Connaître Sinastra

Syarël avait invoqué Yüll, son premier esprit mineur, compagnon qui l'avait accompagné pendant plusieurs années. Ayant encore en tête les remarques de l'elfe (1) rencontré il y a quelques minutes, l'homme avait demandé à son faucon de le réveiller avant le lever du soleil. Il posa ses affaires près du lit, discuta un moment avec Yüll et finalement s'assoupit dans le confort du lit de l'auberge.
Il fut tirer du rêve où il demandait, enfant, à sa sœur Miara la raison des multiples refus des gardes pour entrer dans la Tour du Savoir, et cette dernière répondit « Pour consulter le savoir, il fallait d'abord savoir. ». C'est donc sur ces mots qu'il émergea dans la chambre qu'il avait payé, avec Yüll qui lui picorait gentiment les cheveux.

-Salut ma belle, salua-t-il.

Il s'assit lentement sur le bord du lit tout en se frottant le visage. Il se leva, tira la chaise en face de la fenêtre et observa la ville grise, endormie avec pour fond un noir profond constellait de tâches de lumière. Il ne parla pas car la fatigue était toujours présente et surtout parce qu'il voulait profiter du moment pleinement. Il vit alors l'évolution du ciel pour finalement avoir un dégradé suffisamment marqué. Au plus haut, le noir luttait pour ne pas disparaître, ensuite un violet sombre puis du bleu foncé, du bleu, du bleu clair et finalement du vert. La ville n'était plus grise mais orangée.

C'est vrai que c'était beau.

Il resta ainsi deux heures, assis sur sa chaise dans un silence complet à seulement observer et vivre ce moment. Toute expérience était unique, et il fallait prendre le temps de faire, de voir, d'écouter. Avec le temps et avec l'âge, Syarël s'était posé.
Il put sentir l'animation dans la ville en-dessous de lui, et décida finalement de bouger. Il se dirigea vers le meuble en bois où se trouvait la cuvette d'eau fraiche. Il prit de l'eau dans ses mains et les passa sur son visage pour se réveiller. Il enleva ses habits et prit dans son sac en morceau de tissus noir. Il l'humidifia et fit sa toilette. Il rinça alors le tissus et le mit à sécher sur le dossier de la chaise. Il mit ses vêtements de rechanges et trouvera un moment dans la journée pour laver ceux qu'il avait porté depuis plus d'une semaine. Il se voulait propre pour la ville.
Syarël prit alors la lame et le petit miroir qu'il avait dans son sac pour commencer son rituel matinal : tailler sa barbe.

Il descendit ensuite dans la salle commune de l'auberge, demanda au gérant de garder cette chambre pour la semaine, et paya la somme qu'il devait. Il commanda son petit-déjeuner et se renseigna pour trouver le lavoir.

Où commencer la visite, maintenant ? Pensa-t-il tout en prenant une cuillère de gruau. « Pour consulter le savoir, il fallait d'abord savoir. »

-Rhaaa, râla le mage doucement tout en se frottant la nuque.

Cette phrase ne le quitterait pas de la journée, c'était bien sa veine. Il fit un effort pour se remémorer les mots exacts de l'elfe Nathanaëlle pour connaître le nom de la bibliothèque qu'il devait chercher (2). Quitte à avoir le savoir en tête toute la journée autant s'y plonger carrément. Il quitta alors l'auberge, demanda plusieurs fois son chemin et arriva devant le bâtiment. Syarël était impressionné par les murs clairs. Ce n'était ni l'architecture, ni les gargouilles qui le fascinaient mais ce qui était gravé. Il prit le temps de déchiffrer chaque gravure et fut étonner de tomber sur des langues qu'il ne savait lire. Étonner, troubler mais également heureux. Il avait encore à apprendre et cela l'émerveillait. Après deux heures et demie de lecture murale, il retourna sur la Grand'Place pour faire face aux portes.

« Entre ici, toi le chercheur, l'auteur, le professeur, toi l'artiste, le rêveur, le curieux, mais renonce à pousser ces portes si ton esprit n'est pas ouvert à la beauté, à la connaissance et au savoir. » (3)

-Ce lieu est fait pour moi, dit le trentenaire à Yüll avant de la révoquer.

Il poussa les portes et entra. Il prit le temps d'observer la bâtisse. Cette bibliothèque était belle. De par ses voyages, il en avait visité des lieux de savoir mais aucun ne pouvait rivaliser avec la Tour du Savoir. Après son temps d'observation, Syarël se promena dans les rayons pour tout d'abord se repérer dans ce lieu, et plus tard il irait consulter un livre sur une des tables. Mais avant la promenade du savoir.

(1):

(2):

(3):

Judith exultait. C'était exactement le bon mot: elle exultait. Elle avait maintenant passé plus d'un jour sur la terre! Après son arrivée elle avait rencontré Nathanaëlle, et après leur repas elles s'étaient quittées en termes plus ou moins cordiaux. Meilleurs qu'au début en tout cas! Elle avait erré au hasard des rues pendant des heures - pendant toute l'après-midi, en fait, jusqu'à ce que le ciel s'assombrisse. Il avait ensuite été temps de dormir... une expérience qu'elle attendait depuis si longtemps! Elle s'était donc envolée de la cité et s'était posée dans la prairie, à même l'herbe, s'était allongée et avait fermé les yeux, comme on lui avait appris à le faire. Elle avait ensuite attendu ainsi cinq minutes, attendant que quelque chose arrive, puis la lassitude, cet étrange sentiment qui survenait lorsqu'elle faisait trop d'efforts, s'était manifestée et elle avait sombré dans le sommeil.
Elle s'était réveillée dès les premières lueurs de l'aube, stupéfaite de ce qui venait de lui arriver. Le temps avait disparu! Un instant plus tôt, le soleil venait de se coucher à l'ouest, et maintenant il s'annonçait à l'est! Elle savait que c'était normal, bien sûr - on lui avait bien appris ce qu'était le sommeil - mais l'expérimenter comme ça, en vrai, c'était quelque chose!

