- Je travaille pour des personnes très influentes ...
Nathanaëlle n'était pas certaine de saisir ce que cela voulait dire. La walkyrie était-elle employée ? Une sorte de mercenaire pour un haut dignitaire, tel un comte ou même un roi ? Ce devait être quelque chose du genre, sinon quoi ?
L'attitude de Judith brisa les certitudes fraîchement acquises de la semi-elfe. La nouvelle arrivante fit un signe de la tête qui semblait désigner le plafond, et plongea la guerrière dans une profonde perplexité. Voulait-elle dire que les gens pour qui elle travaillait étaient ici, à la Taverne, un étage plus haut ? Qu'ils les épiaient ? Fallait-il y voir une menace ?
La jeune fille se força à modérer ses ardeurs. Judith ne semblait ni paniquée, ni sur le qui-vive lorsqu'elle avait fait ce geste, donc il devait vouloir dire autre chose. Cela avait-il un rapport avec cette ville dans le ciel, dont elle prétendait venir ? Peut-être bien. Il faudrait creuser la question.
- ... qui m'ont chargées de quelques missions dans cette cité.
Des missions ... la walkyrie était donc bien une mercenaire. Restait à savoir quelle était exactement la nature de ces missions.
- Si je les mène à bien, à leur convenance, ils m'en donneront de plus prestigieuses. Si j'échoue à leurs yeux, je devrai rentrer dans mon pays.
Ah. Donc elle n'était que de passage ... non ? Si elle échouait, elle partait. Mais si elle réussissait ? Resterait-elle vivre à Sinastra ? Il y avait beaucoup de zones d'ombres dans cette histoire, beaucoup de choses que Nathanaëlle ne comprenait pas.
Elle risqua une réponse sur un ton hésitant.
- ... Je ne saisis pas très bien. Vous êtes une sorte de mercenaire, donc, avec une mission à accomplir ici. Mais pourquoi ? Pourquoi un dignitaire étranger enverrait-il quelqu'un accomplir pour lui une mission à Sinastra ? Son regard se fit perçant, un brin suspicieux. Ce n'est rien ... de répréhensible, n'est-ce pas ? Vous n'êtes pas ici pour faire du tort à la cité ou ses habitants ?
Juste quand les deux jeunes filles semblaient avoir dépassé leurs différends, le doute revenait à la charge. Judith avait dit être animée de bonnes intentions, mais l'était-elle vraiment ? Après tout, lors des guerres les deux camps étaient souvent persuadés d'agir pour les bonnes raisons ...
Ou peut-être Nathanaëlle se trompait-elle ? La semi-elfe envisagea sérieusement l'hypothèse. Leurs deux cultures étaient tellement étrangères l'une à l'autre, tellement incompatibles, qu'il était bien possible qu'un malentendu se soit glissé entre elles. Auquel cas ce qu'elle venait de dire pourrait paraître très insultant pour la walkyrie, à n'en pas douter. La guerrière s'empourpra, ne sachant quoi penser de tout cela et embarrassée à l'idée d'avoir, peut-être, manqué de respect à son interlocutrice. Elle s'empressa de clarifier sa pensée.
- ... Je ne suis pas certaine de bien comprendre ce que vous dites, à vrai dire. Tout ce dont vous me parlez semble tellement étrange, et votre monde à l'air si différent du mien ! J'interprète vos propos à travers le filtre de ma propre culture, et peut-être est-ce là mon erreur. Elle hésita, ne sachant pas quoi ajouter. Pourriez-vous peut-être ... comment dire ... être plus précise ? Je m'efforcerai de garder l'esprit ouvert.