EAUX TROUBLES

C'était un matin comme les autres.
L'aube pointait au dessus des toits de la cité, nimbant les murs blancs de nuances roses, oranges et jaunes. La plupart des rues étaient encore désertes, à l'exception des poivrots cuvant leurs vin devant les tavernes et des mendiants dormant dehors dans le Bas-Quartier. Un filet de fumée, encore mince vu l'heure matinale s'échappait de la cheminée de la boulangerie et le Boucher de la rue Haute était déjà dehors, ouvrant les lourds volets de bois devant sa devanture entre deux bâillements.
Les oiseaux pépiaient et chantaient gaiement dans les Jardins Royaux, annonçant une belle journée de printemps et quiconque avait une ouïe plus fine que la moyenne entendrait, s'il tendait l'oreille, le son cristallin des clochettes tintinnabulant au cou des brebis de retour des pâturages.
Devant les grandes portes de bois blanc, la relève des gardes s'effectuait dans un ballet mille fois répété : deux gardes qui sortent, salut, échange de hallebardes, salut, deux gardes qui rentrent, l'air las, les épaules tombantes et les yeux gonflés de fatigue. Dans quelques instants, ils pourraient goûter à un sommeil bien mérité. Le plus gradé des deux se dirigea vers le Poste de Garde et inscrivit, d'une belle écriture cursive "Rien à signaler".
Oui, c'était un matin comme les autres.

Et pourtant... différent.
Car si les rues étaient vides, sur la Grand Place régnait une agitation inhabituelle pour cette heure. Les pavés blancs, encore luisants de la rosée matinale comptaient un nombre incroyable de traces de pas. Des bottes cloutés aux souliers de cuire en passant par les sabots de bois, un œil affuté et habitué y distinguerait sans doutes une trentaine de personnes différentes, hommes, femmes, enfants. Tous rassemblés en une foule compacte autour de la Fontaine de Sinastra, les discussions allaient bon train malgré les voix mal assurées.
Peur, incompréhension, colère, doutes, mépris, curiosité... Personne ne semblait savoir quelle attitude adopter devant la situation. Une chose était sûre cependant, si tous posaient des question, hurlant pour se faire entendre, personne ne semblait avoir de réponses. Chacun se retournait, invectivant son voisin, sa voisine, ses amis, un inconnu, et les voix s'élevaient, de plus en plus fort, de plus en plus angoissées...

À l'écart de la foule, appuyé au panneau d'affichage, un homme de taille moyenne et d'apparence très banale, secouait la tête en regardant cette foule bourdonnante.

-Comment voulez-vous que quelqu'un vous réponde puisqu'on ne sait même pas quel est le problème. Maugréa-t-il entre ses dents. Ah la la, on ne peut même pas accéder à la fontaine !

Et il avait raison. La matinée avançant, nombre de ménagères vivat aux environs de la Grand Place venaient avec leurs seaux, chercher l'eau dont elles auraient besoin pour préparer le repas. D'abord surprise par l’attroupement, elles finissaient par s'en approcher, tentant d'accéder en vain à la fontaine et finissant, immanquablement, par grossir les rangs des badauds.
Quiconque voulait savoir de quoi il retournait aurait maintenant à franchir une foule d'une cinquantaine de personnes.

Natha faillit rebrousser chemin devant la foule si compacte. Mais quelque chose la retint. Un pressentiment. Un tel attroupement était plutôt habituel, mais la terreur, elle ne l'était pas. Or, à cet instant précis, elle était si présente qu'elle semblait régner sur la cité entière.
la foule avait peur. Et ça, ce n'était pas bon signe.

La jeune elfe tenta donc de s'approcher, mais les badauds attroupés ne semblaient pas disposer à la laisser voir quoi que ce soit. Comme souvent dans ce genre de situation, chacun voulait savoir avant les autres, et le rassemblement prenait des allures de foire. A la droite de la semi-elfe, deux hommes s'empoignèrent et commencèrent à se battre tandis que, devant elle, un groupe de lavandières s'invectivait bruyamment.

Nathanaëlle tourna la tête de droite et de gauche, s'attendant à voir paraître des gardes, mais visiblement ceux-ci n'avaient pas encore eu vent des événements. Mais de quels événements s'agissait-il ? L'elfe l'ignorait, mais cela semblait assez grave pour justifier l'emploi de moyens, disons, moins pacifistes.

La jeune elfe saisit la bourse qui pendait à se ceinture et la fourra dans une poche de sa tunique. Dans ce capharnaüm, se faire détrousser était chose si aisée ...

Ceci fait, Nathanaëlle brandit son épée et la tint devant elle, avançant vers les badauds.
A un mètre de la foule, la jeune fille s'immobilisa. Prenant une inspiration, elle rassembla autant de force qu'elle le pouvait pour crier :

- Laissez passer ! Écartez-vous ! Laissez passer !!

Fût-ce le ton employé, les mots eux-mêmes ou son épée qui en furent la cause, Natha l'ignorait, mais la foule obtempéra. Les curieux s'écartèrent légèrement, si bien que la jeune elfe dût encore jouer des coudes, mais au moins put-elle avancer.
Quelques pas et trois bleus plus tard, Natha arriva au centre de l'attroupement.