Elle commença sa journée par les exercices qu'on lui avait ordonné de faire tous les jours, s'étirant, courant, faisant travailler tous les muscles de son corps. Elle sentit avec satisfaction la sueur couler, son coeur s'accélérer, ses muscles fatiguer, ses pieds l'élancer... toutes ces choses physiques. Elle était faite pour cette vie.
Elle se baigna rapidement dans un ruisseau glacial, frissonnant de plaisir et de froid, puis s'envola vers la cité.

Elle avait remarqué qu'elle faisait forte impression, avec son halo lumineux, ses six ailes immenses et son mètre quatre-vingt-dix, aussi pensa-t-elle bien, cette fois-ci, à se poser un peu à l'écart pour éteindre son halo et rendre ses ailes invisibles. Pour sa taille elle ne pouvait pas faire grand-chose, mais cela ne semblait choquer personne de voir une grande femme en armure avec une lance se promener dans la cité - ils avaient sûrement vu plus étrange.

Le jour est encore jeune! se dit-elle, voyant que le soleil éclairait à peine, d'une lueur dorée, le sommet des bâtiments de la ville. Que vais-je faire? Elle voulait se renseigner sur l'endroit. Il suffisait de demander à quelqu'un! En veillant à ne pas commettre de gaffe, cette fois-ci.

- Excusez-moi, monsieur? dit-elle à un homme d'une cinquantaine d'années qui passait par là. Sauriez-vous où je pourrais trouver de quoi me renseigner sur cet endroit?

- Bien sûr, ma belle, répondit l'homme. Si tu cherches juste des renseignements, tu en trouvera facilement à la Taverne. Après, si tu veux des recherches plus poussées, je te conseille d'aller à la Bibliothèque Royale, par là, dit-il en montrant la rue à leur droite. Tu vas tout droit sans t'arrêter et tu tomberas dessus sans faute; tu ne pourras pas te tromper. Un grand bâtiment blanc, superbe.

- Merci!

Puisqu'elle était déjà allée à la Taverne, elle se dirigea vers la Bibliothèque Royale. Pourquoi royale? C'est la cité d'un Roi? Où est son palais? Elle regarda autour d'elle, mais pour l'insant cela ne ressemblait pas vraiment à une cité royale. Elle fut tentée de s'envoler pour en voir plus, mais elle décida que le meilleur moyen de comprendre était d'aller à la bibliothèque.
Comme l'avais dit l'homme, il était impossible de rater la bibliothèque: elle siégeait au bout de la grand' place, telle une reine paisible. Judith resta stupéfaite devant l'édifice, qui n'était pas sans lui rappeler un temple auquel elle aimait bien se rendre, là-haut. Elle finit par se secouer et par rentrer dans le bâtiment, et elle fut tout de suite frappée par le silence paisible qui y régnait et qui ccontrastait si fortement avec l'extérieur.

Elle s'avança vers le comptoir et ne voyant personne, attendit. Au bout de bien dix minutes, une dame d'un certain âge s'avança vers elle.

- Vous auriez pu agiter la clochette, mademoiselle!

Il y avait effectivement une clochette posée sur le comptoir, mais pourquoi donc Judith aurait-elle dû l'agiter? Elle faillit poser la question, puis se dit que ce n'était pas important.

- Bonjour, madame. Je cherche des livres sur l'histoire de... Sinastra.

- Sur l'histoire de la ville? dit la dame, surprise. Euh, bien sûr... suivez-moi.

Et Judith la suivit, à travers les murs de livre et devant les superbes vitraux. Son regard ne cessait de sauter d'un endroit à l'autre, essayant, sans succès, d'absorber tout ce qu'elle voyait. Les gens qui lisaient, qui cherchaient, qui marchaient, qui discutaient à voix basse; les livres rouges, blancs, bleus, bruns, noirs, petits, grands, larges, étroits; le sol, les murs, le plafond... tant de choses à voir!

- Cela fait longtemps que vous habitez la cité? demanda la dame tandis qu'elle la conduisait au bout d'une allée.

- Je suis arrivée seulement hier! répondit Judith, sans préciser qu'elle venait du ciel. C'avait été la source de quiproquos assez déroutants la première fois. La bibliothécaire opina mais ne dit rien.

- Nous y voilà, dit-elle finalement tandis qu'elle s'arrêtait au fond de la rangée, où se trouvaient, comme dans chaque rangée, une table entourée de chaises. La plupart des livres de cette allée concernent la cité.

- Grand merci, madame. Puis alors que la bibliothécaire faisait demi-tour, Judith avisa les chaises et grogna. Excusez-moi, vous n'auriez pas des tabourets?

- Pourquoi donc? demanda la dame, l'air surpris.

- Pour ça, répondit Judith, laissant apparaître ses ailes tandis que le halo de lumière éclairait discrètement sa peau. La dame sursauta et faillit tomber en arrière. Elle se rattrapa de justesse - elle avait l'air effrayée.

- Je, je vais vous chercher ça tout de suite! s'exclama-t-elle d'une petite voix aigüe.

Judith opina et commença sa recherche. Elle détestait les chaises! Elle ne pouvait pas s'y asseoir, à cause de ses ailes.
La bibliothécaire revint précipitement en trotinant, tenant un tabouret de boix dans ses mains.

- Voici! Euh, avez-vous besoin d'autre chose?

