - autrement dit, il était contrarié. Les gouttes se reformèrent rapidement avant de réintégrer le verre, et il but d'un trait, son bien-être ayant entièrement disparu.

Il n'aimait pas les nains. Il n'avait aucun problème à le reconnaître, et de toute façons il se fichait pas mal de ce que les autres pouvaient penser de lui: il n'aimait pas les nains, et voilà. De toute façon, il ne connaissait presque aucun elfe qui ait une quelconque affection pour un nain, ou vice-versa: que ce soit leurs centres d'intérêt, leurs cultures, leurs façons de vivre, leurs physiques ou même leurs façons de combattre, tout opposait leurs deux races. Pour Anarion, c'était bien simple: là où les elfes étaient l'incarnation même du raffinement, de l'intelligence, de la subtilité et de la patience, les nains étaient grossiers, superficiels, irrespectueux... bref, tout blanc d'un côté et tout noir de l'autre.

Tournant sa chaise en direction du nabot, il le fixa, un sourire narquois - certains auraient sûrement dit méprisant - sur le visage, écoutant ses conversations et observant ses gestes. Cela faisait un certain temps qu'il n'avait pas croisé un nain, et, en vrai snob qu'il était, il avait besoin de se sentir un peu supérieur.

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Volund à genoux sur une chaise écouté son ami Igor lui raconté une des nombreuses péripéties qu'il lui était arrivé pendant la quasi-année d'absence du nain.

-... puis ma femme, elle m'a aidé à remonter la pente. Heureusement qu'elle est là sinon je pense que je passerai ma vie au fond d'un verre.

Volund hocha la tête et Viktor, le frère d'Igor, demanda au nain de conter une de ses aventures que les deux frangins appréciaient. En même le forgeron comprenait car sa vie à côté de la leur était beaucoup plus palpitante.

-Et bien je ne vais pas vous mentir mais la route jusqu'aux montagnes rouges n'était pas des plus calmes même si elle n'était pas dangereuse. C'était un soir qui semblait banal pour quelqu'un qui venait de passer trois semaines à dormir à ma belle étoile. Le bruit des grillons, celui d'un animal courant dans l'herbe haute ou encore celui de la rivière. Une nuit normal en somme. Mais rien ne s'est pas passé comme ça aurait dû se passer. J'enlevais tranquillement mon sac à dos pour pouvoir m'en servir comme oreiller quand un "plouf" se fit entendre dans la rivière juste à côté de mon bivouac. Un bruit normal en soi mais quand il fut suivi par d'autres "plouf" alors ce n'était plus normal. J'ai ramassé ma hache et je . . .

Volund avait ressenti depuis un bon moment un regard sur sa personne. Il est loin d'être paranoïaque mais c'était une sensation qu'il avait appris à aiguiser. Alors tout en racontant son histoire il cherchait des yeux la personnes qui posait sur lui un regard gênant. Il regardait tout de même ses amis pour qu'ils restent avec lui dans son récit. C'est alors qu'il posa son regard sur un elfe. Un elfe qui le regardait avec un sourire méprisant.

Sans penser aux conséquences et de toute façon, il ne pensait jamais aux conséquences, Volund se stoppa et apostropha l'elfe qui était différent de tout les elfes sylvestres qu'il avait rencontré.

-Oï ! Qu'est-ce que t'as à me fixer comme ça, 'spèce de petite m***e !?

Volund ne pouvait vraiment pas piffer les elfes. Il en avait déjà aperçu à Sinastra mais il ne les avait jamais abordé tant qu'eux ne le gênaient pas dans sa vie. Et cet elfe là le gênait, à le regarder d'un air supérieur tout en se moquant de l'histoire qu'il racontait.

Enfin, le nain le remarqua. Lorsque leurs regards se croisèrent, un doute germa insidieusement dans l'esprit de l'elfe... Et si... s'il était différent des autres ? Tous dans cette ville semblent être différents, anormaux, par rapport à leurs semblables... comme Natha. Ou comme Edwin, ou comme Arthémise, ou comme Bloem: tous ont des histoires étranges, particulières, et des caractères inhabituels; peut-être que ce nain...

- Oï ! Qu'est-ce que t'as à me fixer comme ça, 'spèce de petite m***e !? s'exclama le nain en question.