Et ce qu'elle vit lui glaça le sang.

Devant elle, les eaux d'ordinaires limpides de la fontaine étaient devenues noires.

Natha sentit un frisson lui parcourir l'échine. La jeune elfe n'était pas superstitieuse, mais ce qu'elle voyait là ne pouvait être qu'un mauvais présage.

Quelque chose de terrible se préparait.

Nathanaëlle fouilla l'attroupement du regard. L'une de ces personnes était-elle la cause de ce maléfice ? Y avait-il ici un sorcier, un botaniste ou un nécromancien ? Pire, un ennemi de la cité infiltré dans le bas peuple ?

Elle fronça les sourcils. Cette dernière hypothèse n'était pas cohérente. La cité était en paix depuis que la jeune elfe y habitait, et depuis plus longtemps encore d'après ce qu'on lui en avait dit.

Sinastra n'avait jamais connu la guerre.
Sinastra n'avait pas d'ennemis.

... Si ?

Une main menue agrippa la tunique de Nathanaëlle. C'était celle d'une fillette de six ou sept ans qui posait sur elle de grands yeux bleus. Dans son regard se lisait la peur et l'incompréhension.

-Quesski s'passe ? Demanda la gamine à la jeune elfe.Pourquoi que l'eau elle est tout' noire ? Demanda-t-elle encore en tirant sur la manche de Nathanaëlle.

Derrière elle, une troupe de gamins. Gamins des rues en haillons, enfants des bas-quartiers avec leurs sabots de bois, fils de bourgeois bien coiffés ou petits nobles dans leurs beaux atours, tous posaient sur Natha le même regard plein de question, comme si c'était elle qui détenait toute les réponses.
Les adultes eux, continuaient à discuter dans un brouhaha incessant ; les questions suivant aux interrogations, les hypothèses aux élucubrations.

-'ske quelqu'un a seulement déjà vu ça ? Demanda soudainement un adolescent à l'oeil vif.

Le silence se fit dans les premiers rangs. Chacun tourna son regard vers son voisin en une interrogation silencieuse. "Est-ce que tu as déjà vu ça ?", "Avez-vous déjà vu chose pareille ?"... mais toutes les têtes, une par une se tournaient en une dénégation muette. Personne ne se souvenait d'avoir jamais vu les eaux de la fontaine tourner ainsi au noir profond.

-C'est à Maddy la Rogue que vous d'vriez demander ça ! Lança soudain une voix au dessus de la foule.

Tous les regards se tournèrent vers l'extérieur, les gens se hissèrent sur la pointe des pieds et les enfants grimpèrent sur la margelle de la fontaine (prenant bien garde à ne pas mettre le pied dans l'eau noire) pour tenter d'apercevoir celui qui parlait ainsi.
C'était l'homme bougon appuyé au panneau d'affichage. Voyant tous les regards posés sur lui, il grimaça, détourna la tête et cracha par terre.

-Ben quoi ?! J'vois pas l'intérêt de d'mander à une gamine qui vient d'arriver ! Vous v'le savoir si c'est déjà arrivé par l'passé, d'mandez donc à ceusse qui sont là depuis longtemps.

Parmi les acquiescement et les signes d'approbation de la foule, un sentiment de malaise et un silence lourd passa soudain.

-Oui...il a raison.
-C'est vrai mais...
-De là à demander à Maddy la Rogue...
-... pas Maddy la Rogue.

La fillette aux yeux bleus tira de nouveau sur a manche de Nathanaëlle pour lui demander son attention. Derrière elle, tous les gamins semblaient retenir leur souffle, le regard vissé sur la jeune elfe.

-Dîtes... vous pouvez aller lui d'mander à Maddy la Rogue, si elle a d'jà vu ça ? Demanda-t-elle d'une petite voix tandis que la foule toute entière faisait silence. Vous avez une épée... vous êtes une guerrière, v'z'avez peur de rien, hein ?!
-Oui, allez-y, m'dame la Guerrière ! A nous, elle nous fait peur la vieille Maddy, mais vous, vous pouvez y aller, hein ?!
-Elle habite dans une vieille maison au bout de la rue du Crime. Vous allez-y aller, hein ?!

Les voix des enfants se faisaient insistantes, les regards lourds d'attente et d'espoirs. Il semblait que la foule mettait tous ses espoirs entre les mains de Nathanaëlle.

Quelques heures à peine avant l'aube, Ignis s'était échappée de l'Auberge du Soleil où elle logeait encore pour aller se poster en haut du grand Mur. Elle ne se sentait pas bien, et ce mal-être l'avait tirée de son sommeil, sans lui permettre d'y sombrer à nouveau pour une grasse matinée pourtant bien méritée. Après avoir lutté quelques minutes encore entre les draps clairs, ses yeux s'étaient définitivement ouverts et elle n'avait pu les refermer. Ainsi, elle se trouvait là sur la Muraille, à observer d'un regard morne et presque fatigué la faune et la flore passer d'une vie nocturne à un début de journée qui promettait d'être calme. Calme, réellement ? Le ciel orangé se nimbait d'un rose qu'Ignis n'aimait pas. Chez elle, on répétait "Rose le matin, pluie en chemin" et même si cela ne s'avérait pas toujours vrai, la journée n'était jamais la meilleure de l'année. Son malaise ne disparaissait pas.