- Non, merci.

La bibliothécaire fit demi-tour et s'en alla précipitamment. Les humains étaient décidément bien étranges! Son aspect n'était-il pas rassurant?
Elle haussa les épaules, décidant de ne pas s'en soucier; et, oubliant de cacher ses ailes ou d'éteindre son halo, elle tira un ouvrage intitulé 'Histoire de Sinastra, ou l'ombre et la lumière' et commença sa lecture.

Syarël sortit d'un des nombreux rayonnages de livres pour revenir au centre de la pièce où se trouvaient les multiples tables. Il y avait quelques personnes malgré l'heure assez matinale. Un mouvement brusque attira son regard. C'était le jeune homme qui lui avait parlé à l'entrée. Le mage lui avait gentiment retourné les formalités d'usage en se présentant tout en acceptant l'aide du blanc : « Je n'hésiterai pas à venir vous quérir. » Et sur ces paroles, le dénommé Volcome était rentré à l'intérieur de la bâtisse. Il semblait pressé et frustré.
Syarël tourna alors ses yeux vers le jeune homme qui s'était levé assez précipitamment pour se diriger vers une étagère. En haussant légèrement les sourcils, le mage continua sa petite visite. Il entendit quelques bribes de conversations quand il croisait deux personnes qui parlaient à voix basse.
Il vit une vieille femme, qui devait être la bibliothécaire, diriger une jeune femme vers la partie "Histoire de Sinastra".

Il doit y avoir de nombreux visiteurs qui passent par cette ville, pensa Syarël.

Le trentenaire continua sa visite à l'étage du dessus. En plus de livres, il y avait de vieil objets sous glace. Il y en avait qui portait des runes d'une ancienne civilisation naine disparu il y a plus de quatorze siècles. Il s'émerveilla devant la richesse de cet étage. Une fois les sections repérées, il prit les escaliers pour retourner au rez-de-chaussée. Il croisa de nouveau Volcome, sa boîte toujours dans les mains. Je me demande bien ce qui le frustre autant ?

Syarël prit le chemin pour aller au rayonnage où se trouvait les livres traitants de l'histoire de la ville. Mais il s'arrêta net devant la vision qu'il avait devant les yeux. La jeune femme de tout à l'heure ne ressemblait plus à une femme mais à un ange. Syarël avait lu de nombreux livres traitant du sujet mais il n'avait jamais rien lu sur un ange avec trois paires d'ailes. Le mage ne savait pas comment réagir. Devait-il lui parler ou faire demi-tour ? Il prit une grande inspiration, assez excité par cette rencontre insolite.

-Excusez-moi mademoiselle l'ange, je voudrais vous signaler que vous avez laissé vos ailes aux yeux de tout le monde ainsi que votre aura.

Syarël avait lu des textes écrits par des elfes que les anges étaient des êtres qui ne voulaient pas trop s'exposer aux yeux des mortels. Il décida de ne pas gaspiller le temps de cette créature céleste. Il prit alors un livre sur un sujet au hasard puis il fit demi-tour. Il tourna brusquement pour sortir du champ de vision de l'ange puis souffla un bon coup. Il tremblait légèrement à cause du fourmillement d'émotions qui éclataient dans son ventre.
Il resta de longues minutes à se concentrer sur sa respiration puis une fois qu'il était sûr que ses jambes le porteraient, il se dirigea vers une chaise. Il s'y assit, posa le livre, croisa ses bras et plongea sa tête dedans. T'aurais dû y rester imbécile. C'était peut-être ton unique chance de rencontrer un être du ciel. Tu aurais pu accroître ton niveau de connaissance en discutant avec elle. Et c'est un ange, elle ne peut qu'être bienveillante.

Le mage tourna la tête pour observer la salle tout en soufflant contre sa bêtise, oubliant complètement le livre qu'il avait pris. Il vit alors Volcome s'asseoir à la place qu'il occupait. Ce dernier trifouillait sa boîte, soupirait puis tournait quelques pages avant de recommencer. Il y avait de nombreux livres ouverts autour de lui.
Voulant se changer les idées, Syarël se leva pour proposer son aide à Volcome.

-Puis-je vous aider avec ça ? Demanda le trentenaire en désignant la boîte. Et en y regardant de plus près, il y avait de nombreuses runes ici et là sur la surface de l'objet que tenait Volcome entre ses mains.

- Je n'hésiterai pas à venir vous quérir. L’homme qu’il avait bousculé s’était présenté comme étant Syraël et il semblait être mage. Une chose était sûre, c’était un érudit.

Après un dernier sourire Volcome s'engouffra rapidement dans la bibliothèque. Il faisait frais comme toujours. Volcome trouvait ça très agréable. Il resta au rez-de chaussé de cette dernière car c’est là qu’il y avait le plus de livre sur les langues mortes et langue d’autres pays. Ces rayonnages n’étaient pas loin de ceux contenant les textes historiques sur la cité. Il s’installa à une table sur laquelle il posa la boîte avant de s'affairer dans les rayonnages pour attraper le plus de livres possibles. Il en ramena une douzaine qu’il étala devant lui.

Il les compulsa rapidement la douzaine de volumes pour trouver les chapitres potentiellement utiles. Puis alla en récupérer d’autre. À luis seul, il avait recouvert une table entière. Il élimina rapidement la possibilité que ses runes soient d’origine elfique. Elle n’était pas non plus d’origines naine. Elle semblait plus ancienne encore que celle qu’il trouvait dans les plus anciens volumes qu’il avait trouvé.

Toutefois, il avait réussi à confirmer qu’il fallait effectuer des mouvement et des pression précise sur la boite pour l’ouvrir. Il ne cessait de faire des allés retours entre sa lecture et la manipulation de la boîte. Il soupirait de frustration chaque fois qu’il espérait avoir trouvée la bonne combinaison, mais que cette dernière échouait.

