La soirée était douce et belle. L'automne battait son plein à Sinastra, parant de mille couleurs les murs de la Cité blanche. Le rouge, le vert et l'or se disputaient la vedette, magnifiant les rues tant arpentées par les citadins en tous genre. L'air était chargé de parfums, réchauffé des rayons du soleil qui avait brillé plus tôt. Il s'effaçait à présent, laissant le ciel rougeoyer, en harmonie parfaite avec les feuilles mordorées dansant dans la ville. Les marchands remballaient leurs marchandises dans un esprit bon enfant, riant entre eux, interpellant les passants.
C'est dans cette jolie atmosphère qu'Arthémise se promenait, souriant de la joie environnante. Le bonheur alentour était contagieux, et elle prenait plaisir à contempler Sinastra plus vivante que jamais.
Elle s'arrêta sur la grand-place, observa rapidement les eaux noires de la fontaine et une ombre passa devant ses yeux rouges. La vampire craignait pour sa ville.
Secouant la tête, elle soupira. Hors de question de se rendre triste pour des problèmes sans solutions. Elle verrait bien. Mais quoi qu'il se passe, elle savait qu'elle défendrait sa Cité corps et âme, et que nombre d'habitants, donc certains parmi ses amis les plus fidèles, seraient là aussi pour la défendre. Sinastra irait bien, tant que ses plus fidèles alliés restaient en son sein.
S'emparant d'une fleur jaune oubliée par un marchand parti précipitamment, probablement impatient de retrouver sa famille, elle s'en servit pour retenir quelques mèches qui lui tombaient devant le visage, en un geste à la fois gracieux et machinal, dicté par l'habitude. Elle eut un signe de tête pour Milo et Jozevitch, les gardiens de la porte, qui lui faisaient coucou de loin. Il faut dire qu'ils avaient l'habitude de croiser la vampire à ces heures-là -quand elle était enfin libre.
La vampire avait prévu de chasser ce soir. Vêtue d'une tunique sombre, ses cheveux ondulaient, semblables à une flamme dans son dos. Comme à son habitude, elle n'était pas armée -pas besoin-. À demi appuyée contre la fontaine, elle rejeta sa crinière en arrière et inspira lentement, observant poindre la première étoile . Fermant les yeux, elle garda le visage levé au ciel, profitant de la brise chaude des derniers instants du jour.
La soirée avait été magnifique. La nuit allait l'être aussi.