Elle se perdait dans ses pensées, essayant de juger la journée qui se préparait quand un étrange sentiment l'envahit, prenant la place de son mal inconnu. Un amas de gens, une énorme troupe aux rangs grossissants s'amoncelait au centre de la grande place. Ignis, postée proche de l'entrée de la Cité, tourna un regard curieux vers la foule et, plaçant sa main en visière, observa l'attroupement. Que se passait-il ? Elle sauta de son perchoir, avec toute la grâce dont elle était capable - c'est à dire pas grand-chose, puisqu'elle manqua de trébucher lorsque ses pieds heurtèrent les pavés lisses et brillants de rosée.

Elle plissa les yeux, essayant de distinguer des visages. Elle ne voyait que la peur se dessiner, et ne comprenait pas. D'un pas vif, elle s'approcha tant bien que mal du groupe. Jouant des coudes et de sa petite taille, elle se faufila vers le centre, et donc la Fontaine. Elle n'y était pas encore arrivée que sa propre frayeur naissait en elle, lui serrant la gorge. Par dessus quelques têtes blondes elle crut apercevoir le Malheur qui était la source à l'angoisse générale. Mais voulant s'assurer que ses yeux ne lui jouaient pas des tours, elle franchit encore les quelques mètres qui la séparait des eaux. Elle n'avait pas rêvé. Les eaux avaient viré au noir profond.

Bouche bée, la fée était incapable du moindre mouvement, si bien que de nouveaux arrivants la bousculèrent et elle se retrouva peu à peu submergée par la foule, repoussée à l'extérieur du groupe. Elle n'avait aucune idée de ce que cela signifiait, puisqu'elle n'avait jamais vu ça, mais elle avait peur, terriblement peur. Ses yeux avaient pris la couleur des eaux, et elle fixait le vide. Un nouveau mouvement de foule la ramena à la réalité. Le cercle s'écartait autour d'une silhouette qu'elle connaissait. Nathanaëlle.

Dans sa peur elle n'avait même pas vue ni entendue l'elfe aux cheveux d'argent. Comme tous les habitants présents ici, elle porta son attention sur Natha, essayant de comprendre la situation, chacun portait ses espoirs sur la jeune fille, comme si elle avait les réponses à leurs questions. Une voix masculine brisa le brouhaha pour proposer ce qui semblait être LA solution. Ignis haussa un sourcil. Elle n'avait jamais entendu parler de cette Maddy, mais visiblement, les Sinastriens s'en méfiaient. Ses prunelles sombres se fixèrent sur cet homme qu'elle ne reconnaissait pas. Qui était-il et que savait-il ?.. Le corps d'Ignis reprit vie, elle s'approcha de Nathanaëlle et l'apostropha.

- Hey ! Natha ! Elle écarta gentiment les enfants pour accéder à l'Elfe, une fois à sa hauteur elle continua. Est ce que tu sais ce qu'il se passe ? Est ce que tu connais cette femme dont ils parlent ?

Mille autres questions se bousculaient dans sa tête, mais elles resteraient sans réponses. La fée avait pris un air étrangement calme, sa peur se changeant en un sang-froid qu'elle ne se connaissait pas. Tant mieux, il ne fallait pas céder à la panique.

Ce fut avec soulagement que la jeune elfe accueillit son amie. Celle-ci semblait calme, et un peu de sang-froid dans cette foule agitée ne ferait pas de mal.

La jeune fille serra doucement la petite main qui s'était glissée dans la sienne, et s'accroupit pour être à la hauteur de la petite fille aux yeux bleus.

- Oui, je vais aller chercher Maddy. Ne paniquez pas, ça ne sert à rien. On va bien finir pas comprendre ce qu'il se passe, et alors tout redeviendra comme avant.

Se redressant, la petite main toujours dans la sienne, Natha s'adressa à son amie.

- Maddy la Rogue est une vieille femme qui habite la cité depuis longtemps. Certains la disent folle, d'autres la prétendent sorcière, elle se montre rarement et nul ne connait son vrai nom. Moi-même, je ne l'ai jamais rencontrée. Tout ce que je sais d'elle, je le tiens de rumeurs. Elle baissa la voix. Entre nous, personne ne semble vraiment l'apprécier. Elle n'a pas vraiment bonne réputation, on dit d'elle que c'est une lanceuse de malédictions. Mais il est vrai qu'elle habite la cité depuis plus longtemps que quiconque, et il semble sage de la consulter. De toute façon, c'est la seule idée que nous ayons.

La jeune elfe fit de nouveau face à la foule et, debout sur la margelle de la fontaine, elle leva la main pour réclamer le silence. La foule angoissée se tut peu à peu.