Il était tellement absorbé par la tâche qu’il n’avait pas remarquée l’homme s'approcher de lui et sursauta quand ce dernier parla.

- Puis-je vous aider avec ça ?

Syraël était là lui proposant son aide. Volcome répondit avec un petit rire.

- C’est moi qui devrais vous venir en aide au besoin pour m'excuser de mon impolitesse de tout à l’heure… Le jeune homme sourit à l’étranger. Il était soulagé que quelqu’un cherche à lui venir en aide. C’était assez rare. En général, les gens fuyaient à la vue de son visage mutilé et de son lourd collier métallique marquant son ancien statut d’esclave. Mais je vous serai très reconnaissant si vous parvenez ne serait-ce qu'à trouver le début d’une idée pour ouvrir cette fichus boite !

Volcome se leva et tira une chaise pour le mage.

- Et qui sait ? Peut-être que cela vous permettra d’apprendre quelque chose que vous ignorez !

Le jeune homme se rassit à sa place et tendit la boîte à Syraël. Elle était taillée dans un bois exotique très sombre. Au premier coup d’œil, on pouvait croire qu’elle était entièrement lisse, sans aucune ouverture. Au premier coup d’œil, on pouvait croire qu’elle était entièrement lisse, sans aucune ouverture. En plus de ses aspérités, la boite était entièrement recouverte de runes inconnue, peinte d’une matière argentée, qui ne semblait pas être altéré par le temps. Pourtant, on pouvait sentir que la boite devait avoir plusieurs siècles d'existence.

Le trentenaire leva la tête de l'objet pour se tourner vers le jeune homme. Il retourna le sourire de Volcome et s'assit sur la chaise que lui avait offert le blanc. Syarël prit délicatement la boîte pour observer de plus près les runes peintes. Le mage de vent tourna plusieurs fois le cube dans ses mains puis après une dizaine de minutes d'observation il la posa sur la table et se tourna vers Volcome.

-Eh bien, je ne connais pas cette langue mais je reconnais quelques runes. Elle a la même base celtique que le gaélique, une très vielle langue humaine. Avant de savoir dans quel sens il faut lire la boîte je vous propose de faire un travail de traduction. Je ne sais pas si l'ouverture est pressée mais c'est un travail qui va nous prendre des heures, voir des jours, j'en ai bien peur.

Malgré ses derniers mots, Syarël était assez excité. Pendant ses années de traducteur, il avait été confronté à de nombreuses difficultés qui avaient étendu son savoir en langues anciennes, lui permettant de mieux comprendre les langues parlées d'aujourd'hui.
Il mit sa main sur un livre ouvert proche de lui et ferma l'objet pour en lire le titre "Histoire des runes anciennes". Tout en gardant la page de Volcome, il essaya de trouver le sommaire du livre pour voir si il était intéressant pour eux. Une fois le sommaire parcouru, il le posa à sa gauche puis fit la même opération pour les autres bouquins.

-Hmm, donc les livres de cette pile-ci, commença le trentenaire en désignant la pile à sa droite, ne va pas nous être utile. Je ne sais pas encore comment fonctionne cette bibliothèque mais faut-il les ranger nous-même ou bien il y a un endroit où mettre les livres qui ne nous servent plus ?

Après la réponse du jeune homme, Syarël l'aida à transporter les livres dans la zone prévue aux livres en attente d'être rangés. Ensuite, le mage expliqua à Volcome ce qu'ils avaient besoin pour travailler sur la boîte. Ils se séparèrent pour amener au fur et à mesure une bonne vingtaine d'ouvrages sur leur table.

-Excusez-moi, l'interpella la bibliothécaire qu'il avait vu un peu plus tôt.

-Oui, puis-je vous aider ? Interrogea Syarël.

-Qu'allez-vous faire de tous ces livres parce que je ne pense pas que vous puissiez lire tout ça en une journée, vous et votre disciple ? Demanda la vieille femme.

Le mage sentait bien que cette dame était méfiante et qu'elle ne devait voir que deux hommes qui s'amusaient à déplacer de nombreux livres qu'elle allait devoir ranger le soir-même. Le trentenaire prit alors le temps de lui expliquer en quoi consistait leur travail en donnant le plus de détail possible pour qu'elle ne voit en se dérangement massif qu'un travail d'érudit.

-Oh, et pourriez-vous laisser tout ces livres sur cette table pendant plusieurs jours, je pense que notre travail ne sera pas terminé d'ici ce soir.

-Bien sûr, il n'y a pas de soucis, je vais installer un panneau pour que votre table soit réservée, fit la bibliothécaire d'une voix douce.

Syarël la remercia puis il rejoint Volcome qui avait le nez plongé dans un livre.

-Pour commencer, nous allons étudier une rune. Syarël manipula le cube. Celle-ci me paraît bien, elle apparaît plusieurs fois. Maintenant, il nous suffit de trouver une ou des runes lui ressemblant. Nous les marqueront alors ensuite sur nos feuilles et nous pourrons ainsi avancer doucement mais sûrement. Mais avant cela, je vais déjà écrire les runes qui me semble familière pour que nous ayons un semblant de sens dans notre travail.