Moui, en fait non. C'est bien un nain comme les autres. Il hésitait entre deux réactions face à l'insulte grossière: soit il piquait une violente colère et vidait par magie tout les tonneaux de la taverne sur la tête du nabot, soit il gardait une attitude méprisante et trouvait une réplique à la hauteur. Il opta pour la seconde option, surtout parce que perdre le contrôle de soi était puéril. Et puis parce qu'il n'avait pas de quoi rembourser les tonneaux.

- Vu nos taille respective ainsi que les couleurs de nos vêtements, je pense que le qualificatif que vous m'avez attribué vous correspond bien mieux. Et pour répondre à votre question, je vous observais, tout simplement. C'est peut-être impoli, mais je doute que la politesse soit l'une de vos préoccupations première... ajouta-t-il avec une mauvaise foi assez flagrante.

Il allait encore s'attirer des ennuis... si lorsqu'il s'était attrapé avec Edwin Arthémise n'était pas arrivée, qui sait ce qui aurait pu se passer ? Cela aurait bien pu se détériorer jusqu'à finir en combat. Or là ce n'était vraiment pas l'endroit... mais il s'amusait trop pour s'en soucier.

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Suite à la réponse de l'être abject devant Volund, le nain devint rouge de colère et avala de travers sa gorgée de bière. Il toussa bruyamment et se leva. Il ne gagnait que quelques centimètres mais ça lui permettait d'être prêt si jamais il devait cogner la tapette devant lui.

Igor et Viktor se levèrent à leur tour et toisèrent méchamment l'elfe mais étant que de simple humain qui ne savait ni se battre ni faire de jeu d'esprit, ils reculèrent et se placèrent de l'autre coté de la table pour être capable de fuir si une bagarre arrivait au terme de cette discussion fort peu courtoise.

-Haha ! Même pas capable de former toi-même tes propres insultes. Tu préfères retourner celles des autres car tu sais que tu ne peux pas faire mieux ! Héhé ! Regardez-moi cette tapette ! Et en plus ça boit du pinard ! Tu ne seras plus capable de tenir debout car les elfes ne supportent pas l'alcool ! Après tout, les elfes ne sont que des femmelettes même pas capable de tuer un animal ou de marcher sur un brin d'herbe ! Cria Volund dans le silence de taverne puis il prit une voix fluette et entortilla des cheveux imaginaires. "Oh non, j'ai tué un végétal ! Je ne vais pas pouvoir supporter le poids de cette culpabilité ! Comment pourrai-je me présenter devant mes semblables ? Désormais je suis un criminel, je dois fuir mon peuple !". C'est comme ça que tu es arrivé ici, je suppose ?

La tirade terminé, le forgeron rit à gorge déployé tout scrutant les visages des autres clients. Tous gardaient le silence et attendaient avec impatience la suite. Le nain était fière de sa petite démonstration. Tout le monde pense que les nains ne sont que des idiots qui ne connaissent aucun mot de vocabulaire. Mais ceci est faux, c'est juste qu'ils s'énervent plus vite et ne prennent pas la peine de faire dans la finesse.
Il posa finalement son regard dans les yeux bleus de son interlocuteurs. Il lui semblait que les gens à Sinastra étaient différents mais cet elfe contredisait cela.

Comment vas-tu réagir, elfe ?

Lorsque le nain se leva, Anarion resta assis. Après tout, même dans cette position, il faisait la même taille que lui... Il remarqua que le nabot était rouge de colère, et que ses "amis" s'étaient levés. Évidemment, il s'agissait de rustres - c'était un nain, après tout, ses amis, même humains, ne pouvaient qu'être des hommes de ce genre - et il se contenta de les regarder avec un sourire narquois, nullement impressionné par leur carrure. Puis le nain déversa son torrent d'insultes, chacune étant un cliché sur les elfes tellement gros qu'il n'y avait que les nains pour y croire. Il y avait la plupart des choses qu'il avait l'habitude d'entendre lorsqu'il en croisait - à savoir le manque de virilité, la résistance à l'alcool et le rapport à la nature; en bref, rien de bien original. Lorsqu'enfin le nain eut finit de rire - grassement, bien entendu - Anarion lui adressa un grand sourire. Les insultes n'avaient aucun effet sur lui tant qu'il décidait de ne pas se laisser aller à la colère, et il savait bien qu'aucune de ces insultes n'était vraie, encore moins à son sujet qu'à celui des autres elfes; cependant l'honneur lui imposait de répondre.