- ... Mon amie et moi allons consulter Maddy la Rogue. Quoi que vous pensiez d'elle, cette femme vit à Sinastra depuis des temps immémoriaux, et son avis sera précieux. Il est inutile de rester ici, à ressasser des questions auxquelles personne n'a de réponse. Rentrez chez vous, reprenez vos activités. Je vous promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour éclaircir ce mystère. En attendant, il n'y a pas de raison de paniquer, les gardes veillent sur vous avec le zèle que nous leur connaissons, et d'aucun sait qu'ils sont une protection plus efficace que n'importe quelle muraille.

La jeune fille sauta à terre et entraîna Ignis à l'écart de la foule.

- ... je ne t'ai même pas demandé ton avis, excuse-moi. Accepterais-tu de m'accompagner chez Maddy ? La petite fille aux yeux bleus lui adressa un signe de la main en s'éloignant, et Natha lui répondit. Entre nous, la rue du crime n'est pas un lieu dans lequel on aime se promener seul ...

Entre nous, la rue du crime n'est pas un lieu dans lequel on aime se promener seul ...

-ça tombe bien, parce que je vais vous y accompagner.

Dit un homme, adossé sur un mur d'une maison en marge de la Grand Place. Retroussant sa capuche et dévoilant son visage, Ian regarda les deux jeunes femmes d'un oeil particulièrement sérieux. Lui toujours joueur et avide d'aventures, il semblait aujourd'hui aborder un air des mauvais jours, faisant bien comprendre à ses deux comparses que ce qu'il se passait aujourd'hui n'était pas du tout de bon augure.

-Dépêchons-nous...

***

Ian ne s'était pas retrouvé là par hasard. En effet, comme à son habitude lorsqu'il était dans la cité, il aimait passer ses soirée dans les diverses tavernes, généralement animées de chants, de dansent et de bagarres qu'il affectionnaient particulièrement. Sortant une nouvelle fois à une heure trop tardive du dernier bâtiment visité, Ian prit la décision de décuvé son mal sur un toit de la cité. Là encore, son phoenix était introuvable, une fois la nuit tombée il foutait le camp et revenait au petit matin, au grand dam du rêve...

Le jeune homme se réveilla à l'aube, dérangé par le brouhaha incessant de la grand place. Ouvrant les yeux, il aperçut Sin qui était revenu comme si de rien n'était, le ciel était magnifique et la journée s'annonçait donc particulièrement agréable, cependant... cependant il en était tout autre. Se levant péniblement et s'avançant lentement vers la grande place, il regarda du haut de son perchoir l'attroupement. D'un coup d'oeil il remarqua l'état des eaux de la fontaine et fronça les sourcils, ce n'était pas bon, pas bon du tout. Ce genre de présage ne signifiait généralement qu'une chose: Sinastra allait trembler, une catastrophe allait s'abattre sur elle, naturelle ou non, tout le monde le sentira passer. La chose la plus vivante de Sinastra était Sinastra elle-même, la cité avait peur et elle nous le montrait.

Descendant rapidement de son perchoir en s'aidant des pierres de la façade, il atteignit le sol et regarda une nouvelle fois l'attroupement et la peur qui régnait au sein de la foule. Il aperçut rapidement Ignis et Nathanaëlle et fut particulièrement content de son discours qui apaisa légèrement la masse. Des multiples classes sociales étaient représentées ici, ce qui montrait bien une nouvelle fois, que la peur faisait parti de ces sentiments universels, au même titre que la colère ou l'amour, qui faisait que les races et les rangs se rejoignaient enfin, pour supporter ensemble cet état de fait.

La rue Rue du Crime n'était, en effet pas un lieu où se promener seul. Ce n'était d'ailleurs pas un lieu où se promener tout court. Elle devait son nom à un meurtre terrible qui s'était déroulé il y a fort longtemps entre ses deux rangées de maisons sales. Si on ne savait plus trop bien ce qu'il s'y était réellement passé, les parents interdisaient à leurs enfants de s'y rendre et les anciens n'évoquaient l' "incident" que du bout des lèvres, les yeux baissée et les mains tremblantes. Les Sinastriens habitant les rues voisines juraient y entendre des hurlements horribles certaines nuits lorsque le ciel était sombre et menaçant et les quelques courageux -ou fous- qui s'y étaient risqués juraient avoir vu du sang couler le long de certaines maisons...

Située entre la Rue d'en-Bas et l'Impasse de l'Abattoir, au beau milieu du Bas Quartier, la Rue du Crime rassemblait tout ce qui se faisait de pire, tel un concentré de toute la pourriture du Faubourg. Tout ce qui se faisait de pervers, de retord et de vil s'y trouvait, côtoyant la maladie, le vice et la puanteur...
Et c'est dans ce coupe-gorge immonde que leur quête avait menés Nathanaëlle, Ignis et Ian

Évènement
Le premier joueur à répondre lancera 1dé12 à la suite de son poste
La Table Évènement déterminera la suite de votre quête à tous.

Avant même de pouvoir réagir à l’incroyable discours de Nathanaëlle, Ignis se vit entrainée par l’Efle à l’écart de l’attroupement, et heureusement, car elle commençait à suffoquer de toute cette peur ambiante. Muette, elle hocha la tête en signe d’acquiescement. Jamais elle ne laisserait une amie s’engouffrer seule dans une telle histoire. Cependant, si même Nathanaëlle, forte et courageuse, se montrait peu rassurée à l’idée de devoir fouler les pavés de la rue du Crime, c’est qu’Ignis avait à se méfier. Et pas qu’un peu. Autant être deux, affronter une épreuve ensemble semble toujours plus facile. Ignis jeta un regard à l’épée de Natha’, ce qui la rassura un tant soit peu. Nathanaëlle était une guerrière.

- Ça tombe bien, parce que je vais vous y accompagner.

Ah non, seraient-ils trois finalement ? Ignis tourna un regard vif, toujours d’un bleu froid, sur l’homme qui venait de parler : Ian ? La jeune femme ne le connaissait que très peu, mais elle le savait apprécié. Il était le genre de personne qui savait se faire respecter, et elle avait pu le constater le jour même de son arrivée à Sinastra. Souvenir bien lointain qui lui laissait peu d’images en tête, et sûrement pas assez pour cerner le caractère de Ian. Mais aujourd’hui il n’arborait pas le même sourire en coin qu’elle lui attribuait, il avait un air sérieux, beaucoup trop sérieux. Ce qui était relativement compréhensible aux vues de la situation… Même Ignis avait perdu son sourire en découvrant les eaux de la Fontaine.

- Dépêchons-nous…

Son ton pressant acheva de faire frissonner la fée. Elle garda son calme, sa peur au fond d’elle et acquiesça une nouvelle fois, toujours aussi muette. Avec Ian et Nathanaëlle à ses côtés, elle ne risquait rien.. Si ?

**Messages** : 90

Le membre 'Ignis' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

<hr>'D12' : 8

Rappel de la Table Évènements :

1 = Évènement majeur (Séisme, Tempête ...)
2 = Attaque Soudaine
3 = Évènement touchant un membre de l'équipe (maladie, blessure, perte d'objet, chute ...)
4 = Évènement naturel gênant (pluie, neige, bourrasques ...)
5 = Inconvénient mineur (objet cassé, petite coupure ...)
6 = Rien ne se passe
7 = Rien ne se passe
8 = Évènement bénéfique mineur (petite trouvaille, nuit de sommeil ...)
9 = Évènement naturel profitable (accalmie, soleil, brise chaude ou rafraichissante ...)
10= Évènement Bénéfique pour un membre de l'équipe (soin, trouvaille ...)
11= Aide extérieure inattendue
12= Évènement extraordinaire

Ils se tenaient tous les trois à l'entrée de la Rue du Crime, juste là où elle rejoignait la Rue d'En-bas.
Les pavés verdâtres, couverts de mousse et de moisissure semblaient glissants mais sûrement moins que les jours de pluie. Les murs crasseux des maisons, de chaque côté, eux aussi couverts d'une mousse à la couleur indéfinissable, oscillant entre le vert et le grisâtre, donnaient l'impression de se resserrer. Allaient-ils mourir étouffés entre ces murs ?

Soudain, un rayon de soleil vint frapper pendant quelques secondes le haut du mur de la première maison sur leur droite, éclairant une mince bande de peinture défraichie sur laquelle on pouvait encore lire, tracé d'une main tremblante avec une encre délavée : "MADDY LA VOYANTE, tout droit n°18".
Un nuage vint cacher le soleil et l'inscription disparu, noyée dans les ombres qui se déployaient partout dans la Rue du Crime.

"MADDY LA VOYANTE, tout droit n°18".

Nathanaëlle écarquilla les yeux. Quelques instants plus tôt, elle frissonnait encore à l'idée de devoir passer la journée dans la rue du Crime, à frapper à toutes les portes à la recherche de la vieille Maddy. Et voilà que, soudainement, un inattendu rayon de soleil leur révélait l'adresse désirée ! Cela n'avait duré qu'un instant, aussi la jeune guerrière n'était - elle pas certaine que Ian et Ignis aient eu le temps de lire quoi que ce soit, mais elle-même avait entièrement confiance en ses sens surdéveloppés. Ses yeux d'elfe ne l'avaient jamais trompée, aussi était-elle certaine de ce qu'elle avait lu sur ce mur.

La jeune elfe jeta un regard à ses deux compagnons, rassurée. Ils n'auraient pas à arpenter la rue du Crime en long et en large, et la semi-elfe en était ravie. Ces lieux lui donnaient la chair de poule .... Partout, la moisissure et la saleté noircissaient les murs, et le soleil lui-même semblait éviter l'endroit. Les maisons donnaient l'impression d'être courbées tant elles étaient serrées les unes contre les autres, et Natha se sentait oppressée en ces lieux, comme si les maisons allaient se rapprocher et l'écraser d'un moment à l'autre.

Nathanaëlle remercia mentalement Hoeth, dieu de la sagesse, de lui avoir envoyé deux courageux compagnons pour la soutenir dans cette désagréable besogne. Ils ne seraient pas trop de trois pour rencontrer Maddy et rassurer la foule ....
De plus, la jeune elfe avait toute confiance en les capacités d'Ignis, et tenait l'intelligence de celle-ci en haute estime.
Quant à Ian, sa réputation de guerrier le précédait, et Natha ne doutait pas qu'il fût un allié de poids en cas d'affrontement.

La semi-elfe promena encore ses yeux bleus sur la noirceur environnante, puis détourna le regard dans un frisson. Dans sa manche, Digenvez se recroquevilla et se mit à trembler. Lui aussi semblait pressé de quitter cette obscure ruelle ...

- ... Maddy habite tout droit, au numéro 18. Nous ferions mieux de nous presser. La main sur le manche de son épée, elle ajouta : Cet endroit ne me dit rien qui vaille ...

Ian, comme la plupart des gens, connaissait la rue du crime de nom et de réputation. Lui-même n'avait jamais eu l'occasion de passer par cette ruelle et par conséquent n'avait jamais prit le risque de s'y rendre par pur plaisir... néanmoins, une bonne occasion de tester cette réputation se présentait et le sang aventureux de Ian bouillonnait.

Et bien le moins que l'on puisse dire, c'est que cette réputation était justifiée. Le jeune rêve ouvrait de grand yeux à chaque pas, l'ambiance qui y régnait était au moins aussi angoissante que l'odeur y était repoussante, le danger semblait permanent et collait parfaitement à son caractère. Oppression permanente, une tension palpable à chaque regard échangé avec les poivrots du coin, chacun d'entre eux prêts à vous détrousser au moindre signe de faiblesse. Ian trouvait ça particulièrement grisant mais il restait néanmoins sur ses gardes, la main sur le pommeau de son épée.

- ... Maddy habite tout droit, au numéro 18. Nous ferions mieux de nous presser. Cet endroit ne me dit rien qui vaille ...

Ian acquiesça d'un signe de tête, laissant Nathanaëlle ouvrir la marche et lui la fermant, laissant la jeune Ignis en retrait d'une éventuelle attaque. La plupart des malandrins ici étaient bien plus à même d'attaquer, comme des lâches par derrière ou simplement faire les poches de nos aventuriers. Le jeune rêve maintenait son regard un peu partout, un regard dur et menaçant couplé à son bras prêt à dégainer à chaque instant, afin de canaliser ou de contrôler un minimum les excès de confiance des bandits du coin.

Peut-être étais-ce à cause de la mine revêche de Ian, ou tout simplement était-il trop tôt pour la canaille... toujours est-il qu'ils ne rencontrèrent pas grand monde sur leur chemin. La ruelle était aussi silencieuse que pestilentielle ; un silence des plus angoissant, à vrai dire.

Le n°18 de la Rue du Crime ne se distinguait en rien des autres maisons aux façades ternes et crasseuses. Ses murs jaunâtres ne portaient aucune inscription, ni aucun signe laissant croire qu'une voyante connue y habitait et il manquait des tuiles au toit affaissé. Des chats errants efflanqués au pelage clairsemés rôdaient au pied d'une gouttière percée. Une forte odeur de pisse s'échappait d'un pot de fleur vide auprès de la porte et les deux étroites fenêtres qui la flanquaient de part et d'autre étaient si crasseuses qu'on ne pouvait y apercevoir la flamme d'une bougie.

Alors que le trio s'approchait de l'entrée, deux hommes et une femme à la mine patibulaire en sortirent.
Le premier, bien que ressemblant étrangement au second, s'en distinguait par une étrange coupe de cheveux : une frange lui tombant devant les yeux qu'il avait petits et rapprochés, mais rasés sur le dessus du crâne. Il tenait son pantalon d'une main et un gourdin de belle taille dans l'autre.
Le deuxième, légèrement plus petit, avait de longs bras, comme ceux d'un troll et ses yeux étaient tellement rapprochés qu'il louchait en permanence. Sa salopette laissait voir un torse poilu et graisseux et il tenait, entre le pouce et l'indexe, un couteau à beurre.
La femme, quant à elle, ne présentait aucune similarité avec les deux hommes, si ce n'est son air à la fois abruti et barbare. Ses cheveux, coupés court devant, descendaient en une longue tresse dans son dos semblaient n'avoir jamais été lavés. Comme son voisin de droite, elle portait une unique salopette d'où s'échappaient deux énormes mamelons marrons.

- Qu'esss qu'vous viendez faire là ? Demanda le plus grand des deux hommes avec un long reniflement.

Nathanaëlle réprima une moue de dégoût. Les trois compagnons étaient si mal dégrossis qu'ils semblaient sortir tout droit d'un conte pour enfant ... mais en plus laids. Leur dégaine, leur attitude, jusqu'à leur façon de parler paraissaient vulgaires aux yeux de la jeune elfe, et pourtant elle était loin d'être aussi hautaine et méprisante que ceux de sa race.

Ces personnes respiraient la misère, mais pas celle qui inspire pitié. Celle qui donne envie de partir en courant ... et d'ailleurs, la guerrière dut se faire violence pour réussir à ne pas tourner les talons sur-le-champ.

Et il n'y avait pas que les trois brigands (ou quoi qu'ils soient, d'ailleurs). Les lieux eux-mêmes respiraient la crasse et la pauvreté, plus encore que dans tout le reste de la rue du Crime. C'était à croire que quelqu'un avait rassemblé tout ce qu'il y avait de pire dans les Bas-Quartiers, pour le concentrer à cet endroit.

La maison semblait si sale, en si piteux état que Natha avait douté que quiconque puisse oser y vivre, avant que les trois gaillards ne viennent à leur rencontre.

Et quelle rencontre ! Outre les personnages, grossiers et abjects, la façon que les étrangers avaient eue de leur souhaiter la bienvenue recelait une telle finesse, tant d'emphase et de politesse que l'elfe ne sut quoi répondre.

Retrouvant ses bonnes manières, elle avança d'un pas (effort qui lui demanda une volonté colossale), et, s'efforçant de ne pas poser le regard autre part que dans les yeux de son interlocuteur, elle lui répondit :

- Nous venons voir Maddy la Rogue. Est-elle ici ?

Ces mots prononcés, la jeune elfe ne recula pas (cela eut été un signe de peur ou de faiblesse), mais se campa au contraire sur ses jambes. La mais gauche innocemment posée sur la garde de son épée, la guerrière tenta d’insuffler autant d'assurance que possible à son regard.

Avec ces gens-là, mieux valait paraître sûr de soi ... du moins si l'on tenait à sa bourse et à sa vie.

Dans le cas présent, la jeune fille n'avait pas peur. Après tout, elle avait son épée, et deux compagnons à ses côtés qu'elle préférait savoir dans son camp. Mais elle ignorait tout de ceux qui lui faisaient face, et il était possible qu'ils soient de puissant mages ... encore que cela paraissait fortement improbable.

Mais, sait-on jamais, mieux valait être prudent ...

b]Les trois personnages baissèrent les yeux de concert pour poser sur la jeune elfe un regard chargé de dégout, de rancœur, de jalousie et de concupiscence. Le plus petit des deux hommes lui adressa un sourire mauvais avant de répondre :[/b]

- Ouais... Et qu'ess tu lui veut à Maddy ?

A peine eut-il le temps de finir sa phrase que son comparse lui écrasait volontairement les orteils de son lourd sabot de bois. Il lâcha une bordée de jurons, tous plus horribles les uns que les autres jusqu’à ce la femme le fasse taire d'un coup de coude dans les côtes. Ni elle ni l'autre homme n'avait quitté Nathanaëlle des yeux.

- Ça s'pourrait bien... Mais p'têt bien qu'non. Répliqua alors le plus grand tandis que son compagnon dansait toujours sur place en gémissant. Mais Maddy la Rogue, l'aime pas parler aux satanés oreilles pointues. A moins que t'es les arguments suffisant... gamine !

Il fit un pas en avant et la femme fit de même, raccourcissant de moitié la distance qui les séparait du petit groupe d'aventuriers. Le troisième larron les rejoignit une seconde plus tard, l'air mauvais et clopinant.

- Toi ! Tu vas m'le payer ! Dit-il en désignant la jeune fille.

Et sans crier gare, ignorant les insultes de son comparse lui criant de ne pas bouger, il se jeta sur Nathanaëlle, son couteau à beurre tendu devant lui, telle une épée.

Lancé de 2 dés 10 sous CC pour attaque de Gaston sur Nathanaëlle

Gaston
(Petit à salopette)
Arme : couteau à beurre
CC : 35
Tir/dext : 10
Int : 5

Gaspard
(Grand au pantalon qui tombe)
Arme : gourdin
CC : 30
Tir/dext : 10
Int : 30

Gertrude
(Femme)
Arme : ???
CC : 25
Tir/dex : 25
Int : 10

**Messages** : 90

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<hr>'D10' : 2, 3

- Toi ! Tu vas m'le payer !

La jeune elfe ne comprit pas ce qu'elle avait à voir dans tout ça, ni pour quelle raison ce monsieur lui en voulait. Tout ce qu'elle voyait, c'était que l'homme à la salopette fonçait sur elle avec un air peu aimable, tenant dans sa main un objet qui ressemblait à un couteau à beurre.
Le brigand, toutefois, semblait persuadé de tenir une épée ...

Nathanaëlle était abasourdie.

Gaston lui avait semblé, à l'instar de ses comparses, un peu gauche et pas très futé. Mais de là à l'attaquer avec un couteau à beurre ! Jamais personne ne l'avait sous-estimée à ce point. Un couteau à beurre ... !! La jeune elfe était si consternée qu'elle ne pensa pas immédiatement à bouger. Elle restait sur place, stupéfiée, lorsqu'un couinement aigu de Digenvez la tira de sa rêverie. Elle prit alors conscience que, couteau à beurre ou pas, la rencontre risquait d'être douloureuse. Le bandit devait faire, à vue d’œil, au moins trois fois son poids, ce qui ne présageait rien de bon quant à l'issue du conflit si l'elfe ne réagissait pas rapidement.

Nathanaëlle décida donc de réagir rapidement.

D'un geste gracieux et agile, la jeune elfe s'élança sur le côté en un bond digne d'un chat sauvage.
La pensée qui lui traversa alors l'esprit était que, si elle ne parvenait pas à sauter assez loin, elle serait toujours à portée du couteau à beurre de Gaston ...

Il ne restait donc plus qu'à espérer que l'habile guerrière réussisse son bond ou, le cas échéant, que ses compagnons soient prompts à réagir ...

lancé de deux dés 10 sous Dext pour esquive de Nathanaëlle

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<hr>'D10' : 9, 10

Nul n'aurait pu prédire ce qui arriva alors.

Peut-être que Nathanaëlle avait épuisé son quota de chance pour la journée, peut-être que les Dieux avaient décidés de pimenter un peu le jeu, peut-être étais-ce tout simplement la faute à Pas-de-chance... ou à un bouchon de liège venu se glisser, comme ça, par le plus grand des hasards, sous le pied de la jeune elfe.
Toujours est-il que Nathanaëlle manqua son pas chassé. Son pied, roulant sur le le petit objet détourna la guerrière de sa trajectoire initiale, la faisant revenir sur le trajet du couteau à beurre, à la grande surprise de Gaston.

Le couteau à beurre n'étant pas, vous en conviendrez, une arme conventionnelle ni très efficace, celui-ci ne fit pas grand dégâts sur Nathanaëlle qui se retrouva simplement le souffle coupée sous le choc et une vilaine égratignure doublée d'un beau bleu sur le sternum.

- Eh bé ? S'interrogea Gaston en regardant son arme d'un air stupide. Pourquoi qu'ça....

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un énorme poing s'abattit sur son crâne.
Gaspard ramassa son comparse par les bretelles de sa salopette avant qu'il ne s'écroule, et le balança en arrière avant de retourner se placer au côté de sa femme.
Tous les deux bras croisés devant la maison, ils semblaient faire barrage devant la porte, mettant Nathanaëlle au défi de leur passer sur le corps.

L'elfe elle-même fût sûrement la plus surprise de tous. Les gens de son peuple étaient réputés pour leur agilité et leur pas léger, et Nathanaëlle faisait d'ordinaire confiance à son sang elfique pour lui épargner ce genre de mésaventure. Mais alors, comment avait-elle pu tomber ?
Encore abasourdie, elle massa ses côtes endolories et constata avec soulagement que Gaston ne lui avait pas causé plus qu'une égratignure.

Reprenant ses esprits, la jeune fille se releva d'un mouvement rapide et se tint en alerte, la garde de son épée à la main, prête à bondir à la moindre alerte. Elle ne s'était alors pas préparée à ce qui allait suivre ...
À peine Gaston avait-il eu le temps de réaliser que son attaque, contre toute attente, avait réussi, que l'un de ses comparses l'assommait. La guerrière n'en fut pas particulièrement peinée, ce fût même plutôt l'inverse (elle n'allait tout de même pas se plaindre d'avoir un adversaire en moins !). Mais les motivations de Gaspard restaient floues à ses yeux ... À moins que ...
Oui, ce devait être cela. Gaspard désapprouvait l'initiative de Gaston parce que tous deux, ainsi que la femme qui les accompagnait, n'étaient que des chiens de garde, et l'attaque du petit à la salopette ne devait sûrement pas faire partie des ordres qu'ils avaient reçus ...

Un observateur extérieur aurait pensé que Nathanaëlle se préparait à attaquer, tant ses doigts étaient crispés sur son arme. Mais en vérité, la semi-elfe était plongée dans une intense réflexion. N'y avait-il pas un autre moyen de passer ? Un moyen qui n'impliquerait pas de se battre contre deux inconnus aux capacités incertaines ?
Elle dut se rendre à l'évidence : comme souvent, la seule solution pacifiste impliquait souvent la diplomatie ...

L'elfe lâcha donc son épée, la détacha de sa ceinture et la tint à la main par le fourreau, dans une attitude moins menaçante. Puis, elle s'avança vers les trois personnes qui lui faisaient face, et s'adressa à elles d'une voix forte :

- ... Écoutez, nous voulons juste parler avec Maddy. Si cela peut couper court à tout malentendu, je suis prête à y aller seule et sans armes, et sous votre escorte de surcroît. En retour de cet effort de ma part, je vous demanderai seulement de ne vous en prendre ni à moi, ni à mes amis.

Comme pour illustrer ses propos, la jeune fille tendit son épée à Ignis, avant d'ôter la dague qui se trouvait dans sa botte pour la confier à Ian. Ainsi désarmée, elle s'avança vers les trois lascars en leur montrant ses mains vides de toute menace. Elle s'arrêta à quelques pas d'eux, assez proche pour discuter plus à son aise, mais encore assez loin pour pouvoir esquiver un éventuel refus exprimé de manière violente.

- ... Marché conclu ?