Le trentenaire laissa à Volcome le temps de recopier la rune sur une de ses feuilles, puis il prit la boîte dans ses mains. Il retranscrivit les runes qu'il reconnaissait puis dessina la rune ou les runes gaéliques qu'il connaissait à côté. Syarël regarda alors sa feuille après une heure de travail :

"🜉 (1) : ressemble à la rune de l'eau douce et celle de la disparition de la douleur. Peut signifier la guérison ou peut désigner une solution qui ne fait plus ressentir la douleur à la personne qui la boit.
🝗 (2) : ressemble à la rune de la disparition et celle de la trace. Peut signifier un objet rappelant une personne disparue ou un mort, peut-être une statue, un livre écrit par cette personne. Peut signifier des ruines.
🝮 (3) : ressemble à la rune du temps qui s'écoule et à celle de la limite. Peut signifier une limite de temps, peut-être que pour ouvrir la boîte il faut le faire lors d'un moment en particulier.
🝰 (4) : ressemble à la rune du jour et à celle de la nuit. Peut signifier l'aube ou le crépuscule.
⌯ (5) : ressemble à la rune ressemblance et à celle qui signifie "pareil". Peut signifier qu'il existe d'autres boîtes comme celle que nous étudions. Peut signifier autre chose que je ne vois pas.
䷣ (6) : ressemble à la rune de la lumière, celle de la disparition et celle des ombres. Peut signifier la disparition de la lumière dans la nuit. Et si on se réfère à la rune 4, cela peut signifier le crépuscule.
䷧ (7) : ressemble à la rune de la libération et celle de l'ouverture." Peut signifier l'ouverture de la boîte.

-Volcome, interpella Syarël en lui montrant sa feuille de prise de note. C'est une boîte contenant quelque chose pour guérir ?

Le jeune homme lui répondit par l'affirmative. Le trentenaire lui donna alors sa feuille pour que Volcome puisse ajouter ses idées sur la signification des runes identifiées et le mage du vent prit également les notes de blanc pour les étudier.

Information concernant les symboles:

(1):

(2):

(3):

(4):

(5):

(6):

(7):

Judith était plongée dans l'histoire pasionnante de Sinastra lorsqu'elle entendit une voix, une voix masculine.

-Excusez-moi mademoiselle l'ange, je voudrais vous signaler que vous avez laissé vos ailes aux yeux de tout le monde ainsi que votre aura.

Judith le regarda avec surprise. L'homme avait l'air avenant, et il semblait plus... éveillé que toutes les personnes qu'elle avait croisées jusqu'à présent, ces personnes qui vaquaient à leurs occupations sans entrain - à l'exception sans doute de Nathanaëlle. L'homme avait la peau et les cheveux sombres, mais ses yeux étaient d'une belle et surprenante couleur violet. Elle se sentit également soulagée de voir que malgré ses attributs célestes évidents (même si elle n'était pas un ange! mais peu importe) il ne semblait ni effrayé, ni contrarié. Assez excité, mais pas agressif. Elle sentait également une forte aura magique - mais pas de magie noire, heureusement.

- Ah oui, tiens. Merci de me l'avoir fait remarquer! répondit-elle avec un sourire. Puis, saisissant sa lance d'argent, elle invoqua la lumière à nouveau pour cacher ses ailes. Elle voulait demander à ce sympathique humain s'il connaissait bien la ville, mais le sympathique humain en question était déjà parti, un livre sous le bras, l'air un peu frénétique. Elle hésita à le suivre, mais comme il avait l'air pressé elle haussa les épaules et resta à sa table, se replongeant dans l'antique volume.

Elle ne sut dire combien de temps elle resta ainsi, assise à sa table, dévorant l'histoire de la ville sous l'agréable lumière du matin qui filtrait à travers les hautes fenêtres; mais lorsqu'elle eut finit son livre elle s'étira, et après l'avoir rangé elle marcha au hasard des allées, regardant les lecteurs et les étages de livre. Puis elle entendit une voix assez près, une voix qu'elle avait déjà entendu.

-Volcome, c'est une boîte contenant quelque chose pour guérir ?

Curieuse, elle s'approcha. Elle put ainsi voir à quelques mètres deux humains assis à l'une des tables de la bibliothèque, laquelle croulait sous les livres et parchemins; ils semblaient plongés en plein travail. L'un des humains était bien celui qui lui avait parlé quelques temps plus tôt, et l'autre était son opposé physique: sa peau était claire, comme celle de la plupart des habitants de cette ville, et ses cheveux étaient blancs. Elle s'attendit à un homme âgé, mais la voix qui répondit affirmativement était au moins aussi jeune que l'autre.
Ele marcha silencieusement en direction des deux hommes, lesquels s'étaient à nouveau plongés dans leur travaux; elle vit alors, posée sur la table, une boîte étrange couverte de runes. Vus les différents ouvrages et les notes étalés sur la table, les humains cherchaient à les déchiffrer. Or Judith avait eu de nombreux cours de langues terrestres au cours des derniers siècles; peut-être connaîtrait-elle ces runes... De derrière les deux hommes Judith se pencha, essayant de déchiffrer les étranges symboles; et elle finit par les reconnaître.

- C'est du Noldorin, ça, dit-elle à voix haute sans penser à s'annoncer d'abord.

L'homme était étrange. Il était jeune, ça ne faisait aucun doute, mais ses cheveux étaient vraiment blancs comme la neige, et surtout une cicatrice s'étirait de son frond à son menton, traversant un oeil rouge des plus... surprenant. Judith sut déceler d'autres cicatrices, plus fines et discrètes, sur la peau bronzée, mais cet homme n'était pas mauvais. En tout cas il n'usait pas de magie chaotique; il avait une aura magique, mais pas agressive. Il était en tous cas très amical! Il se présenta comme étant guérisseur, et Judith ne l'en trouva que plus sympathique: quelqu'un dont la vocation était de venir en aide aux blessés et aux malades ne pouvait être mauvais.
Il tira une chaise, l'invitant à se joindre à leur recherche, et Judith ne put s'empêcher de sourire devant la jovialité de l'homme.

- Merci, dit-elle, je me joins à vous avec plaisir. Elle prit la chaise, la retourna, et s'assit, posant ses bras sur le dossier. Pas besoin d'aller chercher un tabouret, comme ça. Les deux hommes s'étaient présentés; c'était bien la moindre des choses de leur rendre la politesse. Je m'appelle Judith! s'exclama-t-elle avec joie, comme à chaque fois qu'elle disait son nouveau nom (elle l'aimait beaucoup). Je viens de très loin et je ne suis arrivée qu'hier, mais j'ai étudié pendant des années avant de venir ici, et j'ai déjà vu ce langage quelque part. Mais vous savez, j'en sais très peu... c'est un langage ancien. Je crois que plus aucun humain... je veux dire, je crois que plus personne ne le parle aujourd'hui. C'est une, euh... une... ah! une langue morte.

Elle s'installa à leur table, toujours sur sa chaise, le dossier contre la table. Elle battit légèrement des ailes sans même y penser, pour se les dégourdir, et dans un bruissement, un léger souffle de vent fit voler quelques papiers. Elle se maudit intérieurement pour sa distraction, et essaya de changer les idées des deux autres. Même si, après tout, celui qui s'appellait Syarël avait déjà vu ses ailes; mais elle ne voulait pas effrayer Volcome. On ne sait jamais comment ils vont réagir...

- Je peux voir votre papier? dit-elle en tendant la main, pour leur changer les idées. Peut-être me souviendrai-je de quelques-uns de mes cours...

-C'est du Noldorin, ça.

Une voix était apparue derrière eux en plein travail. Quand Syarël se retourna, il vit alors l'ange de tout à l'heure, les ailes et l'aura de lumière en moins. La joie monta dans le trentenaire mais il essaya de la brider pour ne pas exploser dans la bibliothèque. Une créature céleste était venue leur parler, à eux, d'entre tous. Il laissa Volcome les présenter, trop occupé à poser des milliers de question à... Judith. Prénom très mortel.

Il ignora les choses bizarres que l'ange disait ou faisait, comme par exemple ce soudain retourné de chaise, mais Syarël se doutait que ça avait un rapport avec les ailes qui n'étaient plus là. Soudain, un vent qui venait de nul part bouscula leur fatras de papiers. Donc, les ailes sont juste invisibles. Un procédé de magie de lumière ? Ou bien une capacité qui n'appartient qu'aux anges pour passer inaperçu ?

Suite à la question de Judith, Syarël lui tendit leur feuille de symboles répertoriés. Ils avaient chacun leur propres notes, mais avait consigné un à un chaque symbole et leur éventuelle signification. Et dire une feuille était faux, cinq feuilles décrient mieux la réalité de leur avancement, minime…

-Vous reconnaissez des symboles ? Demanda alors l'humain. Votre aide même si elle n'est pas complète peut être vraiment bénéfique, donc ne vous inquiétez pas si vous ne vous souvenez pas de tout. Déjà, nous savons le nom de la langue, ce qui est un grand pas.

Pendant que l'ange zyeutait leur note, il essaya de se souvenir si "Noldorin" lui disait quelque chose. Avait-il déjà croisé ce mot, décrit par les elfes, les nains ou même les hommes ? Ou bien avait-il déjà eu l'occasion de l'étudier ? Non, définitivement non. Le Noldorin ne lui disait absolument rien, mais au moins avait-il la même racine que le gaëlique.

-Quel peuple parlait le Noldorin ?

-Vous reconnaissez des symboles ? lui demanda l'humain à la peau sombre, qui s'appellait donc Syarël. Votre aide même si elle n'est pas complète peut être vraiment bénéfique, donc ne vous inquiétez pas si vous ne vous souvenez pas de tout. Déjà, nous savons le nom de la langue, ce qui est un grand pas.

- Eh bien, je suis heureuse de pouvoir vous aider! Je vais essayer de me remémorer mes cours de langue.

Judith se pongea dans la lecture des notes. Les humains avaient déjà fait un bon travail, surtout considérant qu'ils ne parlaient pas la langue... Certains symboles étaient effectivement proche. Elle prit une plume dans l'encrier posé sur la table et commença à annoter leurs écrits: lorsqu'elle voyait un symbole dont elle se souvenait elle en inscrivait la signification et elle corrigeait les rares erreurs.

-Quel peuple parlait le Noldorin ? lui demanda Syarël, qui venait apparemment de sortir de ses pensées.

- Si mes souvenirs sont bons, répondit Judith, croisant le regard de l'humain, il s'agit d'un vieux dialect parlé par une communauté elfique ancienne. Ils vivaient très proches de villes humaines du nord, et ils ont finit par adapter leur langue en la mélangeant avec la leur, d'où les nombreuses similitdes avec le gaëlique, que vous avez déjà remarquées. Les elfes noldorins étaient peu nombreux, mais extrêment doués dans de nombreux domaines... Ils ont fabriqué des artefacts magiques d'une grande puissance ainsi que des machines défiant l'imagination, mais ils ont été presque entièrement éradiqués par les invasions barbares. Je crois qu'ils onnt reformé une communauté depuis quelques siècles, mais sans jamais retrouver le talent de leurs pères... et ils parlent l'elfique commun. Le noldorin est une langue morte. Les humains ne le connaissent pas, et les elfes l'ont oublié.

Elle se replongea ensuite dans les ouvrages. Elle n'était pas spécilaiste des tâches intellectuelles, d'ordinaire, mais elle représentait dans cette situation une chance inespérée. En effet, elle était très probablement le seul être dans cette ville qui ait quelques rudiments de Noldorin... elle se devait d'aider ces humains. Et puis, ils étaient sympathiques.
Ils continuèrent à chercher, échangeant des idées, se consultant l'un l'autre, se passant des livres. Puis au bout de presque une nouvelle heure de travail, Judith poussa un cri de victoire, s'attirant un regard courroucé de la part d'un vieil homme qui passait non loin.

- Je crois que j'ai trouvé! s'exclama-t-elle avec enthousiasme. Il y a un code à exécuter, un code complexe. Mais si on sait ce qui est écrit, la solution est limpide... Si je ne me suis pas trompée, ajouta-t-elle en faisant tourner sa feuille, sur laquelle elle avait finalement écrit au propre le résultat de ses recherches, voilà ce qui y est écrit. Ce doit être une sorte de poème à l'origine, sur la guérison et la régénération. Les noldorins savaient que leur langage était peu connu, donc c'était une bonne manière de s'assurer que des petits curieux ne tombent pas dessus par hasard. Mais dommage pour eux, leur langue ne résiste pas à nous trois! Elle fit un clin d'oeil aux deux autres, souriant jusqu'aux oreilles, avant de leur tendre une deuxième feuille. Donc d'après ce que j'ai déchiffré et d'après ce que vous avez compris, voilà ce qu'il faut faire pour l'ouvrir.

[HRP : Je suis désolé pour l'attente !]

Cela faisait des heures qu’ils travaillaient d'arrache-pied pour décrypter les runes de la boîte. Sautant le repas de milieux de journée sans vraiment s’en rendre compte. Ils étaient absorbés par leur travail. Le guérisseur était excité a mesure qu’il s’approchait de la solution. Son cœur explosa dans sa poitrine quand Judith éleva la voix avec enthousiasme :

- Je crois que j'ai trouvé ! Il y a un code à exécuter, un code complexe. Mais si on sait ce qui est écrit, la solution est limpide...

Volcome lut le poème qui le replongea instantanément en enfance. Durant cette période, il avait été élevé par la favorite de son maître et voyait très peu sa mère. Ils leur était même interdit de se voir. Mais certaines nuits sa mère se faufilait avec l’aide des courtisane jusqu'à la chambre de Volcome et passait la nuit à lui raconter des histoires fabuleuses, sur la magie et des objet mystérieux perdu à travers le monde. Et elle finissait chacune de ses nuits par lui réciter ce poème qui ne rimait pas et avec des vers caducs et non-métrique en lui disant de bien s’en souvenir, qu’un jour il lui serait utile, qu’il se transmettait dans la famille depuis l’aube des temps. Maintenant, il comprenait que ce n’était qu’une version traduite d’un poème qui devait être magnifique dans sa langue d’origine.

Il frissonna et ne put empêcher une larme de couler le long de sa joue.

Il saisit la boîte à deux mains. Et se mit à lire le poème, les instructions qu’ils étaient parvenus à déchiffrer avec l’aide de Judith.


- Quand la douleur est incurable, il faut trouver la lumière.

Le jeune guérisseur mit face à lui la face de la boite où se trouvait la rune correspondant à la lumière.

- une fois face à elle seul le guérisseur peut prendre sa place

Il fit pivoter la bague de runes pour mettre celle du guérisseur a la place de celle de la lumière. Il entendit un petit cliquetis.

-Toutefois, l’eau doit se trouver au nord.

Il fit pivoter la boite pour que la rune de l’eau se retrouve sur la face opposée à lui.

-Et le soleil doit être au centre de la terre.

La rune du soleil était a présent sur le centre de la face droite et les runes décrivant la terre étaient sur toute les face sauf celle de gauche et celle de droite. Volcome fit pression sur la rune du soleil qui entra à l’intérieur de la boite.

-le courage doit regarder les étoiles.

Il tourna la boite de telle sorte que la rune du courage soit tournée vers le ciel.

-Et la peur doit sortir du cœur.

Au centre de la rune du cœur, se trouvait celle de la peur. Elle ressortait a présent légèrement, permettant au jeune homme de la saisir et de la tirer jusqu’à sortir complètement le petit bout de bois de la boite. Un autre cliquetis se fit entendre.

-Mais le secret ne se révèle qu'à ceux capable d’en payer le prix par leur sang.

Volcome reposa la boite sur la table et sortit une petite lame de son sac. Et s’entailla la paume de la main gauche laissant rapidement tomber des gouttes de son sang sur le sommet de la boîte, cette dernière quitta la table pour se mettre en lévitation au niveau de son visage. L’entaille de Volcome se refermait déjà quand les six faces de la boîte se désolidarisèrent pour laisser filtrer une douce lumière dorée. La lumière s’intensifiait peut à peu et semblait comme s’épaissir jusqu'à venir toucher le guérisseur. Quand la lumière toucha la peau du jeune homme se fut comme si elle le reconnaissait, elle s'infiltrerait en lui rendant toutes ses veines d’une jolie couleur dorée, ses iris et ses cheveux devinrent également de cette couleur chaude et lumineuse. Volcome se retrouvait entouré d’un cocon de douceur et de bien-être. Un sourire béa, c’était étiré sur son visage.

Les faces de la boîte s’écartèrent largement, révélant enfin son contenu.

C’était une fiole faite de verre et d’obsidienne noir. Elle faisait environ une quinzaine de centimètres de haute et cinq centimètres de diamètre. Elle contenait un liquide doré luminescent. L’ensemble était vraiment très beau.

Volcome tendit la main pour saisir la fiole. Le contact du verre contre sa peau était agréable comme si le contenue de cette fiole était une extension de lui-même. À ce contact, la boite se volatilisa avec la lumière. Les cheveux et les yeux de volcome reprirent leurs couleurs habituelles. Il était a présent en possession d’une fiole contenant un liquide doré et luminescent. Il n’avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait être. Mais il savait au fond de lui que ça lui appartenais. Non, c’était plus que ça. Se liquide était une partie de lui.

Syarël ne vit pas le temps passer. Après l'explication, trop pauvre pour le féru d'information qu'il était, de l'apparition du Noldorin et de sa disparition de la part de Judith, ils se remirent au boulot. Même avec l'aide très précieuse de l'ange, Syarël n'espérait pas résoudre ce mystère avant des jours. Mais il avait sous-estimé l'être céleste.

-Quand la douleur est incurable, il faut trouver la lumière.
Une fois face à elle seule, le guérisseur peur prendre sa place.
Toutefois, l'eau doit se trouver au nord.
Le courage doit regarder les étoiles.
Et la peur doit sortir du cœur.
Mais le secret ne se révèle qu'à ceux capable d'en payer le prix par le sang.

Le trentenaire en resta bouche-bée. Même si le poème n'était pas beau à entendre, les paroles étaient profondes et dégageaient quelque chose que le mage de vent ne pouvait décrire avec des mots. Il aperçut une larme glissé sur la joue de son compagnon humain.

-Je pense que, commença Syarël en farfouillant dans leurs notes pour trouver les runes qu'ils avaient noté et qu'ils avaient transcrit.

Mais Volcome c'était saisi de la boîte et la manipula. Le trentenaire avait l'impression que la lecture du poème avait ouvert une porte dans son esprit. Le jeune homme parvint à déplacer les runes avec aisance sans même regarder les feuilles de notes pour trouver celle qui correspondait à l'eau ou encore au courage.

L'apogée de ce spectacle irréel fut lorsque la lumière sembla plonger en Volcome. Il voulut faire un geste pour l'aider mais Judith ne bougea pas pour aider l'autre mage, qu'il ne devait pas s'être pris un piège avec l'ouverture de la boîte. Après réflexion, si c'était pour guérir, la lumière douce ne devait pas être dangereuse. Syarël ne pouvait pas détourner les yeux, tellement la lumière l'hypnotisait.

Finalement, ils avaient le contenu de la fiole.

-Comment te sens-tu ? Demanda le mage de vent en se rapprochant.

Il écouta l'humain lui indiquer ses sensations sous la lumière et l'impression que la fiole était à lui, ou plus précisément était lui. Pendant le récit assez court, Syraël avait remarqué tous les curieux de la bibliothèque qui chuchotaient entre eux, ayant interrompu leur travail. Il vit la bibliothécaire venir vers eux une fois le dernier mot de Volcome prononçait.

-Qu'est-ce que c'était que ça ? Interrogea-t-elle en criant tout en chuchotant.

-Un problème dans notre recherche, mentit-il ne sachant pas si la fiole aller attiser les convoitises.

-Les expérimentions magiques se font à l'extérieur de ce bâtiment. Vous rendez-vous compte qu'un faux pas de travers et le contenu millénaire de cette bibliothèque disparaîtrait à jamais.

-Nous allions partir, fit Syarël.

Il s'excusa auprès de la vieille femme et ils quittèrent tous les trois l'enceinte de la bibliothèque en ayant pris avec eux au préalable toutes leurs notes. Le mage de vent avait de multiple questions en tête mais il devait être dans un lieu sûr. Sachant que Judith était un ange et qu'elle venait d'arriver, il demanda à Volcome de les guider chez lui pour qu'ils puissent continuer à réfléchir sur tout ça.

Et peut-être y a-t-il d'autres artefacts perdus...

La bibliothécaire vint vers eux une fois le dernier mot de Volcome prononcé.

-Qu'est-ce que c'était que ça ? Interrogea-t-elle en criant tout en chuchotant.

-Un problème dans notre recherche, mentit le mage. Le guérisseur lui était reconnaissant de l’avoir fait.

-Les expérimentions magiques se font à l'extérieur de ce bâtiment. Vous rendez-vous compte qu'un faux pas de travers et le contenu millénaire de cette bibliothèque disparaîtrait à jamais.

-Nous allions partir, fit Syarël.

Tous les trois se levèrent presque dans un même mouvement. Et se dirigent silencieusement jusqu'à l’extérieur de la bibliothèque. Volcome se sentit d’un coup épuisé. Toutes ses émotions l’avaient vidé. Mais il était heureux d’avoir mis la main sur cet artefact et heureux d’avoir fait la connaissance de nouveaux compagnons.

Il se tourna vers eux.

- Je ne saurais jamais comment vous remercier de m’avoir aidé sans même me connaître.

Il leur adressa son plus beaux sourire avant d’ajouter :

- et je suis désolé qu’on se soit fait mettre à la porte de la bibliothèque par ma faute.

Il chancela légèrement sur ses jambes. Il fouilla dans son sac en ressortit un solide cordon de cuire. Avec les mouvements d’un marin expérimenté, il l’attacha à la fiole puis passa le tout autour de son cou.

Il sortit aussi un bout de papier et une mine de graphite, il écrivit rapidement et déchira le bout de papier en deux. Il tendit une moitié à Syarël et une a Judithe.

- Il faut vraiment que je retourne à les clients et à mes patients. Mais surtout n’hésitez pas à passer mon voir dans ma boutique. Je vous ai noté l’adresse sur ses bouts de papier. Venez quand vous voulez et on essayera d’en savoir plus sur cette fiole et son contenu.


Le guérisseur leur accorda un dernier sourire avant de s’enfoncer dans la foule qui peuplait la grande place. Bientôt, il avait disparu, laissant ses deux acolytes seul sur le parvis de la bibliothèque.