- Pour ce qui est des insultes, les vôtres sont tellement mauvaises que même un elfe de cinq ans pourrait en imaginer de mille fois plus subtiles. Pour ce qui est de l'alcool, laissez-moi rire; vous avez déjà bu du miruvor ? Vous ne pourriez même pas en boire un verre sans vous évanouir. Désolé, mais notre organisme est bien plus performant que le vôtre, même pour l'alcool, seulement nous ne cherchons pas à étaler notre résistance naturelle aux yeux de tout le monde, puisque nous n'avons rien à prouver. Ensuite, cliché suivant... ah oui, la nature. Il s'agit de respect, une notion sans doute difficile à comprendre pour vous... et puis, ce n'est pas comme si je ne mangeais pas de viande fréquemment. Et pour finir, nous n'avons pas besoin de faire un étalage puérile de notre virilité: notre retenue et notre raffinement ne viennent pas d'une quelconque féminité, mais d'une solide éducation et de bonnes manières. Encore des notions qui doivent vous paraître étrangères.

Puis il se leva et se plaça devant le nain, les bras croisés et l'air méprisant. Il avait établit une défense qui lui semblait solide, il était temps d'attaquer.

- C'est vrai qu'insulter des gens grossièrement et boire comme un porc doit vous sembler agréable, mais je dois dire que ça ne m'inspire qu'un vague dégoût. Que voulez-vous, chacun ses traditions... heureusement que les nôtres visent à rendre notre vie meilleure et plus intéressante, pas à la rendre juste plus sale.

Puis il marqua une pause avant de s'approcher encore, curieux de voir la réaction du nain.

- Si ton seul but est de passer pour un dur auprès de tes copains, nabot, tu peux leur dire ce que tu veux sur moi, je m'en fiche. Mais j'aimerais juste mettre les points sur les i pour les autres, alors sache que les idiots dans ton genre ne m’impressionnent absolument pas, et que je me fiche pas mal de ce que tu penses de mon peuple puisque je sais très bien que de toute façon ce sera erroné. Alors reste dans ta médiocre vie si elle te plaît, mais arrête d'embêter les grands.

Sachant pertinemment qu'il venait de faire exactement ce qu'il avait reproché à son ennemi de faire, à savoir énoncer tous les clichés possibles sur sa race, il tourna les talons et se dirigea à nouveau vers sa table, ne prêtant pas la moindre attention à tous les regards fixés sur lui. Qu'ils soient impressionnés, moqueurs, hostiles ou amicaux, il n'en avait rien à faire. Tout comme il se fichait complètement d'être encore parti dans un échange d'insultes qui risquait bien de se terminer en bagarre... il se demanda si d'autres personnes y prendraient part. Les compagnons du nain, sûrement; peut-être quelques buveurs excités par la bagarre, le patron de l'endroit qui essaierait de les séparer... complètement inconscient, il espérait à moitié que la joute verbale devienne physique.

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Du haut de sa chaise, Volund avait écouté l'elfe avec fureur. Pendant que son "interlocuteur" parlé, le nain n'arrêtait pas de balbutier et d'émettre des borborygmes. Mais il se rendit compte que l'elfe était rentré dans son jeu même si il le faisait plus calmement que lui. Il lista tout les clichés que les elfes pensaient des nains.
Volund savait pertinemment que les elfes n'étaient pas la caricature qu'il avait annoncé car un de ses amis était devenue ami avec un elfe et avait même perdu dans un concours d'alcool.
Il n'écoutait qu'à moitié ce que disait l'autre, prêt à le frapper et totalement plongé dans ses pensés. Puis il se souvint d'un truc :

Attend, attend. Si je déclenche une bagarre dans cette taverne, je vais devoir payer les dégâts. Hors de question que je fasse ça à cause de cet elfe.

Volund fulmina un peu plus et repris contact avec la réalité. Au lieu de frapper l'elfe, il le laissa s'assoir calmement sur sa chaise. Le forgeron observa l'assemblée quelques instants. Il se détendit puis il se mit à rire. Il émit un rire joyeux au lieu d'un rire faux. Il s'assit à nouveau et regarda l'elfe dans les yeux.

-Ha ! Ha ! Cela faisait bien longtemps que mon sang ne s'était pas échauffé sous une joute verbale. Je dois vous l'avouer messire elfe que j'en avais perdu l'habitude avec un elfe. Il est vrai que mes répliques n'étaient que peu imaginatives.

Il fit une pause et se rendit compte qu'il parlait d'une façon trop polie pour sa race. Mais bon, cela montrait à l'elfe qu'il avait reçu une éducation. Et bien oui, il s'était senti vexé par les propos de l'elfe alors il lui prouvait qu'il avait tord, "amicalement" et sans devoir payer un sous.

-Enchanté ! Dit-il avec un grand sourire (faux ?). Il se leva et s'approcha de l'elfe tout en lui tendant la main. Je m'appelle Volund, forgeron. Je n'essaye pas de vous tromper. J'ai quelques relations amicales parmi les gens de votre peuple. Puis je ne vais pas gâcher mon retour dans cette ville tranquille juste parce que vous m'observiez de façon hautaine.

Le forgeron laissa sa main tendu et rit légèrement après sa dernière phrase.

Lorsqu'il avait terminé son assaut, il s'était attendu à une réplique furieuse et agressive ou à un poing dans la figure, mais certainement pas à un éclat de rire.

-Ha ! Ha ! Cela faisait bien longtemps que mon sang ne s'était pas échauffé sous une joute verbale. Je dois vous l'avouer messire elfe que j'en avais perdu l'habitude avec un elfe. Il est vrai que mes répliques n'étaient que peu imaginatives.

Anarion regarda le nain de travers. Qu'était-il arrivé au petit personnage qu'il avait méprisé avant même de le connaître pour son langage rustre et sa mauvaise foi ? S'était-il trompé sur son compte ? Le nain avait perdu toute animosité et semblait être en train de rire avec un ami. Comme s'il ne prenait pas tout cela au sérieux... Ou alors c'était une manière subtile de lui faire comprendre que sa vision des nains grossiers était peut-être un peu trop caricaturale.

- Je ne vous le fait pas dire, répondit-il, mais d'une voix lavée du sarcasme et du mépris qu'elle portait jusque là, la réponse du nain l'ayant déstabilisé.

-Enchanté ! s'exclama le nain avec un grand sourire. Ce sourire est-il sincère ? J'en doute. Il doit être en train de réfléchir à un mauvais coup à m'infliger pour me ridiculiser devant ses amis... Mais avant qu'il ait pu décider d'une attitude à adopter, son interlocuteur s'était levé... et lui avait tendu la main. Anarion la regarda, l'air interdit. Il n'attendait pas qu'il la serre, tout de même ?! Je m'appelle Volund, forgeron. Je n'essaye pas de vous tromper. J'ai quelques relations amicales parmi les gens de votre peuple. Puis je ne vais pas gâcher mon retour dans cette ville tranquille juste parce que vous m'observiez de façon hautaine.

Eh si. Anarion réfléchit à toute allure, sa nature méfiante lui ordonnant de voir de potentielles mauvaises intentions partout. Et pourtant, ce qu'il disait n'avait rien d'étrange. Il n'était guère étonnant qu'il soit forgeron, les nains excellant en ce domaine. Il connaissait également des elfes qui étaient en bons termes avec des nains, et la petite pique que Volund avait ajoutée à la fin de sa réplique montrait qu'il n'avait pas oublié ce qu'il avait dit, mais qu'il le prenait bien. Mieux que lui-même, en fait... Alors, Anarion décida de lui faire confiance. Enfin, au moins, de faire semblant. D'ordinaire, il n'aurait pas baissé sa garde si facilement, mais la vérité était qu'il se sentait un peu vexé et mal à l'aise, parce que le nain avait beaucoup mieux réagi face aux insultes que lui-même, et qu'ainsi il se sentait trop sérieux et agressif.
MAIS peut-être que c'était précisément ce que le nain voulait ? Oh, peu probable. Et puis, il s'était promis d'essayer de laisser sa paranoïa de côté lorsqu'il rencontrait de nouveaux habitants de Sinastra. Aussi, ses réflexions n'ayant duré qu'un instant, il s'avança et serra la main tendue.

- Enchanté également. Je m'appelle Anarion, sans emploi - pour l'instant. C'est agréable de se défouler avec quelqu'un comme vous. Je dois vous avouer que les membres de votre peuple - il ne put s'empêcher de remarquer qu'ils évitaient tout deux de dire elfes et nains, comme si les deux mots étaient à éviter - que j'avais rencontré jusque là m'en avaient donné une mauvaise impression, mais je suis heureux de voir que j'étais dans l'erreur.

La situation était inédite pour lui. Mais après tout, il s'était déjà fait une amie d'une vampire, créature maudite par les elfes, alors pourquoi pas un nain ?

Décidément, il tenait vraiment à se marginaliser de sa propre race.

RP VERROUILLÉ POUR INACTIVITÉ